
Un nouveau projet de loi relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes est transmis au secrétariat du gouvernement, pour examen et adoption. C’est ce qu’a indiqué hier M. Abdelghani Merabet, président du Comité national de prévention et de lutte contre la traite des personnes, une instance placée sous tutelle du Premier ministre et qui est composée de représentants de la présidence de la République, des différents départements ministériels et des services de sécurité.
«Le projet de loi est très bien avancé», a-t-il assuré, dans une déclaration à la presse, lors d’un atelier de formation portant sur le mécanisme d’orientation des victimes de la traite des personnes, un évènement initié hier au CIC d’Alger par ledit Comité, en partenariat avec l’Office de l’ONU de lutte contre la drogue et le crime (Onudc), et l’ambassade des États-Unis. Il explique que les principales dispositions introduites dans ce nouveau texte de loi portent sur un traitement global de tous les aspects afférents à cette forme de criminalité dangereuse, à savoir la poursuite judiciaire des individus incriminés, la prise en charge pluridisciplinaire des victimes, la sensibilisation de la société civile contre ce fléau et la consolidation du partenariat national et international en matière de lutte et de prévention. «En Algérie, le fléau de la traite des personnes est relativement nouveau. Toutefois, sur le plan international, ce crime génère des sommes d’argent colossales. Il est classé en troisième position après le trafic de drogue et celui des armes» a indiqué en outre M. Merabet. Dans son allocution à l’ouverture des travaux de l’atelier, rehaussée par la présence notamment de l’ambassadrice des USA en Algérie, de la représentante régionale de l’Onudc pour la Région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, il a souligné la nécessité de voir la communauté internationale «redoubler d’efforts pour mettre un terme à ses répercussions causées par le crime de la traite des personnes». «Ces répercussions provoquent un nombre alarmant de cas d’esclavagisme moderne ciblant beaucoup plus les femmes et les enfants, victimes de maltraitances diverses, telles que la prostitution, l’abus sexuel et le travail forcé», a-t-il regretté. Et d’ajouter : «La traite des personnes ? Quand bien même cette forme de criminalité, qui constitue une violation indéniable des droits de l’homme, est étrangère à la société algérienne, il n’en demeure pas moins que l’État algérien a inscrit la lutte et la prévention contre ce fléau parmi ses priorités.» Rappelant la ratification par l’Algérie de l’ensemble des conventions et traités internationaux, notamment la convention des Nations unies portant sur la lutte contre le crime organisé transfrontalier, et le Protocole d’interdiction et de répression de la pratique de traite des personnes, M. Merabet a aussi informé que le Comité qu’il dirige a axé son travail sur quatre domaines, à savoir la prévention, le suivi, la protection et le partenariat. Il a expliqué en outre que l’atelier de formation, organisé hier et portant sur le mécanisme d’orientation des victimes de la traite des personnes, «sert de rampe de lancement pour le plan national de trois ans (2022- 2024) qui se décline sur plusieurs axes pluridisciplinaires». Outre l’élaboration des textes d’application de la législation afférente à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes, il est également question de mettre en place des politiques et des programmes de sensibilisation et d’intensification des activités des formations aux profit de l’ensemble des secteurs concernés, a encore ajouté le président du Comité national de lutte et de prévention contre la traite des personnes. Initié en faveur de représentants des différents ministères, notamment des départements de la Justice, de la Santé et de la Solidarité nationale, et des officiers de la police judiciaire des différents corps de sécurité (DGSN, Gendarmerie nationale et Douanes algériennes), cet atelier sera suivi d’autres, notamment au profit des médias et de la société civile. «Nous prévoyons la tenue de plusieurs activités de sensibilisation et de mobilisation des différents acteurs de la société contre le crime de traite des personnes, lesquelles activités que nous envisageons d’organiser dans divers régions du pays, y compris dans les régions frontalière du Sud, à l’instar de Tamanrasset», a informé le même responsable.
Karim Aoudia