
Le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, a présidé, hier à Alger, le lancement d’une session de formation au profit des journalistes de la presse électronique. Cette session, qui a regroupé plus d’une quarantaine de journalistes, a été organisée par le ministère de la Communication, en étroite collaboration avec l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de l’information ainsi que le Centre international de journalisme.
Lors de l’allocution d’ouverture, le ministre a souligné que le choix de la presse électronique comme thème de la formation « traduit, en fait, tout l’intérêt accordé par l’Etat à la numérisation et aux médias alternatifs qui sont désormais une particularité et un impératif dans la gestion des affaires aussi bien publiques que privées ». « Le monde d’aujourd’hui est un monde électronique par excellence auquel il faut s’adapter à travers la préparation des outils nécessaires et des conditions adéquates comme la formation et le recours à un système juridique efficace et participatif », a-t-il également relevé. M. Bouslimani fera observer dans ce sillage que l’institution d’une loi consacrée à l’organisation de la presse électronique au lieu du texte réglementaire actuellement en vigueur, traduit l’attachement de l’Etat à promouvoir cette activité en établissant de nouvelles dispositions légales garantissant le libre exercice de cette activité dans le respect de la loi et en renforçant le professionnalisme qui est « tributaire du respect des règles et de la déontologie de la profession », a-t-il précisé.
«L’Etat mise sur les sites électroniques»
L’accent sera mis par ailleurs sur le fait que l’Etat mise sur les sites électroniques algériens pour s’acquitter pleinement de leurs missions et contribuer, aux côtés des autres médias nationaux, à défendre nos constantes et institutions et à accompagner le processus de l’Algérie nouvelle, tout en faisant face aux allégations tendancieuses visant notre pays. « L’utilisation à des fins subversives de certaines plateformes et sites électroniques à l’instar de ceux visant notre pays de manière systématique, met en évidence la nécessité de prendre en charge ce domaine sensible », a encore déclaré le ministre, qui rappelle que l’Etat fait de la numérisation « une priorité ». L’objectif est d’améliorer la performance des institutions, assurer la transparence et la bonne gouvernance, et protéger le pays des pratiques malsaines, a-t-il affirmé. M. Bouslimani, qui a toujours insisté sur la formation des journalistes, a assuré que cette session qui vient après celles organisées dans le domaine de la communication institutionnelle, sera suivie par d’autres formations, toujours au profit des professionnels de la presse tant au niveau central que local, et ce conformément aux dispositions de la loi organique relative à l’information, mettra-t-il en avant, en réitérant que l’un des objectifs majeurs assigné à l’organisation des sessions de formation est « le professionnalisme », aux côtés de « la crédibilité ». C’est dans ce cadre d’ailleurs que M. Bouslimani appellera les participants à ces sessions à faire preuve de « responsabilité » afin de « parvenir à une presse électronique professionnelle et crédible, œuvrant aux côtés des autres médias », à fournir un travail proactif pour faire face aux défis auxquels l’Algérie est confrontée, mais aussi à mettre en relief les réalisations de notre pays et promouvoir son image à l’international. Il convient de signaler également qu’à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le ministre de la Communication a présenté ses félicitations à « l’ensemble de la corporation médiatique », en lui souhaitant « davantage de réussite et de succès ». Etalée sur trois jours consécutifs, cette formation traitera de «plusieurs axes en lien avec le travail journalistique, internet, ainsi que les techniques utilisées dans la production de contenus numériques, avec, également, une présentation des meilleurs programmes et applications utilisés dans ce domaine », a-t-on appris sur site.
Soraya Guemmouri
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Paroles d’experts :
«La maîtrise des techniques de rédaction, un impératif»
Les formateurs présents ont relevé toute l’importance de la maîtrise de l’outil digital, qui devient aujourd’hui un impératif, s’accordent-ils à dire. « Les jeunes s’intéressent actuellement de plus en plus à l’information qu’on retrouve sur le support digital. Il est donc important de maîtriser les techniques de la presse électronique afin d’aller de l’avant et d’être dans une stratégie offensive et non pas défensive », a soutenu M. Ardjoun Samir, enseignant à l’Ecole nationale supérieure de journalisme. Approché par la presse nationale, l’expert s’exprimera notamment sur le volet législatif en notant que « la loi organique de 2012 avait déjà abordé la mise en place d’un système d’information électronique». Cela étant dit, a-t-il précisé, « le nouveau texte dernièrement adopté par le Parlement est revenu avec une certaine profondeur sur la mise en place d’une législation électronique. La législation a pris en considération l’orientation sociétale ; le média étant le porte-parole de la société ». Selon lui, on se situe maintenant dans une phase d’apprentissage pour pouvoir bientôt arriver à la maturité souhaitée dans le domaine de l’acceptation de la presse électronique. Par ailleurs et en réponse à une question relative aux perspectives de la presse électronique, dans notre pays, ce formateur évoquera deux grands défis, le premier est relatif à la maîtrise du volet économique de ce nouveau domaine d’activité. En d’autres termes, il faudrait que chaque média puisse compter sur soi et pour cela, l’expert préconise « la mise en place d’un modèle économique fiable car il est question de disposer d’une certaine indépendance financière ». Le deuxième défi concerne le renouvellement des publics et sortir du contexte classique. Plus explicite, il affirme que « le défi sera donc de passer progressivement du public traditionnel au public de la presse électronique, en œuvrant à récupérant le public traditionnel. Cet objectif est lui aussi aisément à notre portée et ce, en se basant sur les différentes techniques qu’offre le digital », a-t-il soutenu. Approchée également, Mme Lamoudi Malika, maître de conférences à la même école supérieure, a elle aussi insisté sur les mutations que connaît le monde actuellement ainsi que la place de plus en plus accrue, voire prépondérante, de la presse électronique. Seulement voilà, détaille-t-elle, « le travail journalistique dans le domaine numérique a des caractéristiques bien définies, voire des techniques, et la maîtrise de ces nouvelles donnes est à même de procurer de la visibilité à l’espace numérique et au site électronique qu’on doit alimenter au quotidien. Le Pr Lamoudi finira son intervention en observant qu’après la révolution industrielle, l’humanité est actuellement en train de vivre aujourd’hui la révolution numérique ; c’est pourquoi nous n’avons d’autre choix que de maîtriser cet outil technique en plus des compétences rédactionnelles, bien entendu. « Cela n’est plus un choix. C’est plutôt une obligation », a-t-elle soutenu.
Soraya G.