Sécurité alimentaire et hydrique : L’Algérie opte pour une stratégie globale

Par : MUSTAPHA LAOUER

L’Algérie a opté pour une stratégie fiable pour assurer la sécurité hydrique. Consciente de l’urgence et de l’obligation de rattraper le retard cumulé, l’Algérie s’est engagée dans un processus d’investissement et d’exploitation de toutes les potentialités disponibles, afin d’assurer sa sécurité hydrique, pour augmenter l’offre et les réserves en ressources en eau et améliorer l’accès des populations à l’eau potable.

Cette stratégie s’est traduite par l’intérêt que porte le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à ce secteur en accordant des budgets importants aux ressources en eau pour réaliser des projets d’’alimentation en eau potable et, entre autres, les eaux d’irrigation. Ceci dit, la sécurité hydrique et la sécurité alimentaire vont de paire pour la vie des populations.
La sécurité alimentaire en Algérie est confrontée à une croissance démographique incontrôlée et galopante, aux perturbations multiples du secteur de l’agriculture et aux faibles réserves des ressources hydriques. Des études ont été faites pour permettre à l’Algérie d’améliorer davantage ses capacités existantes en eau et lancer de nouveaux projets d’investissement en ressources en eau à travers les différents programmes d’investissement dans les grands chantiers des ressources en eau afin de garantir un développement durable en se basant sur l'utilisation rationnelle avec la construction de barrages, des stations de dessalement de l’eau de mer et des usines de traitement des eaux usées destinés à l’irrigation.
Dans cette vision, l’Algérie essaye de réduire la dépendance en matière de sécurité alimentaire en mobilisant toutes les ressources afin d'insuffler un nouvel élan au développement du secteur de l'hydraulique au vu des défis majeurs auxquels il fait face, notamment la réalisation de la sécurité hydrique à l'ombre des changements climatiques. S’exprimant au cours des travaux de la conférence scientifique organisée à l’école supérieure de biotechnologie à Constantine, en mai dernier, sous le thème «La sécurité alimentaire dans le monde arabe», M. Kettab, expert et membre fondateur du conseil arabe de l’eau, a indiqué que le problème de l’eau touche les pays arabes, d’où l’importance, selon lui, de recourir à la solution de dessalement des eaux pour répondre aux besoins exprimés en la matière.
Concernant l’Algérie, le même expert a souligné que 17% de la population était alimentée en 2022 par les eaux dessalées. En 2024, c’est 40% de la population qui sera alimentée par les eaux dessalées, alors qu’en 2030, le taux de la population qui sera approvisionnée par les eaux dessalées sera de l’ordre de 60%. Saluant les efforts réalisés par l’Algérie en matière de dessalement des eaux de mer pour lutter contre le stress hydrique affectant la sécurité alimentaire, il a préconisé d'aller vers des stratégies «palliatives», comme l’exploitation des eaux souterraines du nord et du sud du pays tout en faisant l’état d’un déficit flagrant en matière d’utilisation des eaux usées qui pourraient faire gagner au pays des volumes d’eau qui seront utilisées dans l’irrigation notamment.

Une attention particulière du président de la république

à l'occasion de la célébration du 61e anniversaire de la fête de l'indépendance et de la jeunesse, le Président Tebboune, qui a procédé à la pose de la première pierre de deux grands projets de stations de dessalement d'eau de mer à Cap Djinet (Boumerdès) et à Fouka (Tipaza), ayant chacune une capacité de production de 300.000 m3/j. a souligné que «la sécheresse qui nous frappe de plein fouet prouve que les projets de dessalement d'eau de mer sont intervenus à point nommé».
Ces deux projets s'inscrivent dans le cadre d’un plan de développement lancé par le Président de la république pour la période 2022-2024, et qui prévoit la réalisation de 5 stations de dessalement dans les wilayas d'Oran, de Béjaïa, d'El Tarf, de Boumerdès et de Tipaza, d'une capacité globale de 1,5 million m3 par/jour, soit une capacité de production de 300.000 m3 /j par station.
Le président Tebboune a salué les efforts consentis par les cadres algériens, affirmant que «les réalisations de Sonatrach sont source de fierté pour l’Algérie, au même titre que celles de Sonelgaz dont les cadres ont œuvré à fournir l’énergie électrique nécessaire à la mise en service des stations de dessalement», appelant à «une mobilisation nationale» pour économiser les ressources en eau dans le pays, notamment à travers la valorisation des eaux usées.
En ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable des populations, le président Tebboune a souligné, lors de la dernière rencontre périodique avec les représentants des médias nationaux, que «la production de l'eau en Algérie» atteindra, après l'achèvement de la réalisation des stations de dessalement programmées, l'équivalent de 1,4 milliard m3 ». Ces stations de dessalement, qui sont implantées le long du littoral de 1.200 km, pourrait produire chacune d’elle 300.000 m3 /jour», ajoutant que l'Algérie devient, de ce fait, «le premier pays africain et le troisième pays arabe à produire de l'eau en utilisant la technique de dessalement d'eau de mer». «Pour ce qui est des régions du Sud, il est question de développer et d’exploiter les eaux souterraines pour l’agriculture.
De même, l’utilisation des eaux traitées à partir des eaux usées, et dont son utilisation ne dépasse guère les 10% de la capacité traitée, doit faire l’objet d’une étude minutieuse pour l’orienter vers les besoins en agriculture et l’industrie», devait ajouter M. Tebboune. L’objectif de la stratégie étudiée et planifiée par l’Algérie est de renforcer les ressources en eau disponibles, avec environ 17,2 milliards de m³, à savoir 12 milliards de m ³ pour le volume des ressources en eau de surface dans le nord et 5,2 milliards de m³ représentant des ressources en eau dans les zones désertiques.
L’Algérie nouvelle accorde une grande importance à la construction des barrages en raison de son importance stratégique et l'impact sur l'économie nationale, notamment pour les secteurs de la pêche et l’agriculture. Selon certaines études effectuées par des experts en hydraulique, l’exploitation rationnelle des barrages dépend de la pluviométrie annuelle et de l’entretien.
La boue cumulée dans les fonds constitue un véritable défi. Des barrages ont vu leur capacité de remplissage diminuer à cause de la boue (turbidité).

Le nombre d’usines de dessalement d’eau de mer sera porté à 19

La technologie de dessalement d’eau de mer est considérée comme une méthode importante de cette industrie mondiale de l’or bleu, même si le coût de réalisation des stations s’avère très cher. En Algérie, le dessalement d'eau de mer a contribué efficacement à l’amélioration de l’accès à l’eau surtout dans les zones urbaines. Pour réduire les coûts de réalisation des stations de dessalement qui seront implantées le long du littoral, Algerian Energy Company (AEC), filiale du groupe Sonatrach, réalisera, avec une main-d’œuvre nationale les chantiers en cours. Selon son directeur de développement, M. Zamiche, «le nombre d’usines de dessalement d’eau de mer en Algérie sera porté à 19 à l’horizon 2024», expliquant qu’«au titre du premier programme, 11 usines de dessalement ont été réalisées sur la bande côtière, avec une capacité de production de 2,11 millions de mètres cubes par jour». Dans le cadre du plan d’urgence, 3 usines de dessalement d’une capacité de production de 70.000 mètres cubes par jour ont été réalisées, a indiqué M. Zamiche; il s’agit des deux usines de Bateau Cassé et El Mersa (wilaya d’Alger) qui ont été réceptionnées, et de celle de Corso (wilaya de Boumerdès) mise en service en septembre 2023 avec une production de 80.000 mètres cubes supplémentaires. Concernant le programme complémentaire en cours d’exécution, le même responsable a indiqué que 5 stations supplémentaires sont en cours de réalisation dans les wilayas d’El Tarf, Béjaia, Boumerdès, Tipaza et Oran, ce qui assurera la production de 1,5 million de mètres cubes par jour à l’horizon 2024. Au titre du programme complémentaire, le dessalement d’eau de mer représentera 42% de l’approvisionnement en eau potable, et ce pourcentage atteindra 60% à moyen terme, pour atteindre la sécurité hydrique en Algérie, avant de passer à la sécurité alimentaire par l’utilisation optimale des barrages et des eaux souterraines. Ainsi, la stratégie de l’État mise en œuvre pour assurer l’accès à l'eau potable à travers le dessalement d'eau de mer, dans le cadre du programme initié par le président de la république, M. Abdelmadjid Tebboune, a permis de sécuriser les approvisionnements et de se fixer de nouveaux objectifs et défis, notamment en matière de valorisation des eaux usées, et ce, grâce à l'engagement des cadres algériens à relever le défi face au stress hydrique.

M. L.

Sur le même thème

Multimedia