
L’échec du référendum d’autodétermination n’est pas une fatalité, mais bien le reflet d’un système de complicités politiques et économiques qui sacrifie la justice sur l’autel des intérêts.
L’ambassadeur Khatri Addouh, invité, hier, avec d’autres participants à intervenir à l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), intransigeant, déclare que «le référendum d’autodétermination demeure l’unique voie légale et légitime» pour résoudre un conflit miné par «cinq décennies d’occupation illégale et de dilatoires internationales».
Le Front Polisario, par la voix de M. Addouh, rejette avec véhémence toute alternative aux résolutions onusiennes, qualifiant les plans d’autonomie marocains de «subterfuge colonial contraire au droit international». La mission de la Minurso, prolongée jusqu’en octobre 2025, symbolise, selon lui, «l’échec criant de la communauté internationale à imposer l’application des décisions du Conseil de sécurité». Cette inertie perpétue «un statu quo illicite», transformant le Sahara occidental en «abcès de fixation géopolitique», a-t-il ajouté.
Diplomatie et complicité criminelles
La solidarité algérienne, présentée comme «un rempart contre un néocolonialisme réactualisé», contraste avec la «trahison historique» de certains États arabes, après les accords d’Abraham et la reconnaissance scandaleuse de la France de la prétendue «marocanité du Sahara». En soutenant l’occupation marocaine, les Occidentaux se rendent complices d’un démembrement territorial flagrant.
Addouh qualifie les tentatives de partition du territoire sahraoui de «crime contre l’intégrité nationale» et illustrent, selon lui, «la déliquescence du droit dans les chancelleries occidentales». Le diplomate a salué le soutien de l’Algérie comme «un pilier de la lutte» contre l’occupation marocaine, affirmant «la permanence politique et juridique de la RASD sur la scène internationale».
Si la cause sahraouie gagne en reconnaissance juridique, notamment la reconnaissance du Polisario comme représentant légitime du peuple sahraoui, et la souveraineté sur les richesses, la realpolitik des puissances historiques, particulièrement l’Espagne et la France, coupables de désengagement complice, entretient l’impunité marocaine. C’est dans ce contexte que l’action diplomatique de l’Algérie dénonce «une complicité systémique», où «les intérêts économiques étouffent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes».
Le pillage économique : crime de guerre structuré
L’exploitation systématique des ressources naturelles sahraouies par le régime du Makhzen et ses partenaires économiques constitue, selon l’ambassadeur, «un pillage prédateur érigé en système». Cette spoliation, documentée comme «crime de guerre imprescriptible» par des juridictions africaines et européennes, «perpétue une économie de prédation coloniale».
Les recours juridiques engagés par la RASD contre les multinationales complices révèlent l’ampleur d’une entreprise criminelle internationalisée. En outre, la reprise des hostilités, depuis 2020, confirme l’échec des mécanismes de paix et des plans marocains de colonisation forcée. Les ripostes ciblées du Polisario sont la traduction armée d’un «déni de justice prolongé».
Pour le diplomate, cette conflictualité latente, «alimentée par le refus de Rabat d’honorer ses engagements», fait du Sahara occidental «une poudrière où toute étincelle pourrait provoquer l’embrasement régional». Cinquante ans après, la question sahraouie incarne «le naufrage moral du multilatéralisme». L’acharnement à nier l’autodétermination d’un peuple, couplé au pillage de ses richesses, constitue une tache indélébile sur la conscience internationale.
Le report perpétuel du référendum et la tolérance envers l’occupant marocain font des institutions internationales des outils de légitimation d’un crime contre l’humanité. Sans un sursaut immédiat de la communauté internationale pour imposer le droit, le conflit sahraoui demeurera «la preuve vivante de la faillite éthique de l’ordre mondial postcolonial», a martelé Addouh.
T. K.