
Cette saison, trois clubs de Ligue 1 ont été rachetés par des sociétés nationales : Mobilis s'est offert la JSK, Sonelgaz l'ESS et Hyproc Chipping Compagny le MCO. Ainsi, avec l'acquisition de la majorité des actions du Mouloudia d'Oran, Sonatrach, déjà propriétaire du MCA, devient propriétaire, par la voie de ses filiales, de quatre clubs de l'élite.
Même si l'idée est de sauver les clubs de la faillite, il n'en demeure pas moins que cela reste contraire aux statuts de la FIFA. Pour des raisons évidentes d'éthique et d'intégrité de la compétition, le "Multi-club Ownership" est interdit. La LFP va-t-elle fermer les yeux sur la question et cautionner cette infraction aux règlements ? C'est très probable.
Lancé dans la précipitation, le projet de professionnalisation du football national constitue incontestablement un échec. Du moins, pour ce qui est du modèle adopté. Sensé développer le mode de gestion des clubs et leur offrir plus de perspectives, il s’avère un véritable gouffre financier, un peu plus d'une décennie plus tard. Faute de véritables investisseurs, de projets sportifs et économiques sérieux, mais surtout d'une gestion consciencieuse et responsable, les clubs algériens, transformés à l'occasion en sociétés commerciales, se sont vite retrouvés otages de petits actionnaires insolvables. Dans l'incapacité de faire face aux énormes dettes, engendrées par des dépenses pour le moins excessives, ils ont fini par conduire leurs SSPA respectives à la faillite. Toutes les grandes écuries en ont fait les frais. Les exemples de l'USMA, du CRB, de l'ESS, de la JSK du MCO sont éloquents. Il a fallu une décision politique pour sauver les meubles et offrir une sortie de crise à une bonne partie des clubs professionnels sans avoir recours aux dispositions drastiques du code du commerce. Ainsi, on a fait appel aux grosses sociétés nationales, à l'image de Serport, Madar, Mobilis, Sonelgaz ou encore Sonatrach et ses filiales pour le rachat des clubs, avec toutefois un risque sur leurs équilibre financier. À en croire les propos du président de la LFP, d'ici la saison prochaine, toutes les formations seront rachetées par des entreprises nationales. Ceci pour mettre fin aux disparités et à l'injustice en termes de financement. Cependant, les sociétés capables de supporter l'énorme masse salariale des équipes de football ne sont pas nombreuses. La raison pour laquelle la Sonatrach et ses filiales sont de plus en plus sollicités. Aujourd'hui quatre équipes de Ligue Une (MCA, CSC, JSS et MCO) appartiennent à cette firme où a ses démembrements. Ce qui est contraire aux règlements FIFA.
Le Multi-club Ownership est interdit dans le football
En effet, le Multi-club Ownership est interdit dans le football. L'article 20 paragraphe 2 des statuts de l'instance internationale est claire sur la situation. "En outre, l'association membre doit s'assurer qu'aucune personne physique où morale (holding et filiales comprises) ne contrôle de quelque manière que ce soit (en particulier par le biais d'une participation majoritaire, d'une majorité des droits de vote, d'une majorité des sièges au conseil d'administration ou de quelque autre forme de dépendance économique ou autre) plus d'un club lorsque cela risque de porter atteinte à l'intégrité d'un match ou d'une compétition."
Le MCO existe, notamment en Europe et en Amérique latine. Par sa Holding City Football, Manchester City est propriétaire aujourd'hui de 11 clubs à travers le monde. C'est aussi le cas pour RedBull, qui investit beaucoup dans le sport de haut niveau. Cependant, les équipes appartenant à un même propriétaire ne participent pas à la même compétition ou n'exercent pas dans un même championnat national. En Espagne, le Real et le Barça disposent de deux équipes seniors professionnelles. Néanmoins, leurs teams bis respectifs évoluent en division inférieure. Quand bien même ces secondes formations terminent en tête du classement de la Segunda Division, elles n'auront pas le droit d'accéder en Liga pour ne pas risquer de fausser le jeu.
M. S. N.