Nadia Gani et Madjid Guemroud exposent à la galerie Racim : L’humanité comme credo

De visu, à la galerie Racim, c'est un duo d'artistes au talent avéré et à la fibre artistique certaine, mais leurs ressentis et émotions diffèrent. L'un plus introverti et plus mélancolique, l'autre allègre et enjoué.

A travers leurs oeuvres respectives sur les cimaises de la galerie Racim, la plasticienne Nadia Gani explore son âme et ses émotions profondes, tandis que Madjid Guemroud est très réceptif à l’environnement, et ne peut taire sa joie face à cette Méditerranée ni à cette luminosité et lumière qui baigne dans El Bahdja. Ayant un parcours cahotique et une enfance tourmentée, l'artiste Nadia exprime ses ressentis avec une certaine amertume au regard d'un viatique mortifère. Cette affliction qui se lit dans son oeuvre témoigne d'une souffrance engrangée au fil du temps, qui veut exploser comme pour dire «j'ai réussi à m'en sortir». Cette angoisse, ce désespoir semblent avoir pris la clé des champs. De ces portraits, quelques peu sombres, de ces visages dans l'expectative, de ces regards inquisiteurs, il y a au fond, cette lueur d'espoir d'un avenir meilleur. De cet univers plein de détresse et de souffrance, Nadia a su en faire un terreau fertile pour sa peinture. «C'est mon histoire, ma vie, Lorsque je me sens bien, je fais des toiles plus colorées et parfois d'autres plus sombres», dit elle. Comme matériaux, l'acrylique, pastel et collage donnent une grande richesse et une forte intensité à sa palette opulente et nuancée. Son intense créativité et sa sensibilité à fleur de peau se conjuguent parfaitement pour délivrer ses sentiments qui transparaissent vivement. Pour sa part, Madjid Guemroud semble croquer la vie à plein dents. Sa peinture est solaire, guillerette et chatoyante à son image. Volubile à souhait, il parle de sa peinture comme d'un sacerdoce. Du vert, rouge, jaune, mauve, bleu, beige, marron rose, etc, des tons lumineux qui égayent ses compositions. Son style est le dessin; Madjid n'apprécie pas d'être cantoné dans une case, «je refuse de me classer dans un courant; car par la suite, on est décalé. Je suis un artiste-peintre algérien qui peind ce que je vis et ressens», déclare- t-il et d'ajouter «je travaille librement dans la technique des contrastes des couleurs. C'est une composition dynamique». Indubitablemnt, la peinture de Madjid Guemroud est joviale, et radieuse; ses silhouettes et ses formes aux tons chamarrées apportent cette note de gaieté dont il se réclame. Optimiste à volonté, le plasticien préconise l'humanité. A ce sujet, il confie : «L'artiste doit créer des passserelles et des dialogues avec d'autres au regard de l'humanité». Ce mot-clé transparait dans toute son oeuvre dont la résonance s'allie avec la bonté et la générosité. Si les tableaux de Nadia sombres et tristes, la cinquantaine de toiles anciennes et nouvelles de Madjid interpellent la vie dans toute sa beauté et ampleur. Deux artistes, deux univers divers, mais la même sensibilité et le même dialogue, celui du coeur et de l'humanité. Notons que ce duo d'artistes est enseignant de dessin dans un collège. Cette belle et intéressante exposition dont le vernissage est prévu le 07 juillet et se tient jusqu'au 15 juillet à la galerie Racim.

K.A.

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