
Le programme ambitieux d'investissements que sonatrach compte lancer entre 2024 et 2028 sera-t-il suffisant pour faire face à l'évolution de la demande en gaz naturel, sachant que les gisements sont largement sollicités ? En réponse à la question, l'expert en économie et finances Mahfoud Kaoubi indique qu’effectivement, la «demande est de plus en plus accrue en matière de gaz». Aussi, une sollicitation plus importante de la Sonatrach par ses partenaires et clients, principalement européens. Analysant cette situation, il ajoute que premièrement, le programme d'investissement dans le domaine du gaz de la Sonatrach est important par rapport aux investissements consacrés. Soulignant que aussi bien pour le «pétrole que pour le gaz, Sonatrach a affecté sur les trois ans un montant de 40 milliards de dollars en termes d'investissements». Ce montant est considéré comme un apport en fonds propres, donc, en ressources propres de la Sonatrach, qu'elle engage dans le cadre d'un programme d'investissement beaucoup plus important en matière de coûts, a-t-il analysé. Pourquoi ? selon lui, «en plus de cette somme d'investissements de 40 milliards de dollars, il faut rajouter les apports des partenaires de la Sonatrach, notamment des sociétés étrangères, mais aussi tous les financements qui pourraient être mobilisés au titre de crédits auprès des banques internationales et même algériennes». Concernant le gaz, une bonne partie des investissements va principalement à l'exploration et la production, mais concerne aussi tous les investissements dans le domaine de la récupération et la décarbonation, a-t-il précisé. L'objectif de la Sonatrach est de développer «nos ressources prouvées pour couvrir les besoins en matière de consommation nationale et exportations de plus de 12 ans». Mais là, si on parle de réserve de gaz naturel conventionnel uniquement, l'Algérie dispose de plus de 1520 milliards de mètres cubes qui sont prouvés et qui devraient couvrir les besoins sur les 10 années à venir, à raison de plus de 150.000 milliards de mètres cubes de production. A cela, il faut juste «rajouter les 27.000 milliards de mètres cubes de réserves en matière de gaz non conventionnel et qui pourrait éventuellement faire l'objet aussi de projets de partenariat dans le moyen terme ou même dans le court terme» et ce, pour «répondre à des besoins de plus en plus importants du marché international», a-t-il commenté. L'analyste estime que «ces investissements concernent effectivement l'amont pour augmenter nos réserves prouvées et nos capacités pouvant répondre aux besoins internationaux». Mais ça concerne aussi des «opérations de liquéfaction et, donc, de transformation de notre gaz sous la forme liquéfiée, en vue de répondre à une «mutation qui s'opère sur les marchés mondiaux, où la forme liquéfiée du gaz est en train de prendre une part de plus en plus importante», a-t-il analysé. Donc, certes nos installations en matière d'usine de liquéfaction permettent de couvrir les besoins en matière de transformation sur les années à venir, du moment que nos exploitations ne sont exploitées actuellement qu’autour de 55 à 60%, donc, avec un potentiel d'intégration et d'exploitation qui permet à la Sonatrach d'économiser des investissements directs sur la transformation. Cependant, dit-il, la question qui se pose, est celle relative à la flotte de transport, voire l'acquisition de méthaniers, afin de donner à la Sonatrach toutes les capacités en matière de transport de gaz liquéfié et ce, pour faire face à toute incertitude future. En conclusion, l'économiste estime que le programme est ambitieux et les dotations financières qui ont été affectées sont importantes. Mais dans tout cela, ce qu'il faut retenir de cet intérêt et cet engouement de plus en plus important de la part des compagnies étrangères qui veulent venir investir avec la Sonatrach, aussi bien dans l'amont que dans l'aval gazier. Donc, si on cite les compagnies internationales, nous avons ENI continental et les autres majors américains qui, depuis quelques mois, sont fréquents de plus en plus avec l’Algérie. D'autant, ces dernières sont en train de mûrir des opérations dans le domaine d'exploration et de la production du gaz. Ce qui dénote de toute la justesse, de tout l'intérêt et d'un avenir radieux pour la compagnie algérienne par rapport à d'autres opportunités du marché qui se présentent sur le court terme, a-t-il conclu.
Samia Boulahlib