La sécurité des journalistes et la liberté d'expression dans le monde ont connu un recul «historique» ces treize dernières années, en raison, notamment, de l'augmentation des attaques dont font l'objet les journalistes, tant dans la vie réelle qu'en ligne, a relevé l'Unesco dans un nouveau rapport.
Le rapport de l'Unesco concerne les tendances mondiales en matière de liberté d'expression et de développement des médias 2022-2025, publié tous les quatre ans par l'organisation onusienne. Au cours de la période étudiée (2022-2025), 186 journalistes ont été tués, alors qu'ils couvraient des guerres et des zones de conflit, soit une augmentation de 67 % par rapport à la précédente période couverte par le rapport (2018-2021). Sur la seule année 2025, 93 journalistes ont été tués, dont 60 dans des zones de conflit, note l'organisation. Malgré les engagements internationaux visant à mettre fin à l'impunité pour les meurtres de journalistes, les poursuites judiciaires restent rares. Si des «progrès modestes» ont été réalisés, le taux d'impunité étant passé de 95 %, en 2012, à 85 %, en 2024, la plupart des auteurs de ces crimes restent impunis. Aujourd'hui, les journalistes sont confrontés à un spectre toujours plus large d'attaques - physiques, numériques et juridiques. Certains sont victimes de menaces qui les obligent à fuir leur foyer : depuis 2018, plus de 900 journalistes, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ont été contraints à l'exil. Le rapport révèle également une baisse de 10 % de la liberté d'expression dans le monde depuis 2012, «un niveau qui n'avait pas été atteint depuis des décennies», alertant sur l'«augmentation considérable» de l'autocensure parmi les journalistes, avec une hausse de 63 % sur la même période, à un rythme d'environ 5 % par an.
R. I.