
Le grand prix Assia-Djebar du roman, décerné pour la sixième année, a été attribué, jeudi dernier, à trois lauréats pour leurs œuvres littéraires en langue arabe, amazighe et française.
Ainsi, le grand prix en langue arabe a été attribué à Abdellah Kerroum pour son troisième roman intitulé El Tarhan paru aux éditions Khayal, Muhend Akli Salhi pour Tit d Yilled Ayen I D-Qqarent Tewriqin paru aux éditions Imtidad, et Mohamed Abdellah pour Le vent a dit son nom en langue française paru chez Apic.
Après deux ans de suspension due à la pandémie de coronavirus, la relance de ce prix coïncide avec la célébration du recouvrement de la souveraineté nationale. Ce prix littéraire, devenu depuis son lancement en 2015 une étape incontournable de la scène culturelle algérienne, récompense des œuvres majeures qui s'ajoutent à l'édifice des précurseurs de la littérature algérienne, comme Assia Djebar, la romancière, dont l'écriture a traversé les frontières et remporté les plus grandes distinctions internationales. Consacrant sa vie à la littérature et à la lutte pour la liberté, elle a abordé dans ses œuvres la souffrance de son peuple pendant le colonialisme et axé son travail notamment sur les femmes algériennes. Ce précieux prix récompensant la production littéraire annuelle algérienne, plus précisément, des auteurs algériens, a été remis lors d'une cérémonie organisée au centre international des conférences Abdelatif-Rahal en présence du conseiller du président de la République, Hamid Lounaouci, du ministre de la Communication, représentant du président de la République, de la ministre de la Culture, du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que des responsables d'institutions publiques et figures de la scène culturelle et médiatique.
Dans son allocution, le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, a indiqué que le grand prix Assia-Djebar pour le roman est de retour dans sa sixième édition «sous le patronage et avec une attention particulière du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui accorde un intérêt particulier aux créateurs de l'innovation, l'excellence et la créativité, en donnant à ces gens la place qui leur convient, vivants, soient-ils, ou morts» dira-t-il, ajoutant que cette édition coïncide avec la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l'Algérie et la fête de la jeunesse. «L'espoir est fondé sur les participants à ce concours national et bien d'autres pour continuer et contribuer à enrichir la littérature algérienne et à inspirer le lecteur en marquant de leur empreinte le temps et le lieu.»
Assia Djebbar, a-t-il poursuivi, figure majeure de la littérature algérienne, s’est révoltée contre le colonialisme français à travers la parole et ses «positions constantes» en faveur de l'Algérie. Elle a contribué, à travers ses œuvres littéraires et cinématographiques, au «combat libérateur des Algériens pour l’indépendance et à s’ouvrir sur l’autre». Témoin d’une scène, M. Bouslimani a raconté une répartie d’Assia Djebbar à une question tendancieuse d’un étranger : «Mon parcours que d’aucuns trouvent flamboyant et magistral puise son essence dans ma patrie qui m’a tout donné. Ce que je suis, je le dois à mon pays.»
Pour sa part, la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, a indiqué que «ce genre d'initiative donne à la littérature la place qu’elle mérite et booste la création littéraire pour occuper les meilleures places, que ce soit en Algérie ou ailleurs. Il faut multiplier et encourager ces initiatives pour rendre hommage aux grands noms de la culture et de la littérature qui se sont sacrifiés par la plume pour la cause algérienne, il faut les honorer et leur rendre hommage».
La présidente-directrice générale de l’Entreprise nationale de communication, d’édition et de publicité (ANEP), Siham Derardja, a relevé que cette édition ne s'est pas limitée à la participation algérienne, mais s'est élargie à une participation d’auteurs étrangers.
Pour sa part, le président du jury, Abdelhamid Bourayou, a attesté du haut niveau de l’écriture romanesque des travaux en lice pour la sixième édition qui a connu la participation de 158 romans publiés en Algérie entre 2020 et 2022. «Le niveau de cette édition est différent par rapport aux précédentes. Cela témoigne aussi du développement de la littérature algérienne qui avance bien et impose sa place pour concurrencer des œuvres arabes ou mondiales.» Il a noté l'existence d'une «grande innovation dans les styles d’écriture des candidats, parmi les jeunes auteurs qui ont exploré, pour la plupart, l’histoire de l’Algérie à travers ses différentes périodes, l’identité, le patrimoine la condition des femmes...». Le jury a recommandé, par ailleurs, la traduction des romans primés vers les deux langues nationales ainsi que les langues étrangères.
Kafia Aït Allouache