Le Sahara algérien, souvent perçu comme une simple mer de dunes, est, en réalité, un territoire d’une incroyable diversité. Le Sud et le grand Sud alternent entre paysages volcaniques, comme le massif du Hoggar, plateaux lunaires du Tassili n’Ajjer, regs pierreux et ergs majestueux, où surgissent parfois de superbes oasis.
Chaque voyage dans cette région est une immersion au cœur d’une nature brute et d’une histoire millénaire. La saison idéale pour découvrir ce joyau s’étend d’octobre à fin avril, car le climat y est plus clément. Cette période se caractérise par de fortes variations de température entre le jour et la nuit. Et c’est, justement, pour faire découvrir toutes les facettes de cette immensité, que l’Office national algérien du tourisme (Onat) a lancé une campagne de promotion, pour valoriser, cette fois, les richesses touristiques de la Saoura.
Il faut dire que cette région est un véritable carrefour de civilisations. Les ksour y témoignent des anciennes routes caravanières, les mausolées et gravures rupestres racontent l’histoire de l’humanité depuis le paléolithique et la vie locale rythme l’expérience des visiteurs avec ses traditions, sa musique et son artisanat. Balades à dos de dromadaire, ski sur les dunes, bivouac dans d’immenses contrées ou dégustation de plats traditionnels font partie intégrante de l’expérience saharienne dans cette région. De plus, le patrimoine naturel et culturel y est exceptionnel : palmeraies luxuriantes, ksour historiques, gravures rupestres, faune et flore uniques. L’artisanat, riche en techniques et décorations, illustre la créativité et l’histoire des habitants, et constitue un produit culturel capable de séduire les visiteurs étrangers. En outre, il faut souligner que le Sahara algérien est une terre de diversité culturelle. Les zaouïas, lieux de spiritualité et de savoir, les ksour et mausolées, ou encore les villages traditionnels, offrent aux voyageurs un mélange unique de découverte historique et culturelle.
Les visiteurs peuvent explorer des sites emblématiques, comme Taghit, Beni Abbès, Timimoun ou Djanet. Les circuits touristiques incluent, désormais, la visite des vieux ksour, des gravures rupestres et des oasis emblématiques, et permettent aux voyageurs de comprendre le mode de vie saharien, tout en participant à des activités authentiques et immersives. Ainsi, à Saoura, cinq merveilles s’offrent spontanément à celui qui s’y aventure : le vieux ksar aux ruelles de terre battue, la palmeraie verdoyante qui longe l’oued, les gravures rupestres millénaires, les activités sahariennes, comme le dromadaire ou le ski sur dunes, et, enfin, les bivouacs sous un ciel constellé d’étoiles.
Sécurité, innovation et communication : les clés pour l’avenir
Selon bon nombre d’experts en la matière, bien que la sécurité soit la condition première de tout développement touristique, et que l’Algérie ait déployé des efforts et moyens conséquents pour garantir des séjours dans les meilleures conditions, la réussite du Sahara comme destination internationale dépend également de l’innovation et de la communication.
«La transition numérique via des plateformes dédiées aux touristes et investisseurs, la promotion sur les réseaux sociaux et la création de contenus immersifs sont essentielles, pour renforcer l’attractivité et l’image du pays», affirme, dans ce contexte, Hakim Harchi, voyagiste, gérant de l’agence Dam Tours. Pour lui, tous les visiteurs étrangers, qu’il prend en charge, «soulignent la diversité des paysages, la richesse culturelle et la chaleur de l’accueil». Aussi, «avec une stratégie cohérente, des investissements ciblés et une communication puissante, le Sahara algérien pourrait devenir un moteur de croissance et un symbole du rayonnement culturel de l’Algérie. Mais, pour cela, il faut investir intelligemment, former correctement les professionnels et structurer l’offre touristique, pour qu’elle soit durable et attractive», a-t-il tenu à préciser.
Hakim Harchi ira plus loin, en estimant que le Sahara algérien, avec ses mille facettes, demeure un joyau encore trop peu exploité, prêt à offrir aux visiteurs, une expérience inoubliable, à condition que les acteurs publics et privés unissent leurs efforts, pour le mettre en valeur. Un constat partagé par Dali Mohamed, chargé de communication de l’association de tourisme saharien algérien (ATLEDE), qui indique que cette «région magnifique se heurte encore à des défis majeurs, notamment environnementaux. Le manque de propreté urbaine et les comportements inciviques nuisent à l’image d’une région pourtant exceptionnelle».
Il explique que depuis 1999, l’association ATLEDE s’engage à faire découvrir cette terre de caractère. Elle propose visites, nuitées dans le désert, expériences culinaires, soirées folkloriques et rencontres littéraires. Son objectif : révéler un Sahara authentique, solidaire et respectueux de l’environnement, tout en donnant aux habitants les clés, pour apprécier, préserver et valoriser leur propre patrimoine. Il précise, dans ce contexte, que le Sahara algérien n’est pas seulement une destination : «C’est une expérience. Un dialogue entre le voyageur et l’infini. Une invitation à ralentir, à ressentir, à contempler.» Soit tout un programme !
Un immense potentiel encore sous-exploité
Le tourisme saharien, qui ne représente aujourd’hui qu’environ 2% du PIB hors hydrocarbures, constitue toutefois l’un des leviers les plus prometteurs, pour diversifier l’économie algérienne, réduire le chômage et attirer des investissements. Malgré la beauté incomparable de ses paysages et la profondeur de son patrimoine culturel, le Sud algérien demeure encore méconnu et insuffisamment valorisé. Plusieurs facteurs freinent son essor : procédures de visa parfois complexes, infrastructures hôtelières inégales, coût élevé du transport intérieur et promotion internationale encore limitée.
Pourtant, les signaux de reprise sont particulièrement encourageants. La saison 2024-2025 a enregistré 47.000 touristes étrangers, selon la ministre du Tourisme, et l’Office national du tourisme parle d’une «saison exceptionnelle», avec plus de 186.000 visiteurs (nationaux et étrangers), au premier trimestre. Le ministère souligne que la contribution combinée du tourisme et de l’artisanat atteint 350 milliards de dinars, avec l’ambition de faire passer la part du secteur à environ 6% du PIB. Près de 280 agences opèrent, aujourd’hui, dans la promotion du tourisme saharien, signe d’un tissu professionnel en expansion.
Une demande croissante et des défis persistants
Les voyagistes confirment une forte hausse de la demande internationale. Dès le mois d’août, des réservations affluent pour la saison 2025-2026, venant d’Europe, d’Asie ou encore d’Amérique. Les circuits proposés deviennent plus variés : excursions en 4×4, bivouacs, randonnées chamelières, expériences musicales touarègues, ateliers artisanaux. De nouvelles destinations émergent également.
Certaines agences qualifient El-Oued de «nouvel eldorado touristique», tandis que les circuits traditionnels et sites emblématiques de Tamanrasset, Djanet, Timimoun, Beni Abbès et Ghardaïa restent très prisés. L’ONAT note d’ailleurs que 24 wilayas du grand Sud sont désormais concernées par le développement touristique, signe d’un élargissement progressif de l’offre.
Visas et sécurité : une facilitation encadrée
La facilitation du visa à l’arrivée constitue une avancée, mais reste encadrée : la procédure nécessite de passer par des agences agréées et les groupes sont souvent accompagnés d’escortes de sécurité. Une mesure rassurante pour certains tour-opérateurs, mais restrictive pour les voyageurs indépendants. Le secteur fait également face à des défis structurels : infrastructures encore limitées dans certaines zones, dépendance aux camps temporaires et activités informelles. Les agences locales regrettent en outre la suppression de la réduction de 50% sur les vols vers le grand Sud, une décision d’Air Algérie qui renchérit les séjours.
Pour les voyagistes sahariens, cette réduction était importante pour rendre la destination plus accessible aux touristes, notamment étrangers. Malgré ces obstacles, des agences locales et internationales structurent une offre saharienne de plus en plus professionnelle. Beaucoup défendent un modèle durable : camps légers, respect des écosystèmes, valorisation de l’artisanat et recours aux guides touaregs. Le manque d’infrastructures permanentes, souvent perçu comme un frein, devient pour certains une opportunité d’offrir un tourisme d’aventure plus authentique, fidèle à l’esprit du Sahara. Au-delà des chiffres et des ambitions affichées, le Sahara algérien révèle surtout un potentiel immense encore en devenir. Terre d’histoire, de beauté brute et d’hospitalité, il ne demande qu’à être pleinement révélé.
La dynamique enclenchée, ces dernières années, remarquée par la montée du nombre de visiteurs, la diversification des circuits et la structuration progressive du secteur, montre que la transformation est possible. Mais, pour que cette promesse devienne réalité, selon ces experts, un impératif demeure : unir les efforts, investir intelligemment et préserver ce patrimoine fragile. En conclusion, on peut dire que le Sahara a aujourd’hui la possibilité de se révéler comme une destination attractive et durable, capable de valoriser son immense potentiel naturel et culture,l tout en générant des retombées économiques significatives pour le Sud algérien.
A. Z.