Abdelaziz Medjahed, Directeur de l’Institut des études stratégiques globales : «L’Algérie doit réévaluer ses relations avec certains pays»

Ph. Louiza M.
Ph. Louiza M.

Intervenant lundi à la radio, Abdelaziz Medjahed, directeur de l’Institut national des études stratégiques globales (INESG), a déclaré que le silence du Conseil de la sécurité quant aux agissements marocains, n’est autre que l’illustration parfaite de l’esprit néo-colonialiste qui anime certains de ses membres plus soucieux de préserver le statut-quo que d’œuvrer à la recherche de solutions. L'invité du Forum de la Chaîne I, explique que l’agression marocaine et la dérive guerrière ne sont qu’une tentative du régime Makhzen de détourner l’opinion publique locale d’une situation sociale interne on ne peut plus insupportable. L’ancien conseiller du Président chargé des questions sécuritaires et militaires ajoute que la crise qui a éclaté à Guerguerat «a également mis à nu l’attitude de certains pays arabes et musulmans quant à la défense des droits des peuples opprimés et révélé au grand jour la nature de leur double discours».
Qualifiant la situation de très inquiétante, l’intervenant dénonce «la position honteuse de la France, pays qui se revendique de l’héritage de la philosophie des droits de l’homme, mais qui «continue de porter le casque d’une puissance néocoloniale et d’appuyer ouvertement les visées expansionnistes du Rabat ».
M. Abdelaziz Medjahed s’est dit «étonné de constater que des Etats puissent ouvrir des consulats et représentations diplomatiques alors qu’aucun de leur citoyen ne se trouve dans la région» ironisant sur le fait que «dans une tentative désespérée de gagner en influence politique, le Makhzen finance l’ouverture de consulats et bafoue le droit international».
Le directeur de l’INESG explique dans ce contexte, que suite aux positions de certains pays par rapport à l’agression marocaine «l’Algérie doit réévaluer ses relations avec certaines capitales pour reconsidérer la nature des changements et l’émergence de nouvelles alliances, dans un contexte géopolitique des plus changeants». Il regrette, par ailleurs, «la vulnérabilité du peuple sahraoui» qui doit plus que jamais «souder ses rangs pour faire valoir son droit d’autonomie et d’indépendance».

Le peuple sahraoui doit souder ses rangs

S’agissant du rôle de l’INESG dans le dessein de futures perspectives et la réflexion sur les métamorphoses que vit le pays dans tous les domaines M. Medjahed souligne «qu’il est nécessaire de réfléchir à trouver des réponses sur les origines de la divergences qui caractérise les élites algériennes». Des divergences qui ont eu pour résultat une certaine polarisation dans les positions des uns et des, «ce qui a accentué la radicalisation et le refus du dialogue et ainsi la recherche d’un compromis et d’un dialogue inclusif». «L’élite algérienne fait aujourd’hui face à une lourde responsabilité historique pour élaborer une vision claire sur l’avenir du pays» explique le directeur de l’INESG, reconnaissant «l’échec de l’intelligentsia qui est restée absente quand il fallait mettre fin aux dérives d’une certaine classe politique».
Dans ce cadre M. Medjahed appelle «à entreprendre une révision générale de ce qui a été réalisé au cours des dernières décennies pour ensuite corriger les dérives et défaillances dans notre système politique, social et économique» en se réunissant «sur les principes fondamentaux de la démocratie, de la dignité et du droit, que le peuple algérien a revendiqués lors de son Hirak ; ce ne sont que les piliers de la bonne gouvernance pour l’enracinement de la culture citoyenne et du sens civique».
Tahar Kaidi

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