Un colloque scientifique national a été organisé, récemment, à la salle de conférence de la mosquée Ibn-Badis d’Oran, à l’occasion du quatrième anniversaire de la disparition du moudjahid Cheikh Ayad Bouabdelli.
L'événement, organisé par le laboratoire des études maghrébines, en collaboration avec la famille du défunt, sous le haut patronage du ministère des Moudjahidine et des ayants droit, a réuni des autorités locales, des universitaires, des historiens, des compagnons de lutte du moudjahid, ainsi que des membres de sa famille. Dans son allocution d’ouverture, le Pr Hamid Aït Habbouch, directeur du Laboratoire des études maghrébines, a souligné l’importance d’un tel rendez-vous scientifique qui s’inscrit dans le devoir de mémoire et la transmission du legs de nos aînés aux générations futures. De son côté, le journaliste Morad Boutagine, représentant de Mohamed Maouch, président de la fondation de l’équipe du FLN, a rappelé le rôle des sportifs militants pendant la guerre de libération. le défunt moudjahid a été un témoin actif de l’époque où nos joueurs et nos militants, à travers leurs performances sportives, portaient haut le drapeau algérien en exil, notamment en Tunisie et en Irak. Dès 1975, l’Algérie a pu obtenir sa première médaille grâce à ces pionniers.
Leur parcours reste intimement lié à l’histoire du combat national, a-t-il déclaré. Pour sa part, le directeur des Affaires religieuses et des Wakfs de la wilaya d'Oran, Lakhdar Kadri, a rendu un hommage appuyé à la mémoire du disparu : «Ces figures de savoir et de combat ont sacrifié leur vie pour que l’Algérie vive libre et digne. Leurs noms doivent rester gravés comme une promesse : celle de préserver l’héritage des martyrs et de maintenir l’Algérie au sommet, forte et respectée parmi les nations.» En marge du colloque, la famille du défunt et les organisateurs ont honoré plusieurs personnalités présentes, parmi lesquelles, l’ancien ministre des Affaires religieuses Bouabdallah Ghlamallah ainsi que le wali d’Oran, M. Samir Chibani. Moudjahid, journaliste, intellectuel, haut cadre de l’État et cheikh de zaouïa, Ayad Bouabdelli a marqué l’histoire nationale de son empreinte, bien que son parcours demeure peu connu auprès des jeunes générations. Né en 1922 et décédé le 5 octobre 2021 à l’âge de 99 ans, il fut l’un des acteurs essentiels du mouvement national.
Ancien élève de la médersa de Tlemcen, il a acquis une double culture arabe et française, en plus d’une formation coranique solide héritée de son père, cheikh Sidi Bouabdellah, chef de la zaouïa de Béthioua. Après des études, il se lance dans le journalisme avant de rejoindre en 1955 les rangs du FLN. Dès 1956, il intègre l’équipe rédactionnelle d’El Moudjahid aux côtés de Frantz Fanon, Réda Malek et Ali Haroun, contribuant à faire barrage à la propagande coloniale.
Au lendemain de l’indépendance, il occupe divers postes de responsabilité : chef de la police régionale, président de la commune de Béthioua, puis directeur de l’usine sidérurgique d’Oran. Il succède en 1992 à son frère à la tête de la Zaouïa Bouabdellia, institution spirituelle et intellectuelle de référence dans l’ouest algérien. Aujourd’hui, le Cheikh Ayad Bouabdelli repose au cimetière familial de Béthioua, laissant derrière lui un héritage moral, intellectuel et spirituel inestimable. Son parcours, à la fois celui d’un homme de foi, d’un militant et d’un intellectuel, reste un repère et une source d’inspiration pour l’Algérie d’aujourd’hui et de demain.
A. S.