
Un double attentat suicide à l'aéroport de Kaboul, revendiqué par le groupe terroriste Daesh, a fait, selon un bilan provisoire, 85 morts et plus de 160 blessés, dont 13 soldats américains, exacerbant encore la panique à quelques jours de la fin programmée des évacuations de personnes cherchant désespérément à fuir le régime taliban.
L’attentat, mené par des kamikazes à la tombée du jour, alors que des milliers d'Afghans étaient toujours massés aux portes de l'aéroport dans l'espoir d'être évacués à l'étranger, a laissé des scènes de chaos et de désolation.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de victimes, mortes ou blessées, étendues dans les eaux saumâtres d'un canal d'égout, entourées de secouristes débordés et démunis. Hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions.
La double explosion a tué au moins treize soldats américains et en a blessé dix-huit autres, selon le Pentagone. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis septembre 2011. Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et visiblement secoué, le Président américain Joe Biden a réagi en promettant de «pourchasser» et de «faire payer» les auteurs de l'attaque. «L'Amérique ne se laissera pas intimider», a-t-il lancé d'un ton martial.
Ce premier attentat meurtrier depuis le retour au pouvoir des talibans le 15 août intervient à quelques jours du départ du pays des troupes américaines, prévu le 31 août, après vingt ans de guerre infructueuse contre les islamistes.
M. Biden a rendu hommage aux soldats tués, «des héros (...) engagés dans une mission dangereuse et altruiste pour sauver d'autres vies», et il a fait savoir que les Etats-Unis allaient «poursuivre l'évacuation». Selon Washington, qui s'attend à ce que les attaques de Daesh «continuent», cet attentat a été mené par deux kamikazes, suivi d'une fusillade. Sous le nom d'ISKP (Etat islamique Province du Khorasan), Daesh a revendiqué certaines des attaques les plus sanglantes commises ces dernières années en Afghanistan, faisant des centaines de morts.
Les Occidentaux ont condamné l'attentat, en soulignant qu'il ne devait pas empêcher la poursuite des évacuations massives, qui ont à ce jour permis de faire partir 100.100 personnes, selon les dernières données publiées jeudi soir par la Maison- Blanche. Le nouveau régime taliban, via son porte-parole Zabihullah Mujahid, a «fermement condamné ces attentats à la bombe», tout en soulignant qu'ils étaient survenus dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine.
Selon des sources militaires, l'une des explosions s'est produite à proximité d'Abbey Gate, l'un des trois points d'accès à l'aéroport.
Les Etats-Unis et plusieurs de leurs alliés avaient conseillé, mercredi dernier, aux milliers de personnes tentant d'entrer dans l'enceinte de l'aéroport de Kaboul pour y être évacués, de quitter la zone : «Ne vous rendez pas à l'aéroport international Hamid-Karzai de Kaboul», a écrit tard mercredi soir le ministère britannique des Affaires étrangères sur son site internet. «Il y a une menace élevée et permanente d'attaque terroriste», a-t-il souligné.
Les mises en garde ont été inhabituellement précises : les personnes «se trouvant actuellement aux entrées Abbey, Est et Nord devraient partir immédiatement», a indiqué le département d'Etat américain, parlant de «menaces sécuritaires», sans autre précision.
De son côté, le ministère australien des Affaires étrangères a mentionné une «menace très élevée d'attentat terroriste». Tout comme Londres, l'Australie a conseillé de ne pas se rendre à l'aéroport et, s'adressant aux personnes déjà sur place, elle leur a recommandé de «se rendre dans un lieu sûr et d'attendre des informations supplémentaires».
R. I.
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Guterres convoque les membres permanents du Conseil de Sécurité
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a convoqué jeudi les membres permanents du Conseil de sécurité pour une réunion sur la situation chaotique en Afghanistan après l'attentat à Kaboul, selon des diplomates.
Antonio Guterres a invité dans une lettre les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, et la Chine à une réunion lundi, ont précisé ces diplomates à la presse.
Certains pays membres permanents du Conseil de sécurité avaient évoqué depuis plusieurs jours la possibilité d'une telle réunion, ont-ils précisé.
Les cinq membres sont attendus cependant à la réunion de lundi. Un porte-parole du secrétaire général a confirmé la tenue de la réunion, à laquelle ne participeront pas les 10 membres non permanents actuels du Conseil de sécurité.
Antonio Guterres a également condamné les attentats-suicides revendiqués par le groupe terroriste Daesh. APS
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Réactions internationales
Condamnation unanime
L'Otan, de nombreux pays dans le monde entier et les talibans ont condamné le double attentat meurtrier mené jeudi à l'aéroport de Kaboul, revendiqué par le groupe Daesh que Washington a menacé de représailles.
Le président Joe Biden a promis de «pourchasser» les auteurs du double attentat et de les faire «payer», et affirmé que «l'Amérique ne se laissera pas intimider». Il a ordonné aux responsables militaires «de développer des plans opérationnels pour frapper les cibles, la hiérarchie et les installations» de Daesh en Afghanistan.
Joe Biden a estimé qu'il n'y avait pas de preuve d'une «collusion» entre les talibans et le groupe Daesh dans l'attaque.
L'ancien Président américain Donald Trump a dénoncé une tragédie qui «n'aurait jamais dû avoir lieu». Les talibans ont condamné «fermement» l'attaque, tout en soulignant qu'elle était survenue dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine. «L'explosion a eu lieu dans une zone où les forces américaines sont responsables de la sécurité», a souligné leur porte-parole Zabihullah Mujahid.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné «fermement cet attentat terroriste horrible», tout en soulignant que la priorité restait «d'évacuer autant de gens que possible vers un environnement sûr, le plus rapidement possible». Le président du Conseil européen Charles Michel a également appelé à continuer les évacuations depuis l'aéroport sécurisé par les Etats-Unis. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné «les attaques lâches et inhumaines à l'aéroport de Kaboul». La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un attentat «absolument ignoble». «Il s'agit d'une situation très, très tendue pour faire sortir les gens du pays», a-t-elle souligné.
Pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, cette attaque montre «l'importance de continuer ce travail (d'évacuation) de la manière la plus rapide et la plus efficace possible dans les heures qui nous restent».
«Les actes des terroristes ne nous arrêteront pas», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab. La Russie a condamné «avec la plus grande fermeté» l'attentat, a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Les prédictions pessimistes estimant que des groupes terroristes, avant tout l'EI, allaient sûrement profiter du chaos en Afghanistan, se confirment», a indiqué M. Peskov. La Chine, voisine de l'Afghanistan, a également «fermement condamné» vendredi l'attentat, se disant «choquée par ces explosions» et appelant les parties concernées à «garantir la sécurité du peuple afghan et des citoyens étrangers». La Turquie a condamné, pour sa part, «une attaque haineuse», alors que l'Iran a fait part de sa «profonde tristesse», condamnant «qu'on s'en prenne à des citoyens afghans sans défense ainsi que toute opération terroriste visant des femmes, des jeunes et des enfants», selon un communiqué du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh.