Industrie : Faible financement des projets de recherche

Le ministre de l’Industrie est catégorique : la politique industrielle, qui se veut compétitive et performante, devra s’appuyer sur le génie algérien. Toutefois, la formation des diplômés, en industrie entre autres, est-elle compatible avec les exigences du marché ? Analysant cette relation dichotomique université-entreprise, Houria Ouchalal et Ouardia Hammoutene, de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou soulignent qu’«au-delà des discours récurrents, dans la réalité les activités scientifiques demeurent très loin de la sphère industrielle et ne trouvent souvent pas d’application». Ce cloisonnement entre les deux sphères, recherche scientifique et milieu productif, expliquent-elles, est «l’un des facteurs empêchant toute politique de développement et d’innovation technologiques et de croissance économique. Ceci s’explique par le fait que la politique nationale d’innovation souffre d’un manque de cohérence et d’une vision stratégique, de même, qu’elle se caractérise par trois facteurs de blocages». Le premier est d’ordre institutionnel. Les universitaires pointent du doigt «l’absence de visibilité des programmes de recherche-développement en termes d’innovation et d’impact direct sur l’environnement économique». Le deuxième a trait à la faiblesse de la demande par les entreprises publiques industrielles en recherche-développement et innovation. Le troisième, lui, est à la fois d’ordre organisationnel et institutionnel. Et renvoie, selon Mmes Ouchalal et Hammotene, au «manque d’efficacité dans les mécanismes de transfert des résultats des projets de recherche exécutés en vue de leur valorisation».
Dans leur analyse pour le compte de la Revue Economie &Management, les deux universitaires se prononcent pour «la reconsidération du rôle de l’Etat dans l’incitation à l’innovation en général, mais surtout dans l’organisation de l’environnement de la recherche scientifique, de l’innovation et du développement technologique au niveau du secteur industriel afin qu’il puisse transformer l’effort de recherche en innovation technologique». Ceci passe principalement, expliquent-elles, par «le développement d’une collaboration entre l’université et l’entreprise ainsi que par l’incitation de cette dernière à mobiliser un personnel compétent, créatif et engagé dans le processus d’appropriation et d’innovation technologique».
Pour les rédactrices de ce travail de fond, «l’innovation technologique ne peut exister et fonctionner sans la présence d’une politique industrielle qui la prend en charge. En absence d’une telle politique, ni l’entreprise publique ni l’entreprise privée ne peuvent voir leur efforts de R&D aboutir aux objectifs de productivité et donc de croissance escomptée».
A contrario des autres pays, souligne l’analyse, en Algérie, le financement des projets de recherche universitaire et industrielle est assuré par l’Etat. «Ce financement, commentent les universitaires, a malheureusement toujours été faible en termes absolus et relatifs. La mise en place de fonds purement publics ne pourrait à elle seule résoudre la faible contribution publique au financement de la recherche».
Fouad Irnatene

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