
Entretien réalisé par : Karim Aoudia
El Moudjahid : Vous venez d'être plébiscité président de l'Association des amis de la Révolution algérienne. Qu'en est-il des principaux objectifs de cette organisation ?
Noureddine Djoudi : Le but principal de la création de l'Association des amis de la Révolution algérienne relève bien évidemment d'une question de droit de mémoire. La révolution algérienne a été une marque importante dans l'histoire de l'humanité. Par sa justesse, elle a convaincu un bon nombre de personnes, y compris les Français qui l'ont soutenue contre l'occupation française. Ses messages ont suscité des retours d'échos très positifs, des amitiés en grand nombre y compris dans les contrées les plus éloignés comme les USA et le Chili de même que dans d'autres pays d'Asie. De ce fait, le premier objectif principal de l'Association des amis de la Révolution algérienne c'est précisément d'assurer la pérennité de cet événement historique, préserver et promouvoir les valeurs humaines et de dimensions universelles qu'elle a apporté au monde. Ce que je sais, de par mon expérience au sein de l'ALN, c'est qu'on se battait pour notre indépendance certes, mais nous avions des principes immuables. Vous n'êtes pas sans savoir que ce qui fait la force de l'Algérie c'est fondamentalement sa fidélité à ses principes. A ce titre, je pense et je suis même convaincu que ceux qui ont aidé la Révolution algérienne pour s'émanciper du joug du colonialisme, ce sont des personnes qui ont vu ce qu'il y a d'universel dans notre démarche, à savoir que nos principes sont basés, tout compte fait, sur ce qui représentante le cœur même de l'humanité. N'oublions pas, à ce propos que l'Emir Abdelkader a été le premier à initier une conduite profondément humanitaire, à savoir le comportement à l'égard des prisonniers. En résumé, ce sont donc nos principes hérités de plusieurs générations qui constituent les fondements de lAssociation des amis de la Révolution algérienne et qu'il y a lieu de maintenir et de consolider.
Soutenir les peuples qui aujourd'hui luttent encore pour leur indépendance, est-ce un autre objectif envisagé dans le cadre de l'action de l'Association et égard notamment à la fidélité de l'Algérie à ses principes adoptés en ce sens ?
Absolument, cette association c'est un moyen de perpétuer ce qui a constitué le cœur même de notre Révolution. Ce qui distingue notre révolution et ce qui la rend exceptionnelle, c'est qu'elle n'a pas été menée uniquement dans l'intérêt de la libération de l'Algérie. En ce sens, il suffit de lire aussi bien la Déclaration du 1er Novembre que la plate-forme du Congrès de la Soummam pour voir qu'il y a un sens profond qui va au-delà de nos frontières, lequel sens explique que malgré les menaces et les pressions subies, nous n'avons pas changé d'un iota notre soutien aux causes justes à travers le monde. Ainsi, les amis de l'Algérie, aussi nombreux soient-ils à être convaincus de la justesse de notre cause d'hier, devraient aujourd'hui s'associer avec nous pour soutenir ensemble les peuples qui sont encore sous domination coloniale, à commencer par nos frères sahraouis et palaisiens qui ont besoin de notre aide et de notre amitié
Quelles vos premières actions en tant que président de l'Association des amis de la Révolution algérienne ?
A ce propos, je tiens d'abord à préciser que je suis un partisan des décisions collectives. Ceci étant dit, je pense que le premier point sur lequel il y a lieu de s'atteler, c'est d'abord d'établir une liste exhaustive de tous ceux qui nous ont aidé pendant notre révolution.
En sens, il y a ceux qui étaient présents à l'assemblée générale constitutive, et là on retrouve tout un éventail de personnalités mondialement connues, à l'instar de la veuve d'Enrico Mattei, les fils du général Giap et de Patrice Lumumba ou encore l'ancien président du Mozambique Joaquim Chissano. Mais il y a aussi les absents à cette rencontre qu'il faudrait contacter et avoir sur ma liste, et là je pense notamment à trois anciens parlementaires anglais qui sont Anthony Wedjwood Been, Fenner Brokway et Mme Barbara Castle, dont je me souviendrai éternellement de l'aide et tout l'appui qu'ils m'ont apporté lorsque j'étais en mission du FLN à Londres en 1975 pour expliquer les objectifs de notre révolution.
Ensuite, une fois une liste en question finalisée, nous aurons à établir un plan d'action pour étudier cette amitié avec l'Algérie et sa révolution pour l'indépendance, pour mieux savoir comment elle a été tissée et de quelle manière elle s'est développée. Aussi, l'enjeu principal de note plan d'action c'est que les générations à venir comprennent le véritable sens de cette Révolution. D'autre part, les différents témoignages des amis de la révolution algérienne doivent également continuer en direction de la Palestine et du Sahara occidental.
K. A.