
La 14e réunion ministérielle de l'Opep+, tenue jeudi, par vidéoconférence, s'est soldée par la décision du maintien des niveaux de production actuels pour le mois d'avril, à l'exception de la Russie et du Kazakhstan, tandis que l'Arabie saoudite poursuivra sa baisse volontaire supplémentaire de 1 million de barils par jour (Mbj), a indiqué le communiqué final de la réunion.
Co-présidée par le ministre de l'Energie saoudien, le prince Abdul Aziz bin Salman, et le vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, Alexander Novak, la réunion a souligné les contributions «positives» continues de la Déclaration de coopération (DoC) pour soutenir un rééquilibrage du marché mondial du pétrole conformément aux décisions «historiques» prises lors de la 10e réunion ministérielle du 12 avril 2020. Les ministres ont noté, «avec gratitude», l'importante réduction volontaire de l'offre supplémentaire opérée par l'Arabie saoudite, qui a pris effet le 1er février pour deux mois, ce qui a soutenu la stabilité du marché. Ils ont également félicité l'Arabie saoudite pour la prolongation des ajustements volontaires supplémentaires de 1 Mbj pour le mois d'avril 2021, «illustrant son leadership et démontrant son approche flexible et préventive», selon le communiqué final. Les ministres de l'Opep+ ont approuvé le maintien des niveaux de production actuels pour le mois d'avril, à l'exception de la Russie et du Kazakhstan, qui seront autorisés à augmenter la production de, respectivement, 130.000 et 20.000 barils par jour, «en raison de la poursuite des modes de consommation saisonnière». La réunion a examiné, par ailleurs, le rapport mensuel élaboré par le Comité technique mixte (JTC), y compris les données sur la production de pétrole brut pour le mois de février, soulignant la «performance positive» des pays participants, la conformité globale s'élevant à 103%. Selon le communiqué final, l'Opep et les pays non membres de l'Opep avaient retenu 2,3 milliards de barils de pétrole à la fin de janvier 2021, accélérant ainsi le rééquilibrage du marché pétrolier. A ce propos, la réunion a remercié tout particulièrement le Nigéria d'avoir atteint la pleine conformité en janvier 2021 et d'avoir compensé l'intégralité de ses volumes surproduits. Les participants ont remercié le ministre d'Etat aux Ressources pétrolières du Nigéria, Timipre Sylva, pour sa diplomatie de navette en tant qu'envoyé spécial du JMMC au Congo, en Guinée équatoriale, au Gabon et au Soudan du Sud pour discuter des questions relatives aux niveaux de conformité aux ajustements volontaires de production et à l'indemnisation de volumes surproduits. A cet égard, les ministres ont accepté la demande de plusieurs pays, qui n'ont pas encore achevé leur compensation, d'une prolongation de la période d'indemnisation jusqu'à fin juillet 2021. Le communiqué a exhorté tous les participants à parvenir à une pleine conformité, à compenser les insuffisances, à atteindre l'objectif de rééquilibrage du marché et à éviter des retards indus dans le processus. La réunion a observé qu'en décembre, les stocks des pays de l'OCDE avaient baissé pour le cinquième mois consécutif, tout en reconnaissant l'amélioration récente du sentiment du marché par l'acceptation et le déploiement de programmes de vaccination et de plans de relance supplémentaires dans les économies clés. Toutefois, la réunion a averti tous les pays participants de rester «vigilants et flexibles» compte tenu des conditions «incertaines» du marché, et de rester sur la voie qui avait été volontairement décidée et qui avait jusque-là donné ses fruits. La réunion s'est félicitée, en outre, de la nomination de Mohammed Al-Fares, ministre du pétrole du Koweït et du retour de Mohamed Arkab, ministre de l'énergie de l'Algérie. Les prochaines réunions du JMMC et des ministres de l'Opep et non-Opep sont prévues respectivement pour le 31 mars et le 1er avril 2021, ajoute le communiqué final.
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Porté par la prudence de l'Opep+ : Le pétrole gagne jusqu'à 5%
Les prix du pétrole se sont fortement appréciés jeudi, nourris par la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l'Opep+ de n'augmenter leur production que de manière marginale. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a grimpé de 4,17% à Londres par rapport à la clôture de la veille, à 66,74 dollars. Il a atteint dans la journée les 67,75 dollars, soit une hausse supérieure à 5%. Le baril américain de WTI pour avril a gagné 4,16% à 63,83 dollars, après avoir touché 64,86 dollars en séance, son plus haut depuis janvier 2020. «L'Opep+ a pris le marché par surprise en décidant de renouveler ses quotas et en indiquant qu'il préférait attendre que la reprise ait bien lieu plutôt que de l'anticiper», note Ann-Louise Hittle de Wood Mackenzie. «Le marché s'attendait à une forte hausse (de la production, ndlr), car la contraction de l'équilibre entre offre et demande est déjà évidente», poursuit l'experte, qui rappelle que les prix ont beaucoup augmenté depuis le début de l'année. Alors que les analystes envisageaient des divergences entre les deux poids lourds de l'alliance, la Russie et l'Arabie saoudite, la réunion a été bouclée en moins de trois heures et a débouché sur la décision de n'augmenter qu'à la marge la production d'or noir le mois prochain. Les niveaux de production de mars seront maintenus en avril avec des exemptions pour la Russie et le Kazakhstan, qui pourront augmenter leur offre de 150.000 barils quotidiens par jour. Ryadh maintiendra de son côté son retrait volontaire et supplémentaire d'un million de barils par jour le mois prochain. Malmenés en cours de séance asiatique, le Brent et le WTI avaient connu une première poussée après les propos des ministres saoudien et russe peu avant le deuxième sommet de l'année de l'Opep+, qui s'est déroulé par visioconférence. Le premier avait souligné «l'incertitude qui entoure le rythme de la reprise» économique et par ricochet celle de la demande d'or noir, quand le second, d'ordinaire plus favorable à un retour plus rapide de la production sur le marché, a concédé que «la propagation du coronavirus restait un problème majeur». Ce sont ensuite les termes de l'accord de l'Opep+ qui ont fait bondir les cours du brut au-delà de 5%.