Prise en charge du chômage : «Une approche globale est nécessaire»
Le Président Tebboune a salué, en conseil des ministres, les réalisations accomplies jusqu'à présent en un court laps de temps. Il a ordonné la poursuite de la politique de soutien aux jeunes diplômés des universités et des instituts de formation à travers l'allocation de chômage parallèlement à un suivi permanant de l'évolution du processus de recherche d'emploi par le bénéficiaire. Il a aussi instruit le gouvernement pour intensifier le contrôle sur les cas de fraude et la mise en place d'un plan statistique renouvelé comme base de données pour suivre le taux de chômage.
Tout en saluant la décision d'augmenter le montant de l’allocation chômage, Noureddine Bouderba, militant syndicaliste, expert en questions sociales, rappelle que l'Algérie est l'un des «rares pays» en développement à avoir institué cette allocation de ce type, et propose de revoir les modalités et les conditions d'ouverture de droit.
Il appelle à la «nécessité d'une approche globale dans la prise en charge du phénomène du chômage qui doit englober toutes les catégories concernées. Une prise en charge qui passe par une réforme de la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC), y compris dans son aspect financement et par l'élargissement de ses missions qui permettra la prise en charge du "chômage temporaire" ; ainsi que la mise en place d'une caisse de chômage temporaire pour les non-salariés moyennant une cotisation par les intéressés». L’expert trouve en effet regrettable que le bénéfice de cette allocation soit limité aux primo-demandeurs d'emploi, excluant tout chômeur qui a déjà travaillé un court laps de temps. «80% des travailleurs actifs du secteur économique, public et privé, notamment les titulaires de CDD, sont exclus du bénéfice, aussi bien de la nouvelle allocation que de "l'autre allocation chômage" relevant de la CNAC et ne percevront, en cas de perte de leur emploi, aucune allocation ou aide sociale», regrette le spécialiste. Ce dernier estime que pour les autres travailleurs actifs qui ouvrent droit à l'allocation chômage servie par la CNAC en cas de perte de leur emploi, notamment les smicards, l'allocation moyenne qu'ils percevront sera nettement inférieure au montant de la nouvelle allocation réservée aux primo-demandeurs d'emploi, alors qu'ils cotisent au risque allocation chômage, contrairement à ces derniers. M. Bouderba propose un «financement adéquat» à l'organe chargé de gérer l'allocation chômage, à travers un relèvement des cotisations du risque chômage à la charge de l'employeur et un abondement (complément) de l’État.
Concernant l'engagement du président de la République d’augmenter, à compter de janvier 2023, les salaires et les pensions de retraite, M. Bouderba affirme «que toute décision visant la protection du pouvoir d'achat des travailleurs est une mesure à saluer et à encourager, car allant dans le bon sens, et cette promesse, si elle est conséquente, s'inscrit dans ce cadre». L’expert espère, toutefois, que «les augmentations promises soient conséquentes et auront un impact réel sur le niveau de vie des travailleurs, vu l'ampleur de la perte du pouvoir d'achat subie par la classe moyenne et surtout par les bas salaires. Une perte énorme sous les effets conjugués de la pandémie, de l'inflation internationale, du glissement continu du dinar, de l’insuffisance de la réglementation et du contrôle des prix par l’État et de la levée progressive des subventions».