
«Le développement de la recherche scientifique figure parmi les priorités des pouvoirs publics», a déclaré le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, à l'issue de l'adoption, il y a quelques semaines, par l’APN, de deux projets de loi portant création de l'Académie algérienne des sciences et technologies (AAST) et du Conseil national de la recherche scientifique et des technologies (CNRST).
Contacté, le DG de l'Agence nationale de la valorisation des résultats et de développement technologique (Anvredet), préfère déplacer la question du rayonnement de la recherche aux confins de la diplomatie scientifique et explique que celle-ci vise à «mieux comprendre» et à «renforcer» les liens entre la science, la technologie et les affaires internationales afin de «relever» les défis nationaux et internationaux, tout en affirmant que les intérêts nationaux sont une question de «première importance». Le Dr. Nadjib Drouiche, qui a à son actif une centaine d'articles publiés dans des revues classées par l'ISI, fait savoir que la diplomatie scientifique permet la mise en place de programmes de recherche bilatéraux et multilatéraux ou de grandes infrastructures de recherche qui nécessitent la coopération scientifique d'un certain nombre de pays. Dans ce contexte, il indique que Barcelone (Espagne) a pris les devants en se hissant comme l'exemple le plus convaincant de diplomatie scientifique et technologique menée par les villes. «Elle abrite une multitude d’organisations comme le siège de l'Union pour la Méditerranée, qui regroupe 43 pays d'Europe et du bassin méditerranéen, ainsi que les bureaux régionaux d'organisations internationales pertinentes, telles que le Bureau de l'OMS pour le renforcement des systèmes de santé (OMS/Europe) et le siège mondial du Réseau universitaire mondial pour l'innovation (GUNI). Dans notre pays, on retrouve comme exemple l’université panafricaine PAUWES dans la ville de Tlemcen», souligne le spécialiste. Identifiant les objectifs de la diplomatie scientifique, il précise qu'elle vise à «garantir l'accès» aux chercheur aux résultats de la recherche et aux infrastructures de recherche, aux ressources naturelles et au financement et à «promouvoir» les réalisations du pays en matière de recherche et de développement. Il est question également de «soutenir» la participation à des efforts de recherche à grande échelle qui, autrement, poursuit-il, ne seraient pas «réalistes ou possibles» et enfin de «contribuer à relever les défis mondiaux» tel le changement climatique. Partant du constat que la science, la technologie et l'innovation sont «de plus en plus étroitement liées» aux relations internationales sur des questions transfrontalières, tels le changement climatique ou les pandémies mondiales, Dr. Drouiche considère qu’il existe un «besoin immédiat» de «combler le fossé» entre les communautés scientifiques et diplomatiques. «Cependant, regrettera-t-il, la diplomatie scientifique ne figure pas dans un programme d’enseignement formel et les possibilités de formation restent limitées». Pour le chercheur, il serait donc judicieux d’intégrer des modules théoriques et pratiques de la diplomatie scientifique dans les cursus universitaires du premier et/ou du second cycle et qui peuvent être adaptés par toutes les universités et les programmes académiques dans le pays.
Tahar Kaidi