Le ministre de la Santé a procédé, avant-hier à Alger, en compagnie de la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, au lancement officiel de la campagne «Octobre Rose».
À cet effet, Mohamed Esseddik Aït Messaoudène a assuré que l’Algérie a réalisé des avancées «significatives» dans la lutte contre le cancer, grâce à la «volonté politique au plus haut niveau» et à la concrétisation des engagements du président de la République, qui a fait du dossier du cancer une «priorité présidentielle», avec comme point culminant la prise en charge sanitaire intégrée et moderne des malades. Il a cité, à ce propos, la création du Réseau national intégré, qui compte 18 Centres anticancer (CAC), dotés d’équipements médicaux récents et modernes. «Le cancer du sein est le premier cancer touchant les femmes en Algérie. Chaque année, on enregistre plus de 13.000 nouveaux cas, soit 46 % de l’ensemble des cancers féminins», a-t-il relevé. Au sujet justement de la prise en charge, il a évoqué le Protocole thérapeutique national unifié qui a été adopté pour le traitement des cancers les plus courants, dont le cancer du sein, afin de garantir une prise en charge «uniforme» et «équitable». Pour le ministre, les efforts des pouvoirs publics ne se limitent pas uniquement au traitement, bien au contraire. «Il y a surtout la prévention et le dépistage précoce, à travers la création de centres spécialisés, à l’instar du centre de Biskra, en attendant d’autres», a-t-il noté, tout en insistant sur la formation des personnels.
À ce sujet, Aït Messaoudène a rappelé le lancement d’une nouvelle spécialité en sénologie et dépistage précoce (certificat d’études complémentaires) au profit des médecins généralistes, en vue d’assurer le dépistage précoce et le prédiagnostic au niveau des Établissements de santé de proximité. Outre la moitié des pathologies cancéreuses touchant les femmes, le cancer du sein représente un quart de l’ensemble des cas de cancer en Algérie. En 2023, quelque 15.000 nouveaux cas ont été recensés, nous informe le président du Comité national pour la prévention et la lutte contre le cancer, le professeur Adda Bounedjar. Les études indiquent un taux de guérison d’environ 77 %, alors que l’importance du dépistage et du diagnostic précoces n’est plus à démontrer, avec pour objectif que 60 % des cas soient détectés aux stades 1 et 2. Une enquête nationale d’envergure, menée en 2024 par le Comité, a montré des résultats encourageants et révélé que plus de 50 % des cas sont désormais découverts aux stades précoces 1 et 2, soit un bond spectaculaire par rapport aux 18 % enregistrés il y a 20 ans.
L’âge moyen du diagnostic est passé, quant à lui, à près de 53 ans, contre 47-49 ans auparavant, signe d’une meilleure prise en charge. De plus, la taille moyenne des tumeurs détectées a considérablement diminué, passant de 9 cm, au début des années 2000, à une moyenne de 2 cm à 5 cm. L’Algérie est ainsi dans «le dernier virage» pour atteindre l’objectif de l’OMS de 60 % de diagnostics précoces. Pour aller plus loin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, par la voix de son président, le professeur Kamel Sanhadji, a annoncé le lancement d’une étude de deux ans visant à identifier les facteurs de risque spécifiques à la population algérienne (obésité, nutrition, facteurs socio-économiques), pour peaufiner la stratégie de prévention.
De son côté, le chef de service de sénologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) du CHU Mustapha Pacha (Alger) a indiqué que l’Algérie a enregistré des avancées notables, mais des défis importants sont à relever. «L’élaboration d’une stratégie quinquennale et son évaluation représentent une chance d’améliorer l’impact sanitaire», a déclaré le professeur Mohcen Boubnider, qui a révélé que le CPMC enregistre 1.200 cas de cancer chaque année. L’engagement collectif est donc indispensable pour réduire la mortalité due au cancer du sein et améliorer la qualité de vie de nos malades, selon le professeur.
M. M.
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Deux cliniques mobiles pour sensibiliser les citoyens
À l’occasion du lancement officiel d’«Octobre Rose», le ministre de la Santé a donné le coup d’envoi de deux cliniques mobiles dotées d’équipements médicaux modernes, qui sillonneront plusieurs wilayas du pays, dans le cadre de la lutte contre le cancer du sein. Ces deux cliniques mèneront des campagnes de dépistage et de sensibilisation au profit des femmes, en vue d’ancrer la culture de prévention et de dépistage précoce du cancer du sein dans la société. Aït Messaoudène a confié que son département a adressé des instructions aux 58 wilayas, pour organiser des activités de sensibilisation sur le cancer du sein, tout au long du mois d’octobre, avec, notamment, une grande campagne nationale de dépistage précoce pour les wilayas d’Adrar et de Timimoune, en tant que projet pilote, avant d’être étendue aux autres wilayas du pays.
M. M.