
La lutte contre le chômage constitue un axe prioritaire de la politique économique du pays. «Avec les projections démographiques qui situent la population active à 26,3 millions en 2020 et 34,7 millions en 2040, affirme, dans une déclaration à El Moudjahid, Mohand Boulahrik, de l’université d’Alger, les pouvoirs publics doivent prendre les mesures nécessaires pour la diversification de l’économie, en vue de créer 350.000 à 400.000 nouveaux emplois productifs chaque année.»
L’objectif, indique-t-il, est de «répondre aux besoins d’une population active de plus en plus exigeante et aussi atteindre un taux de croissance économique réel de 9 ou 10% supérieur sur plusieurs années au taux démographique». Aux yeux de l’universitaire, les pouvoirs publics auront également à lutter, d’une part contre «l’aspect inégalitaire» du chômage qui accuse «d’importantes disparités» ; et d’autre part, soutenir, à court terme, la création d’emplois et de richesses dans tous les secteurs. Enchaînant, M. Boulahrik préconise une «réforme totale des institutions du marché du travail, notamment les dispositifs actuels de lutte contre le chômage, par l’ajustement à court terme des dispositifs d’aide à la création d’emploi et la révision complète des dispositifs d’aide à la création d’activité». En termes de propositions, l’universitaire ne voit aucun inconvénient de fusionner l’Ansej et l’Anem «en une institution de micro-finance unique qui devrait opérer de façon transparente et également ouverte au secteur privé».
Les trois autres agences, enchaîne l’universitaire, à savoir l’Anem, la Cnac et l’ADS, «doivent revenir à leurs missions initiales, qui sont le placement, l’assurance-chômage, et la lutte contre la précarité de l’emploi».
En 2018, l’analyse du rapport de l’ONS fait ressortir des disparités significatives selon l’âge, le niveau d’instruction et le diplôme obtenu. Un jeune sur trois est au chômage, et plus de deux filles sur cinq le sont.
Les personnes ayant un niveau supérieur sont sur-représentés parmi les chômeurs, une tendance qui se renforce au fil des années.
Les diplômés du supérieur constituent 27,9% des chômeurs, alors qu’ils ne représentent que 17,7% de la population active et 7,4% de la population en âge de travailler (16 ans et plus).
A ce sujet, Noureddine Bouderba, spécialiste des questions sociales affirme que «c’est l’abandon de la politique d’industrialisation du pays et l’aventure néo-libérale ponctuée de l’impasse actuelle, suite à la baisse du prix du pétrole, qui explique ce chômage qui repart à la hausse». Selon les déclarations officielles, 5 millions d’emplois auraient été créés entre 2009 et 2018. Or, indique-t-il, «l’analyse des rapports de l’ONS nous montre que le solde de l’emploi n’est que de 1 531 000 (1 531 millions) puisque le nombre de la population occupée est passé de 9,47 millions à 11 millions».
Par ailleurs, il convient de rappeler que le FMI avait relevé que la baisse de l’activité économique du pays devrait se poursuivre cette année, alors que le déficit du compte courant va se creuser en s’établissant à -16,6% du PIB en 2021 et le taux de chômage va enregistrer une hausse en 2020-2021.
Fouad Irnatene