Mourchida : pédagogue de l’acte religieux

L’Algérie,pionnière dans la fonction de mourchida, est parmi les rares nations arabes qui ont budgétisé ce travai. La mourchida est encore , dans beaucoup de pays, bénévole ou volontaire et n’a pas de poste payé. Chez nous, cette fonction est gérée par un texte de loi qui régit les conditions, les modalités et les droits et devoirs de la fonction. Elles effectuent le même travail qu’un imam, à l’exception de la conduite de la prière. Discrètes, elles travaillent à prévenir les fléaux. Dans les mosquées, les prisons, les maisons de jeunes, les hôpitaux ou lors de débats dans des écoles, leur maître mot est de faire connaître l’islam qui prône la tolérance et de corriger les incompréhensions qui poussent à toutes les dérives. L’année dernière, le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs a ouvert 700 postes budgétaires pour le recrutement d’imams et de mourchidate. Ce nombre sera revu à la hausse pour répondre à la demande des mosquées. Un décret portant création d’une école supérieure pour la formation des cadres religieux a été promulgué à la même époque. Cette école s’occupera, en outre, de la formation continue des imams et des mourchidate. Mme Mekhaldi, mourchida et responsable des mourchidate au ministère des Affaires religieuses, indique qu’elles sont actuellement plus de 400 sur le territoire national. Elles sont recrutées parmi les titulaires d'une licence en sciences islamiques ou d'un titre équivalent, récitant la totalité du Saint Coran, ou son quart au moins, avec l'engagement d'en compléter son apprentissage.

Dans les mosquées et dans les prisons

«Ces mourchidate bénéficient d’une formation de 45 jours en stage fermé à l’Institut de formation des cadres religieux de Saida avant d’entamer leurs fonctions», précisera Mme Boudamous, chef du bureau d’organisation des activités de la fatwa. Une fois prêtes, les mourchidate doivent, entre autres, enseigner les sciences islamiques et apprendre le Saint Coran aux femmes dans les mosquées et les écoles coraniques, contribuer aux programmes d'alphabétisation et participer aux activités religieuses dans les établissements pénitentiaires pour les femmes et les mineurs. C’est à travers des conventions signées entre le ministère des Affaires religieuses et différents autres départements ministériels que les mourchidate arrivent à s’impliquer. Ainsi, une convention avec le ministère de la Justice leur permet de se déplacer au niveau des établissements pénitentiaires pour rencontrer des détenues et les aider psychologiquement et religieusement, les soulager par la lecture du Coran. «Au début, certaines détenues rejetaient les mourchidate et ne voulaient pas d’elles, mais avec le temps, non seulement elles venaient à elles mais elles attendaient leur arrivée avec impatience», confie Mme Mekhaldi. Une autre convention avec le ministère de la Santé permet aux mourchidate de se rendre dans les hôpitaux auprès des malades. Une autre avec le ministère de l’Education permet, par ailleurs, aux mourchidate d’organiser dans les écoles et centres de jeunes, des campagnes de sensibilisation sur tous les fléaux qui peuvent menacer la société. Des partenariats sont aussi conclus avec les ministères de l’Environnement, de la Solidarité nationale, des organisations internationales, telles que l’Unicef… «Aucun imam ne pourra effectuer aussi efficacement la mission qui incombe à ces jeunes femmes, toutes licenciées et formées pour accomplir cette tâche. Elles font un travail de proximité ciblé dont la finalité est de faire connaître les vrais préceptes de la religion.»
Farida Larbi

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