Entre culture et gastronomie de rue : quand les papilles dansent de plaisir

Au détour d'une ruelle, une pause culturelle s'impose à Dar Ennabi, une sorte de musée des habitudes et traditions locales. C'est une immersion dans l'intimité d'une maison traditionnelle, permettant de mieux comprendre le mode de vie, les coutumes et l'histoire de cette région. Un contraste saisissant avec l'effervescence extérieure, offrant un moment de quiétude et de contemplation. Mais l'expérience sensorielle ne s'arrête pas là.

L'odeur sucrée et tentante des beignets frits, appelés ici «bambalouni» ou simplement beignets, flotte dans l'air. Ces délices chauds, saupoudrés de sucre, sont une tentation permanente. Les petits stands proposant cette gourmandise ne désemplissent pas, offrant une pause sucrée bien méritée sous la chaleur accablante.
Car oui, il faut le souligner, la chaleur était étouffante ce jour-là. Le soleil de plomb tapait sans relâche sur les têtes. Malgré cela, l'énergie du lieu ne faiblissait pas. Et pour ponctuer cette ambiance vibrante, le chant lancinant des cigales perçait le brouhaha des conversations et des appels des commerçants. Un son strident, omniprésent, comme si la nature elle-même nous rappelait avec insistance que l'été, malgré les signes annonciateurs de l'automne, était encore bien là, dans toute sa puissance. Cependant, pour la grande majorité des familles algériennes, les destinations comme Sidi Bou Saïd ne sont qu'une parenthèse culturelle dans un séjour résolument tourné vers la mer. Le véritable attrait, celui qui justifie le voyage, réside dans la promesse d'un repos sans contraintes, les pieds dans l'eau. C'est le plaisir simple d'un séjour en formule tout compris, où les seules préoccupations sont le choix du transat et l'heure des animations du soir.
Le touriste algérien en Tunisie est avant tout un amoureux de la Méditerranée, un hédoniste qui privilégie la convivialité des stations balnéaires et la joie simple des plaisirs de la plage, transformant, chaque été, le littoral tunisien en une formidable et chaleureuse enclave de fraternité algérienne. Parmi les algériens rencontrés sur place, Khaled, ingénieur originaire de Constantine (Algérie) : «Vous savez, en tant qu'Algérien, on vient souvent en Tunisie pour la famille, pour les plages de Sousse ou Djerba. Mais Sidi Bou Saïd, c'est autre chose. C'est une visite pour le cœur. En marchant ici, je ne me sens pas comme un simple touriste, j'ai l'impression de marcher dans une partie de ma propre histoire. L'architecture, l'atmosphère, ce mélange parfait entre la culture arabo-musulmane et l'influence andalouse, c'est notre héritage commun. Quand je vois la perfection de ce village, la propreté, le respect pour chaque détail, je suis rempli d'une immense fierté. C'est une fierté maghrébine. Boire un thé aux pignons au café des Nattes en regardant la mer, c'est comme dialoguer avec nos ancêtres. Ce n'est pas seulement beau, c'est inspirant. Ça nous rappelle la richesse de notre culture et la nécessité de la préserver avec autant d'amour.» Pour nous, journalistes algériens, cette visite de Sidi Bou Saïd fut plus qu'une simple découverte touristique. C'était un regard posé sur un site emblématique de notre pays frère, un lieu qui, malgré sa forte orientation commerciale et son statut d'attraction mondiale, garde une âme indéniable. Ses couleurs, son architecture, son ambiance, son histoire résonnent avec une familiarité méditerranéenne qui nous est chère. Malgré la foule, les prix parfois dissuasifs et la chaleur accablante, Sidi Bou Saïd envoûte. C'est un village qui a su capitaliser sur sa beauté unique pour devenir un moteur touristique majeur pour la Tunisie, attirant des visiteurs des quatre coins du globe. Et pour nous, Algériens, c'est aussi un rappel de la richesse partagée de notre patrimoine méditerranéen, un pont de beauté jeté entre nos deux rives. Quitter Sidi Bou Saïd, c'est un peu comme se réveiller d'un beau rêve, avec le bleu de la Méditerranée et le blanc de la sérénité encore imprimés sur les paupières. Un rêve auquel on se promet, toujours, de revenir.

M. M.

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