50 sites classés sur la liste «Ramsar» en Algérie : Un bouclier anticarbone

Chaque année, la Convention de Ramsar propose à tous les intervenants de construire leur événement autour d'un thème commun. Pour cette année, le thème retenu concerne «Les zones humides et le bien-être humain».
 
Faisant référence à ses travaux sur les zones humides dans l'Oranie, le Pr Ahmed Kerfouf qualifie les zones humides de «véritable réservoir de biodiversité». «Avec un pouvoir d'épuration très important, filtrant les polluants, elles sont un élément de renouvellement des nappes phréatiques et stockent naturellement le carbone, et contribuent à limiter l'impact des activités humaines émettrices de CO2», explique-t-il, relevant que les zones humides réduisent l'érosion, en particulier sur le littoral, et protègent des crues et des sécheresses par leur capacité à accumuler l'eau et à la restituer en période sèche.
Pour lui, les bienfaits des zones humides sont nombreux et elles sont «très utiles» à la survie des écosystèmes et à la lutte contre le réchauffement climatique. Et d'ajouter : «Il s'agit de véritables infrastructures naturelles du fait qu'elles constituent, entre autres, des puits de carbone extrêmement efficaces, en retenant près de 30% de tout le carbone terrestre, soitdeux fois plus que les forêts au niveau mondial. Les ZH sont des remparts contre les effets du dérèglement climatique, notamment l'érosion du littoral, les inondations et la sécheresse, mais aussi des réservoirs d'eau potable, des filtres naturels améliorant la qualité de l'eau, et des refuges pour la biodiversité.» 
Le chercheur indique que «les zones humides contribuent au bien-être humain de différentes façons, outre le bien-être psychologique et le bien-être environnemental». Il rappelle que l'autorité de la Convention de Ramsar en Algérie est la direction générale des forêts (DGF) et informe dans ce contexte que de par la superficie classée, près de 3 millions d'hectares, l'Algérie est le 3e pays en Afrique, après le Botswana et la Tanzanie, et occupe la 8e place dans le monde, derrière le Canada, la Russie, l'Australie, le Brésil, et le Pérou et les trois pays africains.
Pourtant, de nombreuses menaces pèsent sur les ZH, regrette l’universitaire, qui indique que ces zones sont détruites à un rythme «sans précédent». «Privés parfois de leur eau par des pompages excessifs ou par la construction irréfléchie de barrages, ces sites sont même complètement drainés au profit de l'agriculture», regrette-t-il, soulignant au passage le «fort impact» sur la disponibilité d'eau pour les zones humides naturelles, la pression humaine sur les ressources en eau, surtout en été, mais surtout l'urbanisation anarchique, les effets du tourisme et l'impact des activités industrielles. Le Pr Kerfouf constate une «réelle» volonté de renverser cette tendance et déclare que l'Algérie, en tant que «partie contractante» à la Convention de Ramsar, se préoccupe de la sauvegarde et la gestion rationnelle de ces milieux et cherche à «développer durablement» leurs aspects socio-économiques.
Qualifiant les ZH d’«écosystèmes essentiels» qui améliorent le bien-être humain, il estime qu'il est de «notre responsabilité» de prendre soin, de protéger et de soutenir la préservation des zones humides. Et d’ajouter : «La restauration des ZH est essentielle pour surmonter la crise du climat et de la biodiversité et atteindre les objectifs de développement durable dans l'intérêt de tous.»
 
Tahar Kaidi 
 

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