
Le Roi de Jordanie, Abdallah II bin Hussein, est arrivé hier à Alger pour une visite d'Etat de deux jours en Algérie, à l'invitation du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Le Souverain jordanien a été accueilli, à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediène d'Alger, par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en compagnie de hauts responsables de l'Etat. Après avoir écouté les hymnes nationaux des deux pays, le Président Tebboune et le Roi Abdallah II ont passé en revue un détachement de la Garde républicaine qui leur a rendu les honneurs, au moment où 21 coups de canon retentissaient en l'honneur de l'invité de l'Algérie.
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Visite de courtoisie de hauts responsables de l’état
Le Roi Abdallah II reçoit Goudjil…
Le Roi de Jordanie, Abdallah II bin Hussein, a reçu, hier soir en sa résidence à Alger, le président du Conseil de la nation, M. Salah Goudjil.
… Boughali…
Le Roi Abdallah II bin Hussein a également reçu le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), M. Brahim Boughali.
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Hisser les relations à des niveaux supérieurs
La visite d'Etat en Algérie du Roi de Jordanie, Abdallah II bin Hussein, à l'invitation du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, est l'occasion de concrétiser la volonté commune des deux pays de hisser les relations bilatérales à des niveaux supérieurs sur la base d'une solide coopération.
La relance des mécanismes de coopération et la préparation de la tenue de la 9e session de la Commission mixte entre les deux pays étaient les principaux thèmes abordés lors des entretiens, tenus en octobre dernier, entre le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, et le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et des Expatriés du Royaume de Jordanie, Ayman Safadi, après une longue absence due aux mesures liées à la pandémie de Covid-19. "Plusieurs accords entre les deux pays doivent être relancés et mis en œuvre sur le terrain", avait alors déclaré M. Lamamra. De son côté, M. Safadi avait souligné la volonté de la Jordanie de "développer les relations bilatérales au mieux des intérêts des deux pays frères", faisant état de "larges perspectives de coopération dans divers domaines", notamment l'économie, le commerce, l'investissement, le tourisme et l'enseignement.
Les entretiens entre les deux ministres avaient également permis de convenir de la mise en place d'un groupe de travail relevant des ministères des Affaires étrangères des deux pays pour préparer le terrain à une plus large adhésion incluant toutes les parties concernées par la coopération bilatérale dans tous les domaines. L'installation, en mars dernier, du groupe parlementaire de fraternité et d'amitié Algérie-Jordanie a constitué un acquis supplémentaire pour les relations de fraternité séculaires et profondes qui remontent au soutien apporté par le Royaume de Jordanie à l'Algérie lors de la Guerre de libération. Les deux pays entendent poursuivre leur coordination et leur concertation autour des questions arabes et régionales d'intérêt commun au regard de leur communauté de destin, d'autant qu'ils sont tous deux membres du Groupe de contact arabe sur la crise en Ukraine. La Jordanie est le sixième partenaire de l'Algérie au plan arabe, avec un volume global des échanges commerciaux de 219,24 millions de dollars en 2021, dont 101,31 millions de dollars d'exportations algériennes et 117,93 millions de dollars d'importations. Les deux pays examinent les voies et moyens d'asseoir un véritable partenariat durable dans divers domaines, en vue de faire face aux futurs défis économiques.
Le forum d'affaires algéro-jordanien s'était tenu, au mois de juin passé, en présence d'opérateurs économiques, dans l'objectif d'asseoir de nouveaux partenariats, d'ouvrir de larges perspectives pour davantage de coopération et de lancer des projets communs d'intérêt commun, à même de répondre aux aspirations des opérateurs économiques de part et d'autre. Lors de ce forum d'affaires, l'accent a été mis sur l'importance d'exploiter les opportunités et les privilèges qu'offre le climat des affaires en Algérie, en vue de concrétiser un partenariat effectif durable. En vue de mettre en place une nouvelle vision des relations économiques entre les opérateurs des deux pays, la Confédération algérienne du patronat (CAP) avait signé, durant l'été passé, un mémorandum de coopération avec l'Association des hommes d'affaires jordaniens (Jordanian Businessmen Association), dans le but de renforcer la coopération et échanger les expertises entre les deux organisations.
A rappeler que la dernière session de la Commission mixte algéro-jordanienne, tenue en 2018, a été sanctionnée par une feuille de route et un calendrier de coopération bilatérale, prévoyant des programmes de rencontres et de visites, dans le but d'explorer les voies et moyens de coopération dans plusieurs domaines, dont le commerce, l'industrie, l'énergie, l'enseignement supérieur, la santé, les transports et autres domaines. Au terme de cette session, 7 accords de coopération dans les domaines du commerce, des travaux publics, des transports, de l'industrie et des mines, de la jeunesse et des sports et de la culture, avaient été signés.
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Une aspiration commune
Les relations algéro-jordaniennes sont historiques et distinguées. La visite d’Etat de deux jours qu'effectue le Roi Abdallah II illustre le souci constant, de part et d’autre, de les consolider dans tous les domaines, et ce dans l’intérêt des deux pays. L’aspiration partagée, à Alger et à Amman, est sensiblement la même.
D’abord quelques repères historiques pour situer l’engagement des deux pays, dans le cadre de la Ligue arabe, pour la consécration de l’action arabe commune, notamment par rapport à la question palestinienne.
La Jordanie avait accueilli favorablement la fondation de l’Organisation de libération de la Palestine appelée, à ses débuts, à regrouper les forces palestiniennes, dispersées dans plusieurs pays limitrophes de l’entité sioniste et ailleurs. A cette fin, la Jordanie était prête à collaborer au maximum avec l’OLP, dont le président Yasser Arafat avait été reçu et soutenu dans un climat de confiance et de solidarité. L’Algérie, de son côté, et malgré sa position géographique éloignée, était au rendez-vous. Ainsi, le monde entend résonner en ce 15 novembre 1988, depuis Alger, la voix d'Abou Ammar proclamant, dans son célèbre discours devant le Conseil national de l'OLP, «la création d’un État palestinien dont la capitale sera El Qods». S’il fallait prendre uniquement ces faits historiques, pour montrer à quel point les relations diplomatiques sont solides entre la République algérienne et le Royaume hachémite, les observateurs en seront gavés. Mais, à l’heure où les positions de certains pays membres de la Ligue «se démarquent» des principes fondateurs de l'organisation panarabe et de la stratégie d’action commune, en raison de distorsions internes, de pressions et de contorsions diplomatiques étrangères, l’Algérie demeure le pays qui s’illustre par son soutien farouche et infaillible aux Palestiniens, dont le succès de l’accord de réconciliation entre les factions palestiniennes est une des belles illustrations de la mise en œuvre concrète des préceptes, valeurs et décisions des différents réunions interarabes.
C’est dans ce contexte d’action arabe commune qu’il faut comprendre l’immense espoir et engagement sans faille mis par l’Algérie, notamment lors du dernier Sommet, le mois de novembre dernier, dont elle exécute avec loyauté et fermeté toutes les décisions. C’est également un immense espoir que celui mis par l’Algérie dans «la réémergence d’un front arabe uni», en travaillant à constituer et à mettre sur pied une force politique susceptible de justifier la confiance placée en elle.
Des engagements honorés
Tous ses engagements, toutes ses obligations, à l’égard et dans le cadre de la Ligue, l’Algérie les a scrupuleusement honorés.
La Jordanie, de son côté, est l’héritière de ce qui fut une immense tragédie d’un peuple palestinien chassé de ses terres, et qui trouve refuge dans ce pays. «Certes, l’affaire palestinienne est l’affaire de tous les Arabes, mais, pour les Jordaniens, tout comme les Algériens, elle est une question de devoir moral, de dignité et d’engagement permanent.»
Les Algériens et les Jordaniens ont une conscience plus aiguë de l’importance de hisser le niveau de coopération et de coordination au sein de la maison arabe : les Jordaniens sont en permanence sur la ligne du front, et les premiers à recevoir les défis et à subir les effets de toute dégradation dans la région. «La Jordanie se trouve être ainsi, naturellement, le fer de lance du monde arabe face aux agressions sionistes», mais aussi l’Algérie qui, tel un rempart, subit également l’impact d’une «course vers la normalisation» qui accentue «les divisions endémiques» entre les pays membres du foyer arabe. En accueillant le Roi jordanien, et au-delà des exigences protocolaires, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, rappellera à son homologue ce que seront les relations bilatérales, mais surtout ce qu’il faut faire face au terrible défi qui est imposé à la région : «La seule solution, la seule attitude possible pour les pays frères est de serrer les rangs et de se mettre, à l’unisson, au diapason de l’histoire».
L’Algérie entreprend des efforts diplomatiques considérables, pour «conscientiser» les Arabes de l’importance pour la région de ne plus être un wagon téléguidé, mais une vraie locomotive, au sein d’un monde en métamorphose structurelle, où «le projet arabe commun nécessite un minimum de solidarité, pour que le monde arabe se rétablisse de sa ‘‘Nakba’’.
Tahar Kaidi