
Plus d’un milliard d’euros ont été promis, lundi 13 septembre à Genève, pour soutenir l’Afghanistan, qui affronte une situation dramatique. Sécheresse, pénurie d’argent liquide, interruption de l’aide étrangère... Un mois après la prise de pouvoir des talibans, le pays est au bord du gouffre économique et social.
C’est un désastre humanitaire qui va s'aggraver dans les mois qui viennent si aucun plan n'est mis en place. À ce jour, la nouvelle administration talibane n’a aucun moyen de faire face à la crise. Les talibans sont privés de liquidités après la suspension des financements de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Banque centrale américaine. L’économie est au point mort, dans un pays qui était soutenu à bout de bras par les institutions internationales, plus de 60% de son budget non militaire provenant de l'étranger.
Comble du drame, souligne le coordinateur médical de Médecins sans frontières (MSF) en Afghanistan, Tankred Stoebe, la santé fait partie des secteurs les plus durement 1313touchés. «Les établissements médicaux et les hôpitaux qui pouvaient pratiquer des soins gratuitement sont aujourd'hui obligés de faire payer les patients, parce que ces hôpitaux n'ont plus aucune source de financement, alors que leurs patients sont eux-mêmes en train de perdre leur emploi et que le prix des denrées de base s'envole. Il y a un énorme fossé entre les besoins de la population et les moyens des services de santé qui s'écroulent. » D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), faute de ressources, plus de 2 000 centres médicaux répartis sur l’ensemble du territoire afghan ont dû interrompre leur activité la semaine dernière, alors que le ministère taliban de la Santé n'a pas été pourvu et que c’est à l'équipe nommée par le gouvernement précédent d’administrer les affaires courantes.
Dans ces conditions, les talibans en sont réduits à supplier les ONG internationales de ne pas quitter l'Afghanistan, car ce sont elles, relate Tankred Stoebe, qui assurent aujourd’hui la continuité du système de santé. «Chaque jour à MSF, dans les cinq régions où nous travaillons, nous recevons des listes provenant de tout le territoire, explique-t-il. Aujourd'hui, ce qu'on nous demande relève du travail ministériel : comment gérer un hôpital, quelles sont les règles de gouvernance, fournissez-nous des stocks de médicaments, de l’oxygène, de quoi payer nos salaires, de l’essence pour faire tourner les groupes électrogènes, du personnel qualifié pour la maintenance».
La semaine dernière, les Nations unies estimaient qu’à ce rythme, 97% de la population afghane pourrait tomber sous le seuil de pauvreté d'ici l'été 2022.
R. I.