Premières pluies de l’automne : La capitale sous les eaux

En quelques minutes, la capitale est sous les eaux. Ph. A. Asselah
En quelques minutes, la capitale est sous les eaux. Ph. A. Asselah

Les pluies ont été mortelles à Alger. Deux personnes ont été emportées par les crues d’oued Saoula. Le corps de la première victime a été repêché dans la matinée d’hier. Il s’agit d’une femme de 58 ans. Les opérations de recherche se poursuivent pour retrouver la deuxième victime portée disparue.

Dans la soirée de samedi à dimanche, des intempéries ont frappé plusieurs régions du pays qui, en très peu de temps, ont enregistré un volume considérable de précipitations pluvieuses, provoquant souvent des inondations subites comme ce fut le cas à Alger, la capitale. Outre la perturbation du trafic routier, les pluies ont causé le décès d’une personne dans la commune de Saoula, au sud d’Alger, alors que les recherches se poursuivent toujours pour retrouver une deuxième victime emportée par les eaux.
Samedi, 15 heures. La délivrance. Les premières trombes arrivent après des semaines d’appréhension et d’espoirs dévotement nourris. Le samedi d’avant, les services du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs avait organisé, dans tout le pays, la prière surérogatoire de la pluie, la «Salat El Istisqa».
Vers 18h, la ville essuie des averses orageuses. En quelques minutes, la capitale est sous les eaux. Pourtant, plusieurs opérations de nettoyage des avaloirs et des caniveaux ont été menées, ces derniers jours, par les services des établissements publics Asrout, l’ONA (Office national de l’assainissement) et les DTP (direction des travaux publics).
A l’échelle nationale, ce sont quatorze wilayas qui ont été touchées par les intempéries, d’après un rapport de la direction générale de la Protection civile (DGPC). C’est la capitale qui a enregistré le plus grand nombre d’intervention avec un bilan funeste. Les interventions ont été menées à Alger, Boumerdès, Blida, Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira, Sétif, Constantine, Mila, Tébessa, Oran, Relizane, Chlef et Tissemsilt. «Nos unités ont effectué 43 opérations de sauvetage des personnes coincées et cernées par les eaux pluviales et/ou pour le dégagement de véhicules emportés par les flots», indique la DGPC dans un communiqué. 138 opérations d’épuisement et de pompage des eaux pluviales, à travers plusieurs wilayas, furent, en outre, réalisées.
La Protection civile a enregistré six effondrements partiels de faux plafonds, de murs extérieurs et d’habitations précaires. Les pluies ont été mortelles à Alger. Deux personnes ont été emportées par les crues d’Oued Saoula. Le corps de la première victime a été repêché dans la matinée d’hier. Il s’agit d’une femme de 58 ans alors que les opérations de recherche de la deuxième victime portée disparue se poursuivent toujours. Les sapeurs-pompiers ont également procédé au sauvetage de neuf personnes cernées par les eaux pluviales à travers les communes de Draria, Khraissia, Bouzareah et El Harrach.
Les opérations d’épuisement des eaux pluviales et de dégagement de véhicules ont été effectuées dans les communes de Bachdjerrah, Staouali, El Biar, Belouizdad, Bir Mouard Rais, El Mouradia, Birkhadem, Sidi Moussa, Kouba, Aïn Benian, Eucalyptus, Gué de Constantine, Hussein Dey, El Achour, Bab Ezzouar, Ben Aknoun. Le communiqué de la PC fait état de 18 personnes cernées par les eaux «qui ont été sauvées par les unités» d’intervention et ce dans plusieurs régions affectées par les intempéries. Des opérations d’épuisement des eaux pluviales infiltrées dans des habitations et édifices publics ont été effectuées à travers les wilayas d’Oran, Chlef, Relizane, Blida, Boumerdès, Tissemsilt, Bouira, Tizi Ouzou, Constantine, Sétif et Tébessa.

Éviter un remake des inondations de Bab El-Oued

Entre 18h et 20h, le trafic routier a été fortement perturbé. Des automobilistes étaient pris par les eaux notamment au niveau de la rocade Nord, alors que le tramway est immobilisé au niveau de la station des Fusillés (Ruisseau).
Le trafic vers l’est et l’ouest de la capitale était paralysé. Des policiers se sont dépêchés sur les lieux pour assister et orienter les automobilistes piégés et paniqués. Dans les quartiers de Baba Ahcene, Draria, Saoula et Birkhadem, Gué de Constantine, Aïn Naâdja, des citoyens se sont mobilisés avec les éléments de la PC, les agents d’Asrout et les éléments de la police de l’environnement, pour le nettoyage, in extremis, des avaloirs. Sous-directeur de l’information et des statistiques à la DGPC, le colonel Farouk Achour évoque des «pluies courtes et soudaines», un épisode «d’averses orageuses, provoquant des inondations».
Dans sa déclaration à El Moudjahid, la DGPC invite à «l’anticipation» et à la «prévention» face au risque des inondations. «Dès la réception des BMS, explique l’officier, nous alertons nos unités d’intervention pour mobiliser les effectifs humains et moyens matériels. Outre le dispositif mis en place dans les régions concernées, des actions de sensibilisation sont menées à travers les radios locales en donnant des conseils et des directives afin de pouvoir agir de manière adéquate avant, pendant et après l’avènement d’une situation dangereuse».
Des dispositifs mobiles sont dispatchés au niveau des «points noirs» «notamment à l’entrée des trémies et tunnels afin d’assurer des interventions «rapides et efficaces». Le souvenir des inondations mortelles de Bab El Oued en 2001 est encore vif.
Samir Djendel, responsable des projets et de la maintenance à la SEAAL, fait état, justement, de «28 points noirs, renfermant des risques d'inondations au niveau de la capitale». Les points noirs sont identifiés au niveau du port d'Alger, de la rue Tripoli, Ouedkniss, les trémies ainsi que les communes de Bordj El Bahri, Bordj El Kiffan, Bab Ezzouar, Rouiba et Bab El Oued. Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a insisté, lors de la dernière réunion avec les walis, sur «l'application rigoureuse des mesures préventives en prévision de tout imprévu, et ce pour préserver les vies et les biens à l'approche de l'automne et de l'hiver».
Neila Benrahal

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