
Le Représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies à New York, l'ambassadeur Nadir Larbaoui, a participé jeudi au débat ouvert du Conseil de sécurité de l’ONU consacré à «La sécurité alimentaire et les conflits», qui s'est tenu sous la présidence du Secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, dont le pays assure la présidence mensuelle du Conseil de sécurité.
L’ambassadeur n’a pas manqué d’emblée de présenter, au nom du Gouvernement algérien, au Secrétaire d’Etat et, à travers lui, au Gouvernement des Etats-Unis, ses remerciements et sa haute considération pour l'aide supplémentaire que les Etats-Unis ont décidé de fournir aux pays africains, en plus de l'aide alimentaire d'urgence qu'ils se sont engagés à fournir pour atténuer les répercussions de la crise en Ukraine sur les pays bénéficiaires, en plus des répercussions de la pandémie de Covid-19. Dans son intervention, l'ambassadeur a attiré, par ailleurs, l'attention des participants sur le fait que l’étendue de la question de la sécurité alimentaire et des conflits varie d'une région à l'autre, et que l'Afrique est l'une des régions les plus fragiles, dans la mesure où bon nombre de ses habitants souffrent du fléau des conflits et des crises connexes.
Et d’ajouter que la majorité des pays africains ne figure pas dans la catégorie des pays dans lesquels la proportion des personnes souffrant de malnutrition est inférieure à 2,5% de la population totale, selon le classement du Programme Alimentaire Mondial des Nations unies au cours de la période 2018-2020.
Le Représentant permanent de l'Algérie a indiqué que l'instabilité au Sahel et dans la Corne de l'Afrique affecte grandement la sécurité alimentaire des pays de ces régions et de leurs populations, et est à l'origine de l'augmentation de l'insécurité alimentaire, soulignant dans ce contexte les efforts de l’Algérie visant à fournir l'aide alimentaire nécessaire aux pays voisins du Sahel et à réaliser des projets de développement afin d’améliorer les conditions de vie de la population et assurer leur sécurité alimentaire. Il a également souligné la nécessité de prendre des mesures intégrées pour briser l'interdépendance entre les conflits et l'insécurité alimentaire en garantissant l'accès à la nourriture pour tous et en veillant à ce que les causes profondes de l'insécurité alimentaire soient traitées, en particulier celles liées au développement durable, à l'éradication de la pauvreté, au renforcement des chaînes de production et de distribution. Dans le même contexte, le Représentant permanent de l'Algérie a souligné un certain nombre de solutions pratiques pour réduire ce phénomène, à travers notamment la nécessité de respecter le Droit International Humanitaire et le Droit International des Droits de l'Homme pour réduire l'insécurité alimentaire et prévenir les famines et la construction de la paix grâce à des solutions durables qui brisent les cycles de violence. Il a également plaidé pour une réponse multisectorielle, considérant que la lutte contre la malnutrition nécessite l'intervention de plusieurs secteurs tels que la santé, l'eau et l'éducation, appelant à la mise en place de partenariats impliquant tous les acteurs, y compris le secteur privé et les ONG, afin d'alléger le fardeau humanitaire des crises.
L'ambassadeur algérien a également insisté sur le développement des systèmes agricoles et d'alimentation locale et d’en faire une locomotive de la croissance économique avec le soutien des pays en développement, en particulier ceux qui se trouvent dans des zones de conflit, tout en soulignant l'importance du respect des obligations concernant la lutte contre les effets des changements climatiques, considérés l'une des principales causes de malnutrition dans le monde.
En conclusion, il a suggéré que la seule façon de rompre le lien entre les conflits et l'insécurité alimentaire, c’est de mettre fin aux crises et de réaliser les objectifs du développement durable conformément à l'Agenda 2030. Il a également exhorté le Conseil à travailler plus étroitement avec l'Assemblée Générale et le Conseil Economique et Social pour promouvoir des solutions de développement qui répondent aux besoins essentiels des personnes en situation de conflit et une approche intégrée pour s'attaquer aux causes profondes des conflits.
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193 millions de personnes confrontées à la famine
L'augmentation des niveaux d'insécurité alimentaire due aux conflits a incité le Conseil de sécurité à adopter la résolution 2417 en mai 2018. Cette dernière reconnaît la façon dont les conflits contribuent à la faim, par les effets directs de la guerre, tels que le déplacement des terres agricoles ou des pâturages et la destruction des actifs agricoles, ou indirectement en perturbant les marchés et en augmentant les prix des denrées alimentaires, entre autres.
Le Rapport mondial annuel sur les crises alimentaires (GRFC), publié plus tôt ce mois-ci, montre que la faim dans le monde, principalement causée par les conflits, continue de s'aggraver.
En 2021, près de 193 millions de personnes ont été confrontées à des niveaux de crise de la faim, ou pire, dans 53 pays et territoires en raison de conflits et d'insécurité, de chocs économiques et de conditions météorologiques extrêmes.
Les conflits ont été le principal moteur de cette faim pour 139 millions de personnes dans 24 pays et territoires. Il s'agit d'une nette augmentation par rapport à 2020, lorsque les conflits étaient le principal moteur de la faim pour 99 millions des 155 millions de personnes qui souffraient alors de faim aiguë.
La note conceptuelle américaine pour le débat affirme qu'«une forte augmentation de l'insécurité alimentaire mondiale menace de déstabiliser les sociétés fragiles et d'exacerber les conflits armés et l'instabilité régionale».
Plus de 60% des personnes confrontées à la faim dans le monde vivent dans des zones de conflit armé, telles que le Yémen, la Corne de l'Afrique, le Soudan du Sud et la Syrie.