Plan machiavélique

Par Mohamed Bouraib

Depuis la Nakba de 1948 et l’exode de plus de 760.000 d’entre eux poussés au départ, les Palestiniens voient régulièrement l’épouvantail d’une «patrie» de substitution brandi devant eux.
Cette volonté ne fait plus le moindre doute. Un symbole : l’opération de Lydda et de Ramleh, le 12 juillet 1948. « Expulsez-les !» a dit David Ben Gourion à Igal Allon et Itzhak Rabin, qui déportent en Jordanie 70.000 civils. Peu après, à Alnassira (Nazareth), découvrant la population palestinienne restée sur place, il s’exclame : «Qu’est-ce qu’ils font ici ?»
Ben Gourion défendait l’idée de «transfert» : c’est même la raison qui l’a poussé, en 1937, à proposer au mouvement sioniste le plan Peel, qui prévoyait le déplacement de nombreux Palestiniens hors de «l’État» juif envisagé.
Outre ces Palestiniens qu’on expulse, Israël fait aussi main basse sur leurs biens. On constate donc que la Nakba ne s’est pas arrêtée il y a 75 ans. Aux Palestiniens chassés alors, se sont ajoutés, au cours de la guerre de 1967, quelque 430.000 autres. Fin 2022, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en recensait 5,6 millions.
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré qu’Israël devrait «encourager la migration» des Palestiniens de Ghaza et y rétablir les colonies israéliennes, faisant écho à des commentaires similaires du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Le professeur Thomas Juneau, de l’Université d’Ottawa, a affirmé que les récentes déclarations des ministres Smotrich et Ben Gvir équivalent à «un plaidoyer ouvert en faveur du nettoyage ethnique des Palestiniens».
Un ministère du gouvernement sioniste a rédigé une proposition visant à transférer les 2,3 millions de Palestiniens vivant dans la bande de Ghaza.
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, Paula Gaviria Betancur, a averti qu’Israël semblait chercher à modifier, de façon permanente, la composition de la population ghazaouie.
«Alors que les opérations militaires continuent de se multiplier et que les civils sont quotidiennement soumis à des attaques incessantes, la seule conclusion logique est que l’opération militaire israélienne à Ghaza vise à chasser en masse la population civile», a écrit Gaviria Betancur.
Lorsqu’en 2001, Ariel Sharon devint Premier ministre, il répéta une formule qui résume bien le plan sioniste : «La guerre d’indépendance n’est pas terminée.» Que restait-il donc à «terminer» ? Israël a occupé le reste de la Palestine – plus le Golan. Bref, la seule chose à compléter, c’est… le «transfert» des Palestiniens. Clair comme de l’eau de roche !
C’est dire que les dirigeants issus des élections du 1er novembre 2022 se présentent comme les continuateurs de ce général. Sans se dissimuler, ils agissent criminellement et à visage découvert, afin d’expulser toute la population palestinienne. À l’évidence, pour Netanyahou et ses sbires, l’histoire retourne à son point de départ.

M. B.

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