
L’Algérie est un État écouté, respecté et qui jouit d’un capital confiance considérable à l’échelle régionale, continentale et internationale. C’est bien à cette confirmation que renvoient les propos du président Abdelmadjid Tebboune contenus dans l’interview qu’il a accordée au journal français Le Figaro.
Des propos qui consolident l’ancrage de la souveraineté nationale avec des positions justes et sages qui prônent la paix et la stabilité, un ordre mondial plus équitable pour la prospérité de toute l’humanité. Au centre d’une dynamique de redéploiement qui surprend, sans doute, la communauté internationale, le retour en force de l’Algérie dans le fora des nations, s’accomplit dans un esprit de fidélité à ses principes restés immuables en la matière. Des positions inébranlables, aujourd’hui encore, où le contexte international est l’objet d’une profonde reconfiguration géopolitique. Le principe de non-alignement est l’un des engagements de l’Algérie substantiellement réaffirmé dans la vision du président Tebboune qui a tenu à le souligner dans ses réponses aux questions du Figaro. En effet, s’exprimant sur la crise en Ukraine, le président de la République a déclaré sans ambages : «Je n’approuve ni ne condamne l’opération russe en Ukraine. L’Algérie est un pays non aligné et je tiens au respect de cette philosophie. Notre pays est né pour être libre.» Autre déclaration directe de M. Abdelmadjid Tebboune, celle qui renvoie au respect du principe d’égal à égal dans les relations bilatérales que l’Algérie entretient avec ses partenaires à l’international. «Personne ne pourra jamais satelliser l’Algérie» a en effet asséné le chef de l’État.
Relations algéro-françaises : Jamais au détriment de l’histoire et de la mémoire
Aux questions du journal français sur les relations algéro-françaises, le président de la République a répondu clairement que leur évolution, dans un esprit apaisé , où «la France sera libérée de son complexe de colonisateur et l’Algérie se son complexe de colonisé», ne saurait se faire au détriment de l’histoire et de la mémoire auxquelles l’Algérie ne renoncera jamais». Il est urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations bilatérales entre l’Algérie et la France. Plus de 60 ans après la guerre, il faut passer à autre chose.
«Si la mémoire fait partie de nos gènes communs, nous partageons aussi bon nombre d’intérêts fondamentaux, même si nos points de vue peuvent diverger», a affirmé le Président Tebboune. S’exprimant sur la question de la mémoire et après avoir rappelé que la décision d’installer une Commission d’historiens de part et d’autre a été prise par lui et le Président français, il a affirmé qu’ «une partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire». «Il faut prendre en compte les 132 ans d’occupation, car tout ne commence pas avec la guerre d’indépendance. Il y a des faits avérés, archivés, documentés, qu’on ne peut pas cacher, des écrits les attestent», a relevé le chef de l’Etat.
Tout en réitérant son amitié réciproque au président Macron en qui il dit voir «l’incarnation de la génération qui peut sauver les relations entre nos deux pays». M. Tebboune qui a annoncé aussi sa visite d’État en France en 2023, a rappelé au partenaire français sa responsabilité totale, notamment dans le dossier des essais nucléaires. Sans détour, il a «demandé que la France nettoie les sites de ces essais, vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme», faisant part de son «souhait qu’elle prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place». Sur le dossier des visas, M. Tebboune a signifié qu’il s’agit là aussi d’une question de respect des principes régissant la mobilité entre les deux pays tel que notifiés dans les Accords d’Évian et ceux de 1968. Cette mobilité «a une spécificité algérienne, même par rapport aux autres pays maghrébins.
Elle a été négociée et il convient de la respecter», a-t-il insisté. S’agissant de l’enseignement de la langue française en Algérie, le Président Tebboune a précisé que «le français n’a pas à être imposé aux Algériens, c’est aux familles de choisir», ajoutant que «l’Algérie ne s’est pas libérée pour faire partie d’un je ne sais quel Commonwealth linguistique».
Il a estimé en outre que «l’anglais a la cote car c’est une langue universelle. Les Anglo-saxons ont pris le dessus sur les Latins...».
Interrogé sur l’organisation d’un éventuel match amical de football entre les sélections nationales des deux pays, le président de la République a affirmé qu’il «souhaite, bien sûr, que ce match ait lieu et pourrait se tenir en Algérie». Le président de la République a relevé, par ailleurs, que «le terrorisme est derrière nous et ne représente plus un danger pour l’Algérie», regrettant que les étrangers refusent de le constater. «L’islamisme est derrière nous, il ne représente plus un danger politique même s’il subsiste quelques reliquats», a-t-il dit.
L’Algérie une puissance africaine
Le président de la République a également mis en exergue le fait que «l’Algérie est une puissance africaine», rappelant les efforts consentis par l’Algérie pour ramener la paix et la stabilité dans la bande du Sahel, à propos de laquelle il a fait observer que « la dislocation de la Libye a facilité le déplacement d’armes lourdes dans la région». «Le règlement de cette situation passe évidemment par l’Algérie», a affirmé M. Tebboune, indiquant que «si on nous avait aidés dans l’application de l’accord d’Alger de 2015 pour la pacification de cette zone, on n’en serait pas là». «Dans cette crise, l’Algérie a un raisonnement de voisin, elle ne fait pas de géopolitique, comme d’autres», a ajouté le président Tebboune. Exprimant son inquiétude sur le fait que le Sahel s’enfonce dans la misère, il a soutenu que la solution à cette situation «est à 80% économique et 20% sécuritaire»
Karim Aoudia