
L’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo, a qualifié la crise avec l’Algérie de «plus grand catastrophe diplomatique qui ait frappé l’Espagne depuis 1975».
Dans un entretien accordé au quotidien espagnol El Mundo, José Manuel Garcia-Margallo a indiqué que «depuis 1975, il n’y a pas eu de catastrophe diplomatique comme celle à laquelle nous assistons en ce moment. Parce que le gouvernement de Sanchez a réussi à mettre en colère l’Algérie et le Polisario en même temps, aucun gouvernement de démocratie n’y était parvenu». Dans ce contexte, Garcia-Margallo a souligné qu’«il faut faire preuve d’une extrême prudence, et plus encore en ces temps».
Selon l’interviewé, «l’Espagne a maintenu une position très claire, soutenue par tous les gouvernements et incarnée dans les deux stratégies d’action extérieure qui ont été approuvées, c’étaient des stratégies de quatre ans, j’ai fait celle de 2015», ajoutant que «la même position a été exprimée et que nous avons toujours prise à l’ONU. La formule adoptée disait que la solution devait être juste, durable, mutuellement acceptable et qu’elle reconnaissait l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux principes de la charte des Nations unies. C’est ce que l’Espagne a soutenu à l’ONU, conformément au droit international».
Évoquant les répercussions de la crise avec l’Algérie, l’ancien ministre s’est dit convaincu que «la crise actuelle conduira à une augmentation des prix du gaz et de l’électricité pour les citoyens espagnols». «Les Espagnols, chaque fois qu’ils verront que la facture d’électricité augmente, ils ne pourront plus croire que ce n’est qu’une affaire de Poutine, c’est la responsabilité de la maladresse de Sanchez», a-t-il ajouté.
Sur le plan commercial, «nous constatons également que les banques algériennes ont reçu l’ordre de ne pas effectuer de transactions entre l’Algérie et l’Espagne. L’Espagne est le cinquième fournisseur de l’UE. C’est une affaire très sérieuse».
«Le problème à long terme est que Sanchez va laisser ce pays en lambeaux, et sur le plan interne, cela peut être résolu, mais sur le plan externe, cela peut prendre beaucoup de temps. L’Espagne était dans une position privilégiée pour être le partenaire stratégique de l’Algérie dans l’exploitation des réserves de gaz pouvant approvisionner celles en provenance de Russie. Et celui qui s’est précipité là-dedans, c’est l’Italie, qui va maintenant devenir le partenaire stratégique de l’Algérie, la source prioritaire de gaz pour l’UE à notre place», a-t-il ajouté.