
Poursuivant notre ascension douce vers le sommet du village, nous croisons un flux incessant de visiteurs. De grands bus de tourisme, principalement reconnaissables à leurs plaques d'immatriculation européennes (beaucoup d'Italiens, de Français, d'Allemands...), déversent continuellement leur flot de passagers, avides de découvrir ce joyau. Sidi Bou Saïd n'est pas seulement une destination ; c'est une étape incontournable sur les circuits touristiques organisés. La rue principale se transforme en une symphonie multilingue, où se mêlent les accents, les exclamations, les rires et... les pleurs des bébés. Les touristes pullulent littéralement dans les artères étroites, leurs appareils photo et smartphones à la main, à la recherche du souvenir parfait ou du cliché iconique à immortaliser. Anja, graphiste originaire de Stuttgart, Allemagne, se confie : « Je suis sans voix. C’est comme si quelqu'un avait peint la perfection. En Allemagne, nous avons de magnifiques paysages et des villes historiques, mais rien qui ressemble à cette explosion de simplicité et de couleurs. Le concept est si fort : juste du blanc pur et ce bleu incroyable. Mais à l'intérieur de ce cadre, il y a une infinité de détails : les motifs des céramiques, la forme des grilles aux fenêtres, l'ombre des palmiers qui danse sur les murs... La lumière ici est spéciale, elle semble laver le monde de toute impureté. C'est un paradis pour les photographes, mais même l'objectif le plus sophistiqué ne peut capturer le sentiment de paix que l'on ressent en se perdant dans ce labyrinthe. » La « montée des arts », comme on pourrait la surnommer, est une expérience en soi. Le sol, entièrement recouvert de pavés usés par le passage des générations et des millions de visiteurs, donne un caractère authentique, presque intemporel à la promenade.
C'est un chemin qui serpente doucement, offrant à chaque virage une nouvelle perspective sur l'architecture unique du village. Les façades blanchies à la chaux respirent la fraîcheur, contrastant magnifiquement avec ces portes et fenêtres d'un bleu indigo profond, souvent ornées de grilles ouvragées et de motifs étoilés ou lunaires. Chaque porte semble raconter une histoire, invitant l'œil à s'attarder sur les détails. Nous nous sommes engouffrés, comme tant d'autres, dans les petites ruelles adjacentes, explorant notamment la célèbre impasse Touibi. Cet endroit, moins large que la rue principale, offre peut-être une image encore plus concentrée de la beauté de Sidi Bou Saïd, avec ses portes bleues, encadrées de blanc sous un ciel d'azur. C'est ici que les touristes aiment particulièrement poser, cherchant l'angle parfait pour leur photo souvenir. « Je pensais tout connaître de la Méditerranée, de ses villages blancs perchés au-dessus de la mer. Je viens de Sicile, nous avons aussi nos trésors. Mais Sidi Bou Saïd possède une magie différente, une touche d'exotisme et de mystère qui est unique.
C'est la Méditerranée qui aurait rencontré les Mille et Une Nuits. Il y a une élégance, une poésie dans chaque recoin. On pousse une porte bleue et on imagine un patio secret, une fontaine, des parfums d'encens et de fleur d'oranger. C'est un lieu incroyablement romantique, presque hors du temps. Le soir, lorsque les lumières s'allument et que la brise marine se lève, l'atmosphère devient féerique», nous a confié Sofia, architecte originaire de Sicile (Italie).
M. M.