Résorption de la crise de l’oxygène : Les hôpitaux respirent

La crise de l’oxygène, qui a duré quelques semaines, est en passe d’être réglée, grâce à la stratégie adoptée par le gouvernement. Cette crise, qui a provoqué plusieurs décès parmi les malades en détresse respiratoire, a été provoquée par l’augmentation de la demande sur le produit, à cause de la multiplication des cas de coronavirus pendant la troisième vague. Les usines qui approvisionnaient normalement le marché national se sont retrouvées avec une demande inhabituelle. Les responsables des hôpitaux, eux aussi sous pression, appelaient de toutes parts. La faiblesse des capacités de stockage du fait de la non-préparation des structures hospitalières a fait le reste.
Ce problème sans précédent, même après l’apparition de la pandémie, a amené les autorités concernées à rassurer, d’abord, l’opinion publique, en luttant contre la désinformation et en régulant la distribution du produit. En effet, beaucoup de malades ont été emportés par des complications autres que le manque d’oxygène, comme on a tenté de le faire accroire. Cela ne veut pas dire que des gens ne sont pas morts à cause de ce facteur. La pression sur le produit a été telle qu’elle a conduit à une injustice dans la distribution, puisque cette dernière dépendait de la demande exprimée et non des besoins réels. Des parties qui n’étaient pas autorisées à s’occuper de cette tâche ont voulu accaparer le dossier qui est devenu un problème d’ordre public, n’était l’intervention des pouvoirs publics. Passés ces jours de flottement où il fallait gérer l’urgence, les pouvoirs publics ont pu assoir une stratégie nationale de distribution du produit.
Le premier axe de cette stratégie annoncée par le gouvernement a consisté en l’augmentation des capacités nationales de production. L’Algérie dispose, rappelons-le, de 5 unités de fabrication, notamment pour l’oxygène utilisé dans le domaine médical. L’une d’elles, la société Linde Gaz Algérie en l’occurrence, a annoncé, dimanche dans un communiqué, l'augmentation de 33% de sa production globale d'oxygène, depuis le mois de juillet, afin de répondre à la forte demande des établissements sanitaires.
Linde Gaz a mobilisé la totalité de ses moyens humains et matériels afin de répondre à la demande. L'entreprise a annoncé également participer, en collaboration avec d'autres opérateurs économiques activant dans le domaine du gaz industriel, dans le cadre d'une opération de don, à la livraison de130.000 litres d'oxygène aux établissements hospitaliers à travers le territoire national. Cette augmentation passe aussi par l’entrée en production de nouvelles unités qui devront renforcer le tissu industriel, à l’image de l’usine RayanOx, implantée à Béthioua, à l’est d’Oran. Cette unité a été mise en service le 25 août dernier par le ministre de l’Industrie et le ministre de l’Industrie pharmaceutique, après avoir rencontré des problèmes techniques pour son démarrage, et peut produire jusqu’à 100.000 litres/jour.
Elle est censée régler une fois pour toutes les pénuries d’oxygène, dans la wilaya d’Oran et la région ouest du pays, selon des responsables locaux. Le second axe de cette stratégie repose sur l’augmentation des capacités de stockage des hôpitaux. Cette question s’est révélée pertinente, lors de la crise, la plupart des établissements n’ayant pas les moyens nécessaires pour stocker les produits et assurer les besoins des différents services. Ils dépendaient des camions qui ramenaient le produit lesquels pouvaient tomber en panne, mettant en péril la vie des malades. Des hôpitaux devaient s’approvisionner quotidiennement faute d’aires de stockage nécessaires. Cela a amené leurs responsables à prévoir la réalisation d’aires de stockage pour assurer la réception de quantités plus importantes. Le troisième axe, sans doute le plus remarquable, est la dotation des différentes structures hospitalières de générateurs d’oxygène. Même s’il n’exclut pas le développement des aires de stockage et la réalisation d’unités de production, seul cet élément peut assurer une autonomie en oxygène.

Un formidable élan de solidarité

Ces stations peuvent même être branchées directement aux malades permettant de sauver des vies. Un programme national a été mis en œuvre pour équiper tous les hôpitaux de ce genre de moyens adopté par les citoyens qui ont contribué activement à sa concrétisation. Cela a permis de gagner du temps et, partant, d’ atténuer les souffrances des malades.
Il n’y a pas un jour sans que l’on annonce la mise en service d’une station de ce type au profit de tel ou tel hôpital. Hier, une station d’une capacité de 16 m3 pouvant alimenter 19 malades en même temps a été réceptionnée dans la wilaya de Bordj Bou- Arréridj à l’hôpital de Mansourah, grâce aux efforts de la commission locale de solidarité. Cette commission composée d’opérateurs économiques de la région a prévu d’équiper tous les hôpitaux de la wilaya en générateurs d’oxygène. Cette solidarité agissante n’a pas manqué de réchauffer le cœur en ces temps de crise sanitaire. Les opérateurs ne sont pas les seuls à participer à ce mouvement, les associations locales ou nationales, les particuliers et même de simples citoyens avec de maigres revenus ont répondu présents à cet élan, comme ils l’ont fait lors des incendies de forêt ou des séismes. Le peuple algérien a montré qu’il restait uni et fort, à l’occasion des épreuves. Cette manifestation de solidarité a permis de réaliser sur le terrain un autre axe du programme du gouvernement pour régler la question de l’oxygène, à savoir l’hospitalisation à domicile, grâce aux concentrateurs. Ces équipements personnalisés offrent la possibilité d’assister les malades en détresse respiratoire en restant chez eux. Bien sûr, leurs cas ne sont pas graves, mais sans respiration artificielle, cela peut se compliquer. La prise en charge à domicile diminue la pression sur les structures hospitalières. Là aussi, les Algériens se sont démenés pour les acquérir. Dans toutes les wilayas, les gens se sont organisés pour payer ces équipements qui peuvent donner une chance de guérison à des milliers de malades. À titre d’exemple, les hôpitaux de Naâma ont été dotés de 20 concentrateurs d’oxygène, dans le cadre d’une initiative visant à faire face à la pandémie dans le cadre d’un projet de coopération entre l’association nationale Djazaïr El-Kheir et des associations de la communauté algérienne établie en France. Les concentrateurs, d’une capacité de 10 litres, ont été mis à la disposition des hôpitaux Mohamed-Kadri de Naâma, Mohamed- Boudiaf d’Aïn Sefra et Frères Chenafa de Mecheria. Les services de la wilaya ont souligné que grâce à la mobilisation des collectivités locales et des bienfaiteurs, 60 concentrateurs ont été fournis aux structures sanitaires. À Mascara, le comité de wilaya de du Croissant-Rouge algérien a distribué, jeudi, 100 concentrateurs à six hôpitaux équipés de deux sorties, simultanément pour deux malades, les équipements ont été remis aux hôpitaux de Mohammadia, de Ghriss, de Tighennif, d'Oued El-Abtal et aux hôpitaux Yessaâd-Khaled et Meslem-Tayeb de Mascara. Le directeur de wilaya de la santé et de la population, Amri Mohamed, dit que 150 concentrateurs, dont 15 sont des dons de bienfaiteurs, sont exploités dans les hôpitaux, ce qui permet d’améliorer la prise en charge des malades et des personnes atteintes de la Covid-19.
Tous ces arrivages mis en service au fur et à mesure ont permis d’atténuer la crise qui n’a pas touché seulement les appareils respiratoires des malades, mais aussi tout le système de santé national soumis à une des épreuves les plus difficiles de son parcours. Pendant des semaines, rappelons-le, le nombre des patients atteints par le Coronavirus a augmenté. L’oxygène, utilisé uniquement dans certains cas, est devenu le centre de tous les intérêts et sur toutes les lèvres, tant les familles ont été touchées. Heureusement que la vaccination est passée par là et les stations acquises ont permis une diminution constante des cas. Cela n’a pas empêché le gouvernement de tirer les leçons de ce s’est passé, en mettant en place les outils qui devront permettre d’éviter qu’une crise pareille ne se reproduise.
Fouad Daoud

Sur le même thème

Multimedia