
L'expert agricole, Ahmed Malha, estime que l'utilisation de l'eau épurée pour l’irrigation constitue «un choix stratégique» de l'État, qui entre dans le cadre d'une «vision globale visant à assurer la sécurité hydrique du pays». Cette vision comprend, selon lui, le dessalement de l'eau de mer, l'acheminement de l'eau du sud vers le nord et la collecte des eaux de pluie, soulignant que 1,5 milliard de mètres cubes d'eau traitée peuvent être récupérée est réutilisée dans l'irrigation de centaines de milliers de terres agricoles à moyen terme. Contacté par nos soins, le spécialiste a mis en avant, l'importance de ce dossier traité par le Conseil des ministres et qui concerne la récupération et le traitement des eaux usées et leur réutilisation dans l'agriculture. «C'est un défi qui vise à trouver d'alternatives pour l'irrigation agricole face au stress hydrique. Les usées épurées peuvent devenir une ressource vitale dans le domaine de l'agriculture qui consomme près de 80 % des ressources en eau», a-t-il expliqué, citant à titre d'exemple le projet de station d'épuration réalisée à Oran, qui irrigue plus de 8.000 hectares de terres agricoles dans la plaine de M'Lata. «Ce projet doit été généralisé à toutes les zones urbaines qui doivent être doté de stations d'épuration», a-t-il ajouté. Il a souligné que les services agricoles comptent actuellement plus de 200 stations d'épuration d'eau au niveau national, «ce qui est, selon lui, insuffisant au regard des besoins nationaux ainsi que des considérations environnementales. «La mise en place d'une station d'épuration est un investissement dans le recyclage de l'eau, qui contribue à la protection de l'environnement en plus d'offrir la possibilité de récupérer et d'utiliser les déchets solides comme engrais dans l'agriculture», rappelle l'expert. De ce point de vue, il qualifie ce choix de «stratégique», puisque selon lui, l'Algérie est capable de produire de 600.000 à 800.000 mètres cubes d'eau traitée. «Avec l'entrée en service des stations à l'arrêt et la réception des projets en cours de réalisation, nous pouvons atteindre 1,5 milliard de mètres cubes qui permettent d'arroser des centaines de milliers d'hectares», a-t-il soutenu. Malha a jugé nécessaire d'accorder davantage d'attention à «l'irrigation intelligente», et d'utiliser les technologies modernes afin d'économiser l'eau et d'accompagner les agriculteurs à travers l'adoption des nouvelles technologies d'irrigation. Il a expliqué que les techniques de traitement des eaux usées comportent plusieurs étapes et cette eau peut être utilisés dans tous les domaines de l'irrigation, qu'il s'agisse de légumes, d'arbres fruitiers ou même de blé. «Les technologies modernes utilisées dans certains pays atteignent des niveaux de filtration très avancés qui permettent d'utiliser les eaux usées traitées dans les habitations également», a-t-il conclu.
Salima Ettouahria