
De notre bureau : Amel Saher
Outre son caractère religieux et spirituel, la célébration d’El Maoulid ennabaoui dans la région d’Oran se veut aussi un moment de joie, de fête pour les enfants, de convivialité familiale et un rendez-vous culinaire. Chez les Oranais, on appelle cette fête «Sidna» qui signifie littéralement «notre maître» en référence à la naissance du prophète Mohammed (QSSSL) et qui intervient chaque année le douzième jour du mois lunaire Rabie El Awal. Chez les familles oranaises, la fête commence la veille du Maoulid tandis que la préparation débute quatre au cinq jours avant car les principaux plats et gâteaux traditionnels marquant cet évènement nécessitent des achats et une préparation de quelques jours comme recheta, rougag, sellou, tamina et rfis. «Nos mères et grand-mères préparaient elles-mêmes les ingrédients de ces plats comme les feuilles de rougag et les farces de rfis. Aujourd’hui, la majeure partie des familles les commandent chez les confectionneurs de gâteaux traditionnels deux ou trois jours voire une semaine avant. Le prix du paquet de rougag d’un kg qui se vend à 800 DA pendant la semaine qui précède la fête peut atteindre 1200 DA, la veille» dira El Hadja Zohra, une neggaffa (habilleuse de la mariée) qui exerce à Oran et Tlemcen. Même chose pour les gâteaux traditionnels et les gourmandises que les familles préfèrent acheter préparés, à l’exception de tamnia ou taqenta comme l’appellent les gens de l’Ouest, qui demeure la reine des plats associés depuis toujours à la fête de Sidna et qu’on prépare à la maison. C’est une vieille recette du patrimoine culinaire servie essentiellement dans les pays du Maghreb. Il s’agit d’une pâte composée de semoule grillée, dorée mais pas brune, de miel et de beurre fondu. «Il n’y a pas de Sidna sans taqenta tout comme les bougies et rougag. Ce sont les deux symboles culinaires de l’ambiance traditionnelle d’El-Maoulid Ennabaoui El Sharif» confie Farida, une infirmière dans un établissement de santé privé. La fête de Sidna est, par ailleurs, un grand moment de convivialité et une occasion pour se réunir en famille autour d’une table commune et passer la soirée dans une ambiance traditionnelle par excellence. Comme partout en Algérie et même dans la plupart des pays arabo-musulmans, ce sont les enfants qui attendent impatiemment cette fête pour aller à l’école vêtus de tenues traditionnelles et chantert des anachids autour d’une collation. Cela dit, la célébration d’El Maoulid est avant tout un évènement à caractère religieux et un grand moment de spiritualité et de piété. Depuis des années, sa célébration dans la Zaouia El Belgaïdia à Sidi Maarouf à Oran, s’étend sur un mois, conformément à la Tariqa El Belgaidia. Cette fête qui intervient chaque année le douzième jour du mois lunaire Rabie El Awal, est surtout marquée par l’organisation des dourous et le récital du chant religieux, des conférences sur la Sira El Nabawiya (la conduite morale du prophète Mohammed (QSSSL). La Zaouia El Belgaidia El Habria et ses différentes sections à l’intérieur et à l’extérieur du pays, célèbrent ce mois depuis des années. La zaouïa se remplit de fidèles qui déclament des medihs qui glorifient le Prophète (Qsssl) et récitent le saint Coran. Mais ce qui marque le plus les veillées de cette fête religieuse est, sans doute, la déclamation des qasids (poèmes) du Cheikh El Imam El Bosyri, notamment El Hamazyia et El Borda. Le but de ce mode de célébration est inspiré de l’un des hadiths de notre Prophète (Qsssl) qui a dit «Apprenez à vos enfants l’amour de leur Prophète, de sa famille et le récit du Coran» explique Miloud M. un ancien imam d’une mosquée à Bir El Djir aujourd’hui à la retraite.
A. S.