Ténès - Mosquée de Sidi-Bou-Maiza : Patrimoine culturel ancestral

De notre correspondant à Chlef Adil Messaoudi

Elles est considérée comme la deuxième plus vieille mosquée en Algérie après celle de Sidi Okba à Biskra. Construite au IXe siècle pendant le règne de la dynastie idrisside, la mosquée de Sidi-Bou-Maiza, située à Ténès, demeure un repère historique, religieux et culturel et un symbole de l’identité algérienne. Elle se distingue par une architecture qui mêlait les civilisations andalouse et maghrébine. Cet édifice religieux, qui s’apparente à la première mosquée de Médine, a été construite dans un style s’inspirant de la Grande Mosquée de Damas.

Chaire de jurisprudence

Selon l’historien-archéologue algérien Rachid Bourouiba, la mosquée de Sidi-Bou-Maiza a été construite par les Idrissides, un exemplaire maghrébin d’un type créé en Egypte ou en Syrie, et qu’on retrouve aussi dans le plus ancien sanctuaire de Fès (Mosquée de El-Qarawiyyin).
Bien qu’elle ait subi d’importants dégâts et catastrophes naturelles, la mosquée reste une tribune pour apprendre le Saint Coran et fournir des leçons de jurisprudence aux habitants de la région.
En 1954, suite à un séisme qui a frappé la région du Chéliff, la mosquée subit d’importants travaux qui modifient le plan original et le volume initial. En 1980, la mosquée a, une nouvelle fois, été endommagée suite au fameux séisme de El-Asnam. A cet effet, une étude de protection provisoire est menée et une opération de mise en valeur est opérée par l’Agence Nationale d’Archéologie.
Elle est construite en grés, calcaire, tuile, mortier de plâtre, mortier de chaux, brique, pierre de taille antique. Le décor architectural extérieur est dessiné en briques, avec quelques plaques de marbre. Le décor intérieur est fait de carreaux de céramique, de tableaux de bois sculpté et de plâtre sculpté.
Le minaret est situé dans l’angle nord-ouest de la mosquée, il culmine à une hauteur de 15,40 mètres et il est composé de deux niveaux ; le premier niveau représente le tronc du minaret d’une hauteur de 12,60 m le deuxième est le chœur recouvert d’une coupole.
Lorsqu’on pénètre à l’intérieur de cet édifice séculaire, on retrouve accolées à la façade nord une salle d’ablutions et une petite cour dans laquelle se trouve le tombeau qui abrite, selon la légende, le corps du Saint Sidi Maâmer.
En empruntant une petite entrée légèrement en biais, on accède à la salle de prière. Celle-ci ressemble par son style à celle des mosquées de Damas. A l’origine, cette salle était couverte de terrasse, mode de couverture que certains historiens renvoient à l’époque romaine, alors que d’autres y voient une influence plus ou moins directe des mosquées de Ifriqiya en Tunisie.

Architecture florale

Les arcs utilisés dans la mosquée de Ténès sont d’un galbe très pur, en harmonie avec les colonnes à fûts cylindriques coiffées de chapiteaux empruntés dans leur majorité à des monuments romains de la région (styles dorique, ionique et corinthien) et deux types seulement de style musulman (Ziride et Hammadide) appartenant au décor végétal et floral stylisé «feuilles aux œillets». On retrouve également la technique de décor floral incisé et le décor épigraphique ornant des impostes.
La mosquée du vieux Ténès offre le plus ancien exemple de Mihrab sur le plan polygonal à niche octogonale. Ce modèle a été repris pratiquement dans toutes les mosquées médiévales de l’Ouest algérien sous l’influence des grandes mosquées de Kairouan et de Cordoue.
Le Mihrab de Ténès est considéré comme le plus ancien à registre horizontal, orné de deux bandeaux verticaux et présentant trois arcs surhaussés, à l’instar de la Grande Mosquée de Cordoue. Il est également décalé d’une nef vers l’est et est précédé d’une coupole qui émerge du toit avec une calotte écrasée et quatre merlons d’angle. Selon Rachid Bourouiba, ce décalage aurait été volontaire à l’origine dans un souci de respect du type médinois.

A. M.

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