
Salah Goudjil a noté que le 20 août est aussi la date de célébration de la Journée du moudjahid, et tous ces évènements sont liés avec l’histoire de l’ANP. La Journée du moudjahid correspond au 20 août 1955 en référence à l’offensive du Nord-Constantinois et au Congrès de la Soummam. Ces évènements interviennent suite à la célébration de la date du recouvrement de l’indépendance. «On a assisté à un défilé militaire exécuté par l’ANP le 5 juillet, suite à quoi il y a eu une rencontre à l’Académie militaire de Cherchell, où d’autres images de l’ANP ont été révélées, ce qui est une fierté pour le peuple algérien», ajoute-t-il. Tous ces évènements sont liés à notre histoire, insiste Goudjil. Ce dernier mentionne que depuis l’élection d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence de la République, la priorité a été donnée à la mémoire et aux principes grâce auxquels «on a obtenu l’indépendance». Ces référents demeurent vivaces en matière économique et de politique ou encore des relations internationales, informe-t-il. Goudjil souligne que cette année a été dense en activités et en célébrations, ajoutant que la révolution a été jalonnée de périodes importantes à partir de novembre 1954. Toutes les régions du pays n’avaient pas à disposition des armes, hormis les Aurès. Il explique que l’existence de l’Organisation secrète, activant de 1947 jusqu’en 1950, a été découverte par les forces coloniales et il y a eu réunion pour décider de geler l’Organisation par crainte de la dissolution du MTLD et que le seul militant qui a refusé ce gel est Mustapha Ben Boulaïd, qui était membre du comité central. Il est demeuré sur ses positions et les militants poursuivis se sont réfugiés aux Aurès, à l’instar de Rabah Bitat, Zighout Youcef et Bentobbal ou encore Benaouda. Goudjil rappelle que lors de la réunion du Groupe des 6, a été prise la décision de déclencher la Révolution à travers tout le territoire et il y a eu aussi la création des six wilayas. Au déclenchement de la Révolution, toutes les forces coloniales étaient concentrées aux Aurès y compris la Légion étrangère et les tirailleurs tunisiens, marocains et sénégalais. Le tabor marocain Mais il y a eu aussi le tabor marocain qui a été ressuscité après avoir été dissous suite à la Seconde Guerre mondiale, et des Marocains sont mobilisés pour réprimer la révolution dans les Aurès. Ben Boulaïd a créé un groupe de volontaires pour s’opposer au tabor marocain. Après le retour de Mohamed V, l’organisation est dissoute et ses éléments ont quitté l’Algérie. Le 20 août il y a eu aussi une solidarité avec Mohamed V, le roi du Maroc, pour réclamer son retour au trône, dit Goudjil. Ce dernier explique que pendant 10 mois, il y a eu des contacts avec Chihani Bachir qui a contacté Zighout Youcef et ils ont tenté de trouver une solution pour desserrer l’étau sur l’Aurès, ce qui a donné lieu à l’offensive de 1955 dans le Nord-Constantinois avec ses batailles. Il fait remarquer qu’avant cette date, le colonialisme voulait présenter les moudjahidine comme des fellaghas venus de Tunisie, et après le 20 août ce mensonge n’a plus eu cours et «on nous appelait alors les hors-la-loi». Goudjil présente le Congrès de la Soummam comme une autre étape importante, rappelant que le Groupe des six avaient décidé qu’une réunion devait se tenir une année plus tard pour évaluer les résultats de la révolution. La réunion n’a pas eu lieu suite au décès de Didouche Mourad, et Ben Boulaïd et Bitat étaient détenus. Ce ne sont pas toutes les wilayas qui avaient participé au congrès pour diverses raisons, est-il expliqué et la rencontre devait avoir lieu avant le 20 août. Le Congrès a pris la décision d’expliciter la Proclamation du 1er novembre et a adopté des principes sur l’action extérieure et la participation des instances nationales politiques et sociales, car tous les partis n’étaient pas prêts à soutenir la révolution. Ensuite, Ferhat Abbas et son parti et les oulémas ont rejoint la révolution ainsi que les communistes. Lors du congrès, il a été décidé la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur et il y a eu débat sur ces points. «On était des politiques et nous avions pris des armes. On ne pouvait pas dissocier les fronts intérieur et extérieur car ils étaient complémentaires. On a dépassé ces différends», explique Goudjil. Ce dernier rappelle qu’en 1957, il y a eu le congrès du Caire et c’était un congrès rassembleur. «Djeich-Chaâb, khawa khawa» Toutes les wilayas et tous leurs responsables étaient présents avec 54 présents membres de la direction de la révolution contre 34 membres au congrès de la Soummam. Boudiaf, Ben Bella, Khider, Aït Ahmed, qui étaient détenus étaient aussi membres au CCE qui comprenait 9 membres. Goudjil préconise : «Il faut parler de tous ces problèmes qui n’ont pas entravé la révolution qui a triomphé.» Goudjil note que du côté de la France, il y a eu aussi des problèmes avec 6 gouvernements qui se sont succédé pendant la révolution et il y a eu la chute de la IVe République. Goudjil fait un parallèle avec la capacité du peuple à surmonter les différends pendant la révolution, comme ce fut le cas lors du hirak, car malgré des difficultés «on est parvenu à organiser une élection présidentielle et à adopter la Constitution». Le président du Conseil de la nation a évoqué le rôle de l’ANP lors de cette période, rappelant le slogan «Djeich-Chaâb, khawa khawa» et évoque la nécessité d’affronter les menaces extérieures. Cette période est très sensible pour l’Algérie au niveau régional et international car le monde change, et grâce à la solidarité et à l’union «on est apte à surmonter ces difficultés dans un contexte où chaque partie élabore ses propres priorités». «On est en phase d’édification d’une véritable démocratie avec l’indépendance de la justice pour garantir les droits des citoyens et citoyennes et des partis politiques, et si le peuple leur accorde la majorité ils peuvent former un gouvernement en cohabitant avec le président de la République», dit-il. Les décisions prises par le Président lors de sa rencontre avec la presse lors de laquelle il a dressé les priorités sur le plan économique sont aussi rappelées. Goudjil explique qu’il y a nécessité d’accompagner l’indépendance politique de l’indépendance économique, pour ne pas être tributaire de l’étranger et ne pas subir de pressions. Pour les causes justes L’unification des rangs en Algérie est aussi évoquée par Goudjil, et ce suite à l’appel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il poursuit en disant que la voix de l’Algérie est écoutée en Afrique et ailleurs dans le monde, et ce au moment où l’on s’achemine vers la tenue du Sommet arabe. «On soutient le principe d’autodétermination et l’Algérie ne s’ingère pas dans les affaires internes des pays. On soutient la Palestine depuis des années et on n’a pas changé notre position et c’était le cas même avant l’indépendance. On va réunir les factions palestiniennes et on souhaite le retour à l’unité pour déterminer un seul objectif de création de l’Etat de Palestine, selon les frontières de 1967 avec Al Qods comme capitale. Il faut réunir les rangs palestiniens comme c’était le cas pour l’Algérie pendant la révolution», préconise-t-il. «L’entité sioniste est alliée avec le Maroc, et l’Algérie est menacée à partir du Maroc et les autorités marocaines n’ont pas réagi. Un ambassadeur à l’ONU s’ingère dans les affaires internes de l’Algérie avec de dangereuses déclarations, et le roi du Maroc n’a pas réagi. Il y a eu appel à la réouverture des frontières, mais il faut rappeler les raisons qui ont conduit à la rupture des relations. On n’a pas de problème avec le peuple marocain. Lorsqu’on a combattu la France on faisait la distinction entre la France et le peuple français. J’élabore un distinguo entre le peuple marocain et le makhzen», dit Goudjil. «Le problème se concentre autour du Sahara occidental. Le Maroc dit que le Sahara est marocain et la France disait que l’Algérie était française. En 1991 le Maroc avait adopté le principe d’organisation d’un référendum. Il y a eu des rencontres avec Chadli Bendjedid pour aboutir à l’autodétermination et si le peuple choisit l’indépendance il faut respecter sa décision. L’Algérie avait accepté un référendum en 1962 et c’est toujours la même revendication qui est réclamée», note Goudjil. «On n’a aucun problème avec le peuple frère marocain. Il faut être franc et dire la vérité, et il y a des désinformations contre l’armée et le président de la République», ajoute-t-il. Il rappelle aussi la décennie noire, annonçant que l’Algérie continue de contrer le terrorisme et que grâce à l’ANP il y a une protection des frontières. Les terroristes attaquent l’Algérie à partir de la Libye en évoqueant l’attaque contre le complexe de Tiguentourine. «On a honoré les officiers de l’ANP, des moudjahidine et des victimes du terrorisme et l’action du Président est importante dans ce cadre», a-t-il déclaré. Il faut une commission nationale spécialisée dans l’écriture de l’histoire A propos de la mémoire, il y a lieu d’insister sur le fait que personne ne peut nous enseigner notre histoire y compris les Français. On n’attend pas la production des autres sur notre histoire car nous la connaissons bien. Il faut une commission nationale spécialisée dans l’écriture de l’histoire et elle doit être composée d’historiens algériens qui recueillent des témoignages des moudjahidine et on s’attend à une synthèse pour établir un programme d’éducation dans le domaine de l’histoire et nos enfants du primaire à l’université doivent connaître l’histoire de l’Algérie», explique-t-il. Goudjil évoque le dossier libyen. Il indique que les problèmes ont trop duré. «On a la même position. On ne s’ingère pas dans les affaires internes et il faut des élections pour un choix des responsables sous les auspices de l’ONU. De nombreux pays s’ingèrent dans les affaires internes de la Libye», remarque-t-il. Au Mali, l’accord d’Alger est important car il y a eu des rencontres et on est parvenu à des résultats, mais d’autres parties dressent des écueils devant ces solutions, ajoute-t-il. L’Algérie est un pays non aligné et c’était déjà explicité par le Président Boumediène. Le non-alignement doit retrouver ses principes pour que sa voix soit entendue dans les fora internationaux. L’Algérie a un rôle dans ce sens car notre histoire est connue dans le Mouvement des non-alignés. Sur le plan économique, Goudjil souligne que le président a ouvert ce dossier conformément à son programme qui a établi des priorités pour parvenir à l’autosuffisance. «On n’a pas d’endettement extérieur et il faut préserver cet acquis», dit Goudjil, ajoutant qu’«on est à l’abri des pressions, on a voté la loi sur l’investissement et le président a insisté pour l’adoption des décrets d’application rapidement ; il y a d’autres démarches qui seront adoptées bientôt ». Le secteur public et privé et l’investissement étranger sont des instruments disponibles, auxquels s’ajoutent des accords avec l’Italie et la Turquie, et il y a un marché libre avec l’Afrique pour des échanges avec ce continent convoité par d’autres nations. «Le libre-échange a besoin d’autres infrastructures comme le transport et des institutions comme les banques. La méthode adoptée est très importante dans ce sens ; l’Algérie sera exemplaire dans divers domaines et elle surprendra tout le monde, et nous sommes fiers des positions de l’Algérie dans tous les domaines», poursuit-il. Sur l’action parlementaire, Goudjil note que le Parlement active dans de bonnes conditions et ce quotidiennement et «nous devons nous adapter au changement notamment en ce qui concerne nos orientations. Le Parlement a un rôle, et des lois importantes sont prévues. A quoi s’ajoute la diplomatie parlementaire, car il y a une complémentarité avec l’Exécutif. Les parlementaires ont la liberté de parole et nous avons des relations avec les Parlements d’autres pays et des organisations qui nous unissent. L’Algérie conserve sa crédibilité, et en début septembre, il y aura l’ouverture de la session parlementaire que nous sommes en train de préparer. L’Algérie nouvelle impose un renouvellement des concepts et leur adaptation au contexte international», conclut Goudjil.