
Entretien réalisé par : Karim Aoudia
El Moudjahid : En votre qualité de doyen des patrons algériens et de président d'une organisation patronale, la CNPA en l'occurrence, comment appréciez-vous le processus de renouveau économique amorcé par le président Tebboune au lendemain de son élection, en décembre 2019?
Mohand Saïd Abdelaziz : Permettez-moi d'abord de mettre en lumière une réalité entièrement renouvelée de la situation économique du pays, aujourd'hui rebâtie sur des bases solides dans ses aspects législatif et organisationnel. Les graines d'une croissance diversifiée sont semées et entretenues par un suivi rigoureux en haut lieu, c'est-à-dire par le président de la République lui-même intransigeant sur une exploitation efficiente du potentiel des ressources dont dispose l'Algérie dont tous les domaines. Incontestablement, la sphère économique du domaine public et particulièrement du secteur privé respire mieux, à la faveur des orientations apportées dans le noyau même des différentes structures de production pour une croissance qui s'émancipe progressivement de la dépendance aux hydrocarbures.
Au cadre législatif réajusté et très incitatifs par ses principes de liberté économique consacrée dans la Constitution de 2020, s'ajoutent d'autres éléments substantiels qui fondent la vision du renouveau, à savoir la réaffirmation des valeurs de moralisation de la vie publique, de défense des intérêts stratégiques du pays et d'attachement à la souveraineté dans la prise de décision. Autre mérite qui peut certifier de l'efficience et du caractère judicieux de la vision du Président et de ses engagements en réponse aux aspiration des opérateurs économiques patriotiques, le fait incontestable en vertu duquel le paysage économique a été assaini de ses prédateurs. Les résultats concrétisés en la matière démontrent en effet de manière irréversible qu'au plan économique, le Président Tebboune a sauvé la maison Algérie. Le pays vit un rythme d'un redéploiement économique de plus en plus soutenu et accéléré impactant positivement l'évolution du taux de croissance, avec une nette amélioration des conditions sociales, plus particulièrement en direction des catégories les plus vulnérables de la population. Le train de la relance est en marche concrétisant dans son sillage de réelles opportunités de création de richesse et d'emploi suivant une stratégie de développement durable homogène équilibrée et parfaitement intégrée à travers le vaste territoire de l'Algérie d'une dimension continentale.
En votre qualité de président de la CNPA, doyenne du patronat, quel sont, selon vous, les principaux acquis de la vision du renouveau ?
Quand bien même il reste encore du chemin à faire pour la consécration des ambitions économiques de l'Algérie nouvelle, l'avènement du Président Tebboune a permis d'amarrer le bateau Algérie à bon port, en mettant un terme à une orientation outrancière des importations au détriment du produit national.
C'est là que réside, à mon sens, la première bataille remportée haut la main par le président de la République au lendemain de son accession à la magistrature suprême. Il était parvenu, en un laps de temps très court, à redresser la barre, non sans assécher les voies de la surfacturation éhontée qui ont ruiné le Trésor public et provoqué un arrêt quasi total de l'appareil de production. J'illustre ici mon propos en citant à titre d'exemple les seuils exorbitants et dépassant tout entendement des volumes des importations en 2014 (plus de 60 milliards de dollars ou encore en 2015 (une cagnotte de 75 milliards de dollars). Des seuils qui étaient ressentis, en leur temps, comme une véritable offense, voire une grave provocation à l'endroit des producteurs honnêtes et loyaux de ce pays. L'autre bataille du changement remportée à l'ère de la nouvelle Algérie a été celle de préserver, voire de consolider la résilience de notre économie durant la pandémie de Covid-19 ayant entraîné des conséquences néfastes sur la production nationale. On peut affirmer à ce propos que l'Algérie s’en est bien sortie en retrouvant ses équilibres économiques, en réactivant graduellement sa machine de production dans des secteurs qui étaient presque à l'arrêt comme celui du bâtiment et du transport. Au sujet de ce créneau d'activité, la CNPA comprend en son sein quelque 1.400 adhérents structurés en unions professionnelles de transport urbain, semi-urbain et inter-wilayas de voyageurs et de marchandises. Ils assurent de ce fait un service d'intérêt et d'utilité publique à travers tout le pays. Cela inclut également le transport de carburant pour l'approvisionnement de plus de 1.000 relais et stations-services dans les 58 wilayas.
Qu'en est-il, selon vous, des exigences et des défis de l'heure qui s'imposent pour pérenniser et mieux optimiser ce redéploiement économique? Existe-t-il encore des contraintes qui persistent ?
La première des exigences à satisfaire dans l'immédiat a trait à cette révolution de changement des mentalités qu'il faudrait mener très vite à tous les niveaux de responsabilité, plus particulièrement au niveau local où il y a une nécessité d'accélérer la mise en œuvre du processus pour le rendre plus perceptible et plus impactant sur le vécu du citoyen. L'autre défi est celui de consolider et de poursuivre les efforts de lutte contre la bureaucratie et ses contraintes diverses dont se plaingnent aujourd'hui encore les opérateurs économiques et qui empêche l'émergence de l'entrepreneuriat très compétitif. La persistance de certaines pratiques bureaucratiques freine, à ce jour, malheureusement, un meilleur développement des secteurs du transport, du commerce, de la distribution, de la chimie, ainsi que celui du bâtiment et des travaux publics. Tous ces secteurs font face à des contraintes d'ordre administratif et réglementaire qui ne favorisent pas leurs relations avec leur clientèle et leurs rapports avec le consommateur de manière générale.
La promotion des start-up et le renforcement du tissu des PME -PMI revêtent une importance primordiale dans la vision du Président Tebboune. Quel est votre avis ?
Sur ce plan, le président de la République a vu juste. En tant que pays, nous faisons face à un déficit énorme en matière de PME -PMI. Nous évaluons le besoin à près de 3 millions de petites et moyennes entreprises qu'il faudrait encore créer dans différents segments d'activité pour atteindre la norme internationale qui est de 25 entreprises pour mille habitants. Pour réussir ce challenge, il est impératif de s'assurer de la maîtrise du savoir-faire qui demeure le principal levier de développement de l'entreprise, plus particulièrement les PME-PMI. A l'évidence, la disponibilité des ressources financières pour mener les investissements nécessaires au bénéfice de la promotion des start-up et des PME PMI a aussi son importance.
K. A.