Conseil des ministre - Sécurité alimentaire : Le défi agricole

Une augmentation d'environ 50 à 60% de la production céréalière en Algérie.
Une augmentation d'environ 50 à 60% de la production céréalière en Algérie.

Depuis l'indépendance, le secteur agricole en Algérie est passé par plusieurs étapes, dont la pire est celle des années 1980,  selon les spécialistes du secteur. Des années durant lesquelles le pays importait tous ses besoins alimentaires de l'étranger, à commencer par les matières de base, telles que le blé et l'orge, jusqu'à la pomme de terre et les artichauts.

Durant les 20 dernières années, et en dépit des gros budgets alloués, les experts estiment que le maintien de la politique d'importation de produits agro-alimentaire, y compris ceux produits localement, a fait qu'un nombre important d'agriculteurs déserte le secteur, en raison des pertes engendrées, que ce soit pour le Trésor, les réserves en devises ou pour les agriculteurs eux-mêmes.
Il est vrai que la politique des subventions dont a bénéficié le secteur agricole durant toutes ces années a contribué à l'essor de certaines filières agricoles, notamment celles de la pomme de terre, des pommes, de la viande blanche, et à l'extension des zones de culture de céréales, et l'ouverture de nouveaux périmètres agricoles.
Les progrès sont restés en deçà des investissements consentis dans le développement du secteur et l'extension de la surface irriguée. Talon d’Achille, les cultures stratégiques représentent la moitié des produits alimentaires importés. Mais, depuis moins de trois ans, avec l'élection du Président Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays, il est devenu clair que le secteur avait besoin de décisions souveraines et de recommandations qui doivent être mises en œuvre sur le terrain, plus qu'il n'avait besoin d'énormes enveloppes financières, et de milliards dépensés sans contrôle et sans étude. En effet, la situation générale dans le monde et la crise des prix des intrants agricoles constituent une préoccupation majeure pour le secteur en Algérie, notamment en ce qui concerne la forte augmentation des prix des semences et engrais agricoles, ainsi que des médicaments agricoles, en particulier, en l'absence d'une banque de semences locale, d'expertise et de techniques de production nationale de semences. La réalité sur le terrain a prouvé que la décision de suspension de l'importation de l'étranger de matières agricoles produites localement, en particulier pendant la période des récoltes, a donné des résultats tangibles, notamment en ce qui concerne l'importation de pommes, d'ail et autres produits agricoles produits localement, ce qui a donné envie aux investisseurs agricoles d'élargir leur investissement dans différentes filières.
La décision du Président d'intégrer la culture et la production de produits agricoles industrielles, tels que le colza, le tournesol, la betterave à sucre et la canne à sucre, a donné des résultats encourageants. En effet, la production de colza entrant dans la fabrication de l'huile de table a atteint un record mondial, avec 35 quintaux à l'hectare, dans certains périmètres de la wilaya de Guelma. Ainsi, la superficie consacrée à la culture de colza va connaître une expansion d'année en année, de même pour la betterave à sucre. Aussi, la création de l'Office des terres agricoles industrielles, dans le Sud, et la limitation des investissements agricoles dans ces oléagineuses et sucrières permettront, d'ici quelques années, de réduire les importations d'huile et de sucre. Cependant, le plus grand défi pour les responsables du secteur est d'atteindre une production de céréales, qui garantit l'autosuffisance en céréales, notamment le blé et d'orge.
Ce qui ne peut être atteint sur le terrain, qu'à travers l'extension des surfaces agricoles irriguées et le soutien des agriculteurs.
Toutes les expériences prouvent que l'irrigation d'appoint garantit un rendement d'environ 35 à 40 quintaux, ce qui garantit une augmentation de la production d'environ 50 à 60% de la production céréalière en Algérie, susceptible de couvrir plus de 70% des besoins en céréales du pays.
La fluctuation que connaît la filière pomme de terre, dont le seuil de production a atteint 50 millions de quintaux, durant plusieurs années, puis la baisse à environ 40 et 35 millions de quintaux, qui est due a la hausse des prix des semences importées et des intrants agricoles nécessitent d'accorder davantage d'attention à cette division, à travers la production de semences localement et l'accélération de la mise en service du projet de complexe de phosphate, qui assurera une production nationale d'engrais agricoles de qualité et à des prix abordables.
Salima Ettouahria

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