Manœuvres dilatoires du Maroc, rayonnement diplomatique du Front Polisario : Quand le Makhzen s’égare dans les sables

Pour le Président Abdelmadjid Tebboune, «l’escalade dangereuse que connaît le conflit au Sahara occidental n’est que la résultante de décennies de politique de blocage et de ralentissement systématiques des plans de règlement, de contournement du processus de négociations et de tentatives récurrentes d’imposer le fait accompli dans le territoire d’un Etat membre fondateur de l’UA.»
En dépit des manœuvres dilatoires du Makhzen, le rayonnement diplomatique du Front Polisario s’illustre par des succès marquants, avançant inexorablement ses pièces dans l’échiquier politique international en Afrique, en Amérique latine et dans l’Union européenne, où l’on indique un soutien sans précédent, qui s’élargit avec l’établissement de relations diplomatiques avec des pays attachés à la légalité internationale et au droit à l’autodétermination et à la souveraineté de la RASD.
Sur le terrain de la reconnaissance juridique, un des points forts a été sans doute l’arrêt rendu par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, sur la nécessité de trouver une solution permanente à l’occupation marocaine du Sahara occidental. L’arrêt, qui va au bout de la logique de la décolonisation, considère la cause sahraouie comme une question africaine, en attente de recouvrer sa souveraineté nationale.
Cette victoire diplomatique engage le Continent dans une voie qui conforte un des fondements de la légalité internationale, en faveur du peuple sahraoui dans sa lutte pour ses libertés fondamentales. C’est un précédent judiciaire en Afrique, qui annonce les prémices d’une dynamique juridique d’envergure à caractère d’obligation contre des pays du Continent tentés de faire entorse au droit incontestable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.
Par cet arrêt, d’une importance capitale, la Cour africaine s’inscrit en phase avec la Cour internationale de justice et la Cour de justice de l’Union européenne. «Non, comme a tenu à le rappeler le président péruvien, Pedro Castillo Perrones, devant l’Assemblée générale de l’ONU, les territoires sahraouis ne sont pas vacants et encore moins une propriété du royaume chérifien.»
Par certaines dispositions nouvelles, la Cour va plus loin, en soulignant, en termes exemplaires, ce qu’a été le droit à l’autodétermination dans l’histoire des peuples africains, pour démontrer le caractère violent et impétueux de l’occupation militaire du Sahara occidental par le Maroc.
La marche victorieuse de la RASD sur le terrain diplomatique s’illustre, notamment, par un intérêt international nouveau quant au destin du peuple sahraoui crédité de nouvelles reconnaissances et des relations diplomatiques qui s’ajoutent à la longue liste des pays amis. Cette série de victoires remportées par la RASD a été inaugurée par le rapprochement avec la Colombie, le Pérou, le Kenya et le Soudan du Sud. Le Kenya avait, pour sa part, assuré officiellement sa position sur la République sahraouie, en respect de la Charte de l’Union africaine et de la résolution 690 du Conseil de sécurité des Nations unies qui reconnait le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, à travers l’organisation d’un référendum libre et juste dirigé par l’ONU et l’UA. Dès sa création, le Front Polisario a amorcé une étape charnière dans l’histoire de la lutte du peuple sahraoui en décidant, le 20 mai 1973, de déclencher la lutte armée, pour affirmer son attachement à sa juste cause et annoncer la rupture avec une période de domination coloniale, s’érigeant ainsi en modèle de lutte parmi les mouvements de libération de par le monde.
La décision annoncée par le Front Polisario, le 30 octobre 2019, à l’issue de l’adoption de la résolution 2 494 (2019), par le Conseil de sécurité, concernant le réexamen de sa participation au processus de paix des Nations unies, constitue une décision cruciale, où le peuple sahraoui a décidé de prendre les rênes et de rompre définitivement avec un processus dont l’objectif est le maintien du statu quo, comme l’avait affirmé le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et coordinateur avec la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), l’ambassadeur Sidi Mohamed Omar.

Rachid Lourdjane

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