Traitement en oncologie : Installation d’un réseau national de pharmacovigilance

Ph. Louiza M.
Ph. Louiza M.

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a procédé, jeudi, à l’installation du Réseau national de pharmacovigilance dans le domaine de la cancérologie.

S’exprimant à l’ouverture d’une journée de formation en pharmacovigilance et matériovigilance organisée conjointement par la Société algérienne de formation et de recherche en oncologie (SAFRO) et le Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPM), il a mis l’accent sur l’intérêt de l’installation du Réseau national de pharmacovigilance. «Le réseau vise à inciter et à sensibiliser les praticiens sur l’importance de la déclaration des différents effets indésirables liés aux traitements chimiques pour une utilisation plus sécurisée des médicaments». Il a, dans ce contexte, relevé l’importance d’une coordination entre les services hospitaliers au niveau national. «Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie du ministère visant à encourager ce genre d’actions, notamment en matière d’utilisation sécurisée des médicaments afin de préserver la santé de nos malades. Il s’agit aussi d’encourager l’utilisation des médicaments génériques produits localement ou importés, à la condition qu’ils obéissent aux normes de qualité et de sécurité», a-t-il ajouté.
De son côté, le Pr Adda Bounedjar, président de la SAFRO, a relevé la nécessité de déclarer et de signaler les effets indésirables ou autres problèmes liés aux médicaments. «Il existe aujourd’hui une panoplie de médicaments destinés au traitement des cancers, qu’ils soient des princeps, des génériques ou des médicaments biosimilaires», raison qui a poussé la SAFRO à créer le Réseau national de pharmacovigilance. «Le Réseau est composé de 30 médecins de différents établissements hospitaliers au niveau national qui seront chargés de la déclaration des cas d’effets secondaires liés à l’utilisation des médicaments dans le domaine de l’oncologie, une première, et ce grâce au travail de coordination entre les médecins des différents services en collaboration avec le Centre national de pharmacovigilance.

Quatre médicaments retirés du marché

A ce propos, le chef de service oncologie médicale du centre anti- cancéreux de Blida a annoncé la création d’une plate-forme pour le signalement d’éventuels effets indésirables liés au traitement des cancers et s’est félicité de la nouvelle stratégie de l’Algérie visant à encourager la production locale dans le domaine de l’industrie pharmaceutique et l’importation des médicaments génériques.
«Nous n’avons aucun complexe à utiliser les produits et les médicaments génériques ou les biosimilaires, qu’ils soient produits localement ou importés, à condition qu’ils remplissent les critères d’efficacité et de tolérance». Le spécialiste a mis en évidence la formation des médecins dans le domaine de la pharmacovigilance pour l’optimisation thérapeutique et la prise en charge des malades atteints de cancer, faisant part d’un manque dans le cursus de formation sur les modalités d’une déclaration des effets secondaires liés aux traitements. Dans le cas où un effet secondaire qui n’est pas habituel et qui n’existe pas sur la notice du médicament est signalé, une enquête sera lancée pour vérification et un retrait éventuel du médicament à la Pharmacie centrale des hôpitaux et au niveau des officines. Le président de la SAFRO a indiqué que quatre médicaments ont été retirés du marché grâce à la déclaration des médecins sur leurs effets indésirables. «Cela reste insuffisant, du fait que la pharmacovigilance est en constant développement dans le monde entier, et il est essentiel de se mettre au diapason pour préserver la santé des malades». La directrice générale du CNPM, le Pr Nadjet Loumi-Mededjel, a quant à elle relevé l’importance de la formation des praticiens dans la pharmacovigilance en oncologie. «La déclaration est obligatoire, selon l’article 77 de la loi sanitaire, et il est nécessaire de redonner une certaine volonté aux professionnels de la santé pour signaler tout effet indésirable des médicaments», dira-t-elle.
Pour sa part, le Pr Asmaa Kerboua, oncologue médicale au CNPM, fait part de l’existence d’une démarche de gradation des effets indésirables liés aux médicaments allant de 1 à 5, ce dernier grade entraînant le décès. «Dans nos pratiques quotidiennes, les grades les plus constatés sont 3 et 4 , nous devons quel que soit l’effet secondaire, transmettre l’information au Centre de pharmacovigilance, dans le but d’avoir un maximum de données sur les traitements et leurs effets suite à leur utilisation de manière plus large après leur mise sur le marché». Selon l’oncologue, le but de la pharmacovigilance est d’éviter les effets indésirables les plus graves qui peuvent entraîner le décès du malade, deux cas de décès ayant été déplorés. «Il est inacceptable qu’un patient meurt à cause des effets secondaires des médicaments».
Sur un autre plan, le directeur général de l’Institut Pasteur d’Alger, Fawzi Derrar, a annoncé l’arrivée de nouveaux lots de vaccins Spoutnik V conformément à l’accord conclu avec le partenaire russe. «Nous espérons atteindre 1 million de doses à la fin de ce mois», et de révéler que «grâce au séquençage, de nouveaux cas de variants ont été détectés avec huit cas confirmés».
Kamelia Hadjib

Sur le même thème

Multimedia