
Du 22 au 26 juillet, le Théâtre régional Abdelkader-Alloula d’Oran accueillera la 16e édition du Festival de la chanson et de la musique oranaises (FCMO). L’événement, devenu un rendez-vous emblématique de la scène artistique nationale, réunit chaque année de jeunes talents, de grands artistes, un public passionné et rend hommage à des figures historiques.
Entre transmission du patrimoine et émulation artistique, Oran fait vibrer l’âme musicale de l’Ouest algérien. La chanson oranaise plonge ses racines dans un riche métissage culturel. Dès le début du XXe siècle, la ville d’Oran devient un pôle de création artistique. Sur la grande place appelée alors «ville nouTelle» et «place du Docteur Roux» dans sa partie arabe, se retrouvent poètes, musiciens et orchestres.
Les jeunes des années 1930 cherchent à se libérer des carcans traditionnels en fusionnant instruments orientaux et occidentaux. La ville, alors mosaïque de cultures - Arabes, Espagnols, Français et autres devient le terreau d’un style hybride, unique. Dans les quartiers comme Sidi El Houari ou le Derb, la musique se nourrit des traditions andalouses, rurales (bédoui) et autres influences. Des figures comme Reinette l’Oranaise, Saoud l’Oranais, ou Cheikha Telma émergent, tandis que les cheikhs du melhoun comme Mustapha Ben Brahim ou Znagui Bouhafs posent les fondations d’une poésie chantée populaire.
Le raï, dans sa forme contemporaine, commence à se forger dans les années 1960 avec Belamou Messaoud et Belkacem Bouteldja. Dès 1964, leur musique gagne en popularité. Puis, dans les années 1970, l’arrivée des synthétiseurs et claviers marque la naissance du raï moderne. Inspiré de la pop, du jazz ou du blues, ce courant est porté par une nouvelle génération d’artistes : les cheb (jeunes), dont Cheb Mami et d’autres noms deviendront plus tard les figures emblématiques. Malgré les pressions liées au contexte politique et social ayant marqué la période allant des années 1980 jusqu’au début des années 1990, le raï continue de briller, notamment grâce à son succès en France. En 1982, Cheb Mami, alors âgé de 16 ans, interprète la chanson El Marsam, un poème de Cheikh El Miloud datant de 1930. Ce titre marque un tournant dans la reconnaissance du raï à la Télévision nationale, souligne un travail de recherche sur le sujet réalisé conjointement par Noré Mekheissi et Mohamed Djelata.
A. S.