
Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière assure que la lutte anti-tabac constitue «l’une des priorités» de son département et un «défi à relever» et rappelle que l’Algérie est l’un des premiers pays à avoir ratifié, en mars 2006, la convention-cadre de l’OMS consacrée à la lutte contre le tabagisme.
S’exprimant, hier, à l’occasion de la célébration officielle de la Journée mondiale sans tabac, placée cette année sous le thème «Je m’engage à arrêter de fumer», Abderrahmane Benbouzid a rappelé la batterie de mesures et l’important arsenal juridique mis en place et nécessitant «aujourd’hui et plus que jamais» une «application stricte». A cet égard, son département a inscrit la lutte contre le tabagisme comme «axe stratégique» dans le plan national multisectoriel de lutte contre les maladies non transmissibles, d’une part, et comme point tout aussi essentiel dans le plan national anti-cancer, d’autre part.
Cela dit, et pour atteindre l’objectif assigné, le ministère a initié une stratégie nationale de lutte qui est forcément multisectorielle et concerne, outre les professionnels de la santé, d’autres ministères partenaires, la société civile et la presse nationale puisqu’il est question d’une réelle menace sur la santé publique.
Détaillant les six points essentiels de cette stratégie, le ministre a évoqué particulièrement le travail de coordination entre les différents départements et la synergie de leurs efforts, rappelant l’interdiction absolue de fumer dans les espaces publics. Les autres axes de la stratégie consistent en le lancement de la campagne nationale de lutte contre le tabagisme, ainsi que le système national dédié à cet effet, à travers une prise en charge optimale, lors du sevrage. M. Benbouzid a déclaré qu’il existe 53 unités dans ce sens, réparties sur tout le territoire national. «Parmi ces 53 unités équipées, certaines sont opérationnelles depuis des années, alors que d’autres seront bientôt mises en service. Enfin, le sixième et dernier élément important concerne «la revue à la hausse depuis 2015 des taxes et des prix appliqués sur les produits de tabac». Le ministre a tout au long de son discours insisté sur l’impérieuse nécessité de réaliser les objectifs fixés. M. Benbouzid a soutenu que la «réussite de la stratégie nationale est tributaire de la synergie des efforts, y compris ceux de la société civile».
La mobilisation de tout un chacun est en effet essentielle, d’autant que «l’Algérie est exposée aux dangers du tabac». Chiffres à l’appui, il notera que selon des sondages effectués par le ministère de la Santé, les fumeurs âgés entre 18 et 74 ans représentent 16,2% et ils sont 8,8% parmi les plus jeunes, âgés de 13 à 15 ans.
Convié à prendre la parole, le représentant de l’OMS en Algérie, le Dr Nguessan Ble François, a lu le message de la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique qui met en exergue notamment le fait que le thème «s’engager à arrêter» a été retenu pour l’édition de 2021 «car la décision de cesser de fumer nous appartient». Il est également indiqué que «des millions de personnes ont été encouragées à renoncer au tabac pendant la pandémie, dissuadées par des données scientifiques qui démontrent que le tabagisme altère les fonctions pulmonaires et réduit la capacité de l’organisme à combattre les coronavirus et d’autres maladies». Il rappelle que l’on dénombre 1,3 milliard de consommateurs de tabac dans le monde et que «60% ont exprimé le souhait d’arrêter de fumer et seulement 30% d’entre eux ont accès à des outils nécessaires pour y parvenir». Les chiffres de la région Afrique montrent que plus de 75 millions de personnes consomment le tabac sous une forme ou une autre.
Soraya Guemmouri