
Le développement du numérique en Algérie, vecteur de progrès et de modernisation, s'accompagne d'une recrudescence inquiétante de la cybercriminalité. Les tentatives d'escroquerie en ligne se multiplient et se complexifient, ciblant aussi bien les citoyens que les institutions publiques. Face à ce fléau qui menace la confiance numérique et l'économie nationale, les pouvoirs publics sonnent la mobilisation générale. Un communiqué d'Algérie Poste, publié samedi dernier sur sa page Facebook officielle, a de nouveau mis en lumière l'ampleur du phénomène.
L'entreprise publique a alerté sa clientèle contre des pages frauduleuses sur les réseaux sociaux qui usurpent son identité pour faire miroiter de faux concours et des promotions fictives. L'objectif de ces manœuvres est de dérober les informations personnelles et bancaires des usagers. Algérie Poste a été formelle : aucune campagne de ce type n'est en cours, invitant les citoyens à la plus grande prudence et à signaler systématiquement ces tentatives d'arnaque via ses plate-formes officielles. Cet avertissement est loin d'être un cas isolé.
Il s'inscrit dans un contexte de hausse exponentielle des délits sur internet. Les services de sécurité font état d'une augmentation annuelle de la cybercriminalité de l'ordre de 15%. Pour les seuls dix premiers mois de 2024, pas moins de 2.700 affaires ont été traitées par la Gendarmerie Nationale, dépassant déjà le total de l'année 2023 qui s'élevait à 2.400 cas. Les cybercriminels déploient des trésors d'ingéniosité pour piéger leurs victimes. L'hameçonnage, ou "phishing", reste l'une des techniques les plus répandues.
Elle consiste à tromper l'internaute par le biais de courriels, de SMS ou de publications sur les réseaux sociaux pour l'inciter à divulguer ses données sensibles : mots de passe, numéros de cartes bancaires, ou encore les informations de sa carte Edahabia. Le commerce électronique, en plein essor, est également un terrain de chasse privilégié pour les escrocs.
De faux sites de vente et des pages sur les réseaux sociaux proposent des produits à des prix attractifs, mais les commandes ne sont jamais livrées après paiement, ou les articles reçus ne correspondent en rien à ce qui a été commandé. Récemment, les services de la Sûreté de la wilaya de Sétif ont démantelé un vaste réseau qui opérait via 69 comptes frauduleux sur diverses plate-formes, faisant de nombreuses victimes à travers le pays. Ces actes délictueux ne causent pas uniquement des préjudices financiers aux citoyens, qui se voient parfois dépossédés de leurs économies.
Ils sapent également la confiance dans les services publics et les outils de paiement électronique, essentiels à la modernisation de l'économie nationale. L'utilisation frauduleuse de l'application BaridiMob et de la carte Edahabia, par exemple, constitue une entrave directe aux efforts de l'État pour promouvoir l'inclusion financière et dématérialiser les transactions.
Conscient de la gravité de la menace, l'État a adopté une stratégie de lutte multidimensionnelle.
M. M.