Chargé par le président de la République, Attaf au Nigeria, au Bénin et au Ghana : Concertations avec des pays membres de la CEDEAO sur le Niger

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, entame, à partir d’hier, des visites de travail au Nigeria, au Bénin et au Ghana, indique un communiqué du ministère.
«Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Ahmed Attaf, chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, entamera, à partir d'aujourd'hui, des visites de travail en République fédérale du Nigeria, en République du Bénin et en République du Ghana, pour effectuer des concertations avec ses homologues de ces pays, membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)», lit-on dans le communiqué.
Les concertations porteront sur «la crise au Niger et les moyens de la prendre en charge, à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d'une éventuelle escalade de la situation», ajoute le document.

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Attaf à Abuja :
«Cristalliser une solution pacifique pour garantir le retour à l’ordre constitutionnel»

Ahmed Attaf est arrivé hier soir à Abuja (Nigeria), où il a effectué des concertations avec son homologue nigérian, M. Yusuf Tuggar, indique un communiqué du ministère.
Les entretiens entre les deux parties ont porté, selon la même source, sur "les développements de la crise en République du Niger et les perspectives de renforcement des efforts visant à cristalliser une solution pacifique de nature à garantir le retour à l'ordre constitutionnel et à éviter au pays les risques imprévisibles d'une intervention militaire".
Dans ce contexte, "les deux parties ont échangé des informations et des analyses sur les efforts diplomatiques déployés par les deux pays pour contribuer à mettre fin à cette crise dans leur voisinage commun, saluant, à ce propos, les initiatives prises par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et son homologue nigérian, M. Bola Ahmed Tinubu, en sa qualité de président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)", note le communiqué.
Les deux ministres "sont convenus de poursuivre et de renforcer la coordination entre les deux pays les prochains jours, afin d'exploiter toutes les opportunités disponibles en faveur de la solution politique et n'en manquer aucune pour assurer le rétablissement de la sécurité et de la stabilité au Niger de manière durable", conclut la même source.

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Avant que l’irréparable ne soit commis

Face à la crise politico-militaire au Niger, l'Algérie a condamné officiellement le coup d'Etat du 26 juillet dernier et n'a cessé de mettre en garde contre toute action militaire qui risque d'embraser toute la région du Sahel et de l'Afrique du Nord, déjà «plombée» par une instabilité qui perdure depuis des années en Libye et des turbulences récurrentes au Mali.  Le pacification par la voie du dialogue politique demeure la solution la plus appropriée au Niger, auquel il faudrait absolument éviter les conséquences dramatiques d'une intervention militaire sur son sol, ce qui, de l'avis d’experts avertis, ne pourrait que compromettre, d'une part, les chances de voir ce pays frontalier avec l'Algérie renouer très vite avec l'ordre constitutionnel, et provoquer, d'autre part, l'implosion de toute la région. Faire prévaloir une solution politique négociée au Niger est l'objectif de la tournée entamée depuis hier par Ahmed Attaf. 
 Cette visite intervient après que les chefs d'état-major des États de la Cedeao ont établi récemment à Accra, au Ghana, les détails opérationnels de l'action militaire dite de rétablissement de l'ordre constitutionnel au Niger. 
La réaction de l'Algérie ne s'est pas fait attendre. «A un moment où l'intervention militaire au Niger se précise, l'Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d'une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l'ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin», a indiqué en premières lignes un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. «L'Algérie demeure, en effet, animée d'une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n'ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n'ont pas été épuisées», a ajouté la même source. 
 
Une solution pacifique est encore possible au Niger 
 
Des experts géopolitiques considèrent que les chefs d'état-major des États de la Cedeao ont fait dans la précipitation en planifiant, lors de leurs réunions à Accra, les contours d'une intervention militaire au Niger. «Il est clair que la Cedeao peine à trouver la bonne formule politico-diplomatique du compromis», a indiqué en effet le Dr Arslan Chikhaoui, expert géopolitique, estimant en outre qu' «il y a une précipitation de certains pays membres de la CEDEAO qui agit sous pression d'acteurs de puissance non régionaux afin de déployer sa force militaire et créer un nouveau théâtre de guerre en parallèle de celui qui est sur le continent européen. Le jeu d'influence et de concurrence entre les acteurs extrarégionaux de puissance (France, Etats-Unis, Chine et Russie) en raison des richesses en minerais stratégiques du Niger s'affirme clairement à travers la déclaration finale du Sommet de la CEDEAO à Accra», a-t-il analysé. Or l'option d'une résolution pacifique de la crise au Niger a toutes les chances d'aboutir avant que l'irréparable ne soit commis dans ce pays frère et voisin et avec lequel l'Algérie partage un tracé frontalier long de 915 km.  Eu égard à sa position de leader régional et de par sa riche expérience en médiation et en résolution pacifique des conflits, l'Algérie peut peser de son influence et faire valoir la justesse de vision pour éviter le pire au Niger. A travers l'histoire contemporaine, les interventions militaires n'ont fait qu'embourber les pays qui y sont des réceptacles comme tel a été le cas au Cambodge, au Laos, au Vietnam, l'Afghanistan, l'Irak, le Yémen, la Libye et d'autres. S'agissant du Niger, et dans le cas d'une intervention militaire, celle-ci induira, selon les experts «l’expansion des groupes terroristes dans toute la région du Sahel, ralentira tout élan de développement économique régional et augmentera le déplacement des populations, et par conséquent, le flux migratoire clandestin et son corollaire le narcotrafic».
 
Karim Aoudia 

 

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