Oran : de grands chantiers hydrauliques

Dans une région où la gestion de l’eau constitue un enjeu pour accompagner son développement économique et la satisfaction des besoins de la population, l’Oranie, particulièrement Oran, s’impose aujourd’hui comme un laboratoire national de la sécurité hydrique. Grâce à des investissements publics massifs, portés par une volonté politique affirmée de l'État, de grands projets structurants ont vu le jour, à commencer par les stations de dessalement d’El Mactaâ et de Cap Blanc.

s réalisations traduisent une stratégie à long terme, qui vise à garantir l’approvisionnement en eau potable des populations, soutenir l’agriculture, sécuriser l’industrie et, plus largement, asseoir la souveraineté nationale par la maîtrise de l’or bleu. La station de dessalement de l’eau de mer (SDEM) d’El Mactaâ, mise en service à l’est d’Oran, est aujourd’hui l’une des plus importantes infrastructures de la méditerranée. Sa production atteint actuellement 420.000 m³/jour, avec un objectif de 500. 000 m³/jour à la fin du programme de maintenance progressive engagé par la Société algérienne de l’énergie (AEC). Depuis janvier 2025, cette installation a injecté près de 84.652.080 mètres cubes dans les réseaux de l’Algérienne des eaux, alimentant en particulier l’est de la wilaya d’Oran et la wilaya de Mascara. Une contribution qualifiée de «très importante» par les autorités locales, tant elle participe à stabiliser l’approvisionnement en eau dans une région densément peuplée. Mais c’est surtout avec la mise en service de la station de Cap Blanc, inaugurée février dernier par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, que l’Oranie franchit un nouveau cap. Située à l’ouest d’Oran, cette station dispose d’une capacité de 300.000 m³/jour et vise à couvrir les besoins en eau de près de 3 millions de personnes.

Son raccordement au réseau de distribution d’AEP, via un dispositif comprenant 50 km de conduites, deux réservoirs (50.000 et 30.000 m³) et deux stations de brise-charge, permettra d’assurer une alimentation continue et renforcée de la capitale de l’Ouest et de plusieurs wilayas environnantes. Cap Blanc n’est pas seulement une réponse conjoncturelle à la rareté de l’eau : elle est un levier stratégique, capable de soutenir durablement les secteurs agricole et industriel. En pleine mutation climatique, marquée par des sécheresses prolongées, l’usine représente un atout majeur pour la sécurité alimentaire, en assurant l’irrigation de milliers d’hectares, mais aussi pour l’économie nationale, les grandes unités industrielles.

La stratégie hydraulique ne se limite pas au dessalement. L’État mise aussi sur la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation agricole. C’est le cas du projet de la station d’épuration d’Oued Tlélat, dont les travaux sont bien avancés. À terme, elle permettra d’exploiter les eaux traitées pour irriguer plus de 8 000 hectares de plaines, tout en créant des emplois locaux et en améliorant la qualité environnementale. Ce projet s’inscrit dans la logique d’une gestion intégrée des ressources hydriques, conciliant eau potable, agriculture et développement durable. De même, des projets de raccordement comme celui de la partie supérieure de Mers El Kébir renforcent la couverture des besoins domestiques dans les zones hautes, jusqu’ici difficiles à alimenter. À travers ces réalisations, Oran se positionne comme un pôle stratégique de la politique hydraulique nationale.

Les stations d’El Mactaâ et de Cap Blanc, associées aux projets d’épuration et de distribution, traduisent un engagement clair de l’État : faire de la sécurité hydrique un pilier de la sécurité nationale. Dans un contexte mondial où l’eau devient une ressource rare et disputée, l’Algérie inscrit son effort dans une vision prospective : garantir à ses citoyens, ses agriculteurs et ses industriels un accès durable à l’eau, condition première du développement et de la stabilité.

A. S.

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