
Il n’aura pas fallu beaucoup de temps au ministère des Affaires étrangères pour prendre en charge les objectifs fixés par le Président Tebboune à l’appareil diplomatique, dans la cadre de la politique de relance de l’économie. Il est vrai aussi que la diminution des ressources tirées des hydrocarbures, la fluctuation des prix du baril sur les marchés et la réduction de la production de pétrole et de gaz sont autant de raisons qui ont poussé les pouvoirs publics à réfléchir à une nouvelle politique économique axée sur les exportations. Pour ce faire, l’appareil diplomatique se devait de se mettre au diapason en changeant son fusil d’épaule. Ce qu’il n’a pas tardé à faire.
La création d’une nouvelle Direction au sein du ministère des Affaires étrangères consacrée à la promotion et au soutien aux échanges économiques et l’ouverture, au sein même du département, d’un Bureau d’information et de promotion des investissements et des exportations sont les premiers pas de la dynamique en cours. A cela s’ajoute, une spécialisation des diplomates qui vont prochainement rejoindre leur poste dans nos représentations diplomatiques et consulaires. Désormais outillés, ils ont la mission d’être les interfaces des opérateurs économiques algériens désireux d’exporter leurs produits vers les marchés extérieurs. Ainsi dorénavant, un opérateur peut s’adresser au Bureau et ce dernier est tenu de mettre à sa disposition le réseau des chargés d’affaires économiques et commerciales qui pourront lui fournir directement et rapidement toutes les informations nécessaires pour ses opérations d’exportation. Toutefois, tiendront à rappeler les diplomates en charge de ce dossier, l’acte d’exporter est un processus dans lequel interviennent plusieurs maillons et les représentations diplomatiques et consulaires ne sont qu’un maillon de cette chaîne.
Pour Smail Benamara, ambassadeur-conseiller du ministre des Affaires étrangères «chaque intervenant dans l’acte d’exporter doit jouer son rôle», du fellah ou de l’artisan à la Banque d’Algérie en passant par le producteur, le transformateur, les structures relevant du ministère du Commerce, au législateur. M. Benamara qui a animé hier une conférence au siège de l’Institut des relations diplomatiques (IDRI) dans le cadre de la session de formation dispensée à la presse nationale, insistera sur la complémentarité des acteurs pour relever cet objectif pris à bras le corps par l’appareil diplomatique. Car quand bien même, la volonté de renforcer son rôle et ses attributions est affirmée et qu’une série de mesures est prise par les ambassades dans ce sens, il n’en demeure pas moins qu’il ne saurait relever à lui seul ce défi. Ainsi, dira le conférencier, «il ne faut pas que l’acte d’exporter soit accessoire, il faut qu’il soit fondamental». Toutefois même s’il se gardera d’afficher un optimisme béat, il ne manquera cependant pas, tout comme le fera M. Fassih, premier responsable de de la Direction de la Promotion et du Soutien aux échanges économiques, de souligner que le challenge est à portée de mains pour peu que certaines contraintes réelles et objectives soient levées. L’Algérie, indiqueront les deux diplomates, dispose d’un réel potentiel et d’une position géographique à même d’en faire un exportateur de biens et services vers l’Afrique notamment. Du reste, ne manqueront-ils pas d’indiquer, «l’Afrique est la priorité» en raison, entre autres, des liens qui unissent l’Algérie aux pays africains et de la disponibilité de ces pays à commercer avec elle. L’autre atout qu’il y a lieu de faire valoir est la compétitivité du produit algérien car quoi qu’il en soit l’Algérie est décidée à aller vers la conquête de ce marché. «On a été trop longtemps absent» ont-ils regretté. Une absence qu’il y a lieu de combler aujourd’hui, d’autant qu’il existe une volonté politique de s’ouvrir sur le continent subsaharien qui est la profondeur stratégique et naturelle de l’Algérie. «Une nouvelle démarche est en cours» soulignera M. Benamara et tout le monde est en ordre de marche.
Nadia Kerraz