
Avec ses longs cheveux noirs de jais, sa volubile faconde et sa grande culture, Etsebée Romero discourt à l'envie lors de l'inauguration de l’installation de la roulade mudéjar d'Algérie. Ce projet puise son substrat de l'art mudejar issu lors de la reconquista, qui englobe aussi bien la culture musulmane que chrétienne. A l'entame de cette manifestation, la talentueuse plasticienne a évoqué la participation et la réceptivité des élèves algériens des Beaux-Arts à ce projet. Très enclins, ils ont orné une vingtaine des pneus de motocyclettes avec des motifs mudéjar issus des cultures musulmane et chrétienne. A l'évidence, Mme Romero relie cette installation à des thématiques d'actualité dans ce monde d'anarchie et de violence notamment la migration, le recyclage, la mobilité, le métissage, le consumérisme et l'art populaire. Dans ce mini entretien, elle évoque cette expérience fructueuse qui relie le Mexique à l’Algérie, en axant sur le langage universel de l'art qui transcende les frontières, les cultures en unifiant les peuples.
El Moudjahid : Peut-on savoir comment s'est déroulée cette expérience ?
Etsebée Romero : Ce projet est un dialogue, un regard, un lien entre deux pays l'Algérie et le Mexique. C'est aussi une situation à ce que l'on vit actuellement dans un monde de violence et d'intolérance. Ces pneus forment un cercle qui est l'œil de tous les yeux des élèves, donc un projet collectif, car l'art n'est pas un langage individuel, mais une réalité et une culture collectives. Le cercle formé par les pneus est cet œil atavique et pour nous Mexicains, on parle de cycle. Durant les deux jours fériés, 18 étudiants de cursus divers, notamment première et seconde année et de maîtrise ont décoré chacun à sa manière ces pneus avec un design mudéjar inspiré de la culture islamique combiné avec le gothique. Pour ce faire, à l'intérieur du pneu, une toile de lien sert de support aux multiples motifs et chaque élève à utilisé sa propre palette de couleurs.
Pourquoi avoir opté pour l'art mudéjar pour ce projet ?
Au Mexique, l'art mudejar venait du monde arabe, aussi, j'ai étudié l'Alhambra et la mosquée de Cordoue qui sont une preuve du métissage de l’art. Ce métissage a donné de merveilleux résultats . Dans le mudéjar la géométrie des différentes formes puise dans la lumière qui est codifiée par Dieu.
K. A.