
De notre bureau d’Oran : Amel Saher
A la veille de la tenue du 7e Sommet des chefs d'État et de gouvernement du Forum des Pays Exportateurs de Gaz (GECF), devant se tenir à Alger du 29 février au 2 mars, les défis et enjeux sont bien connus, selon le professeur Senouci Benabou, enseignant à l’Ecole supérieure d’économie d’Oran, membre de l’AIG ( Association algérienne de l’industrie du gaz) et responsable de l’équipe de recherche «Energie, environnement et problématique du développement durable dans le Maghreb».
Dans un entretien accordé à El Moudjahid, ce chercheur spécialiste des questions énergétiques explique, éclaire et analyse les principaux enjeux et défis pour les Etats membres du forum ainsi que les attentes et craintes des grands pays consommateurs du gaz, à la lumière des derniers bouleversements géopolitiques survenus ces deux dernières années. De son point de vue, la promotion du gaz naturel figure en tête de ces défis. «Les participants se concentreront sur la promotion du gaz naturel comme source d'énergie viable et abordable qui répond aux objectifs de développement durable : Le gaz naturel peut jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs de développement durable ainsi que ceux des accords multilatéraux sur le climat. l’UE qui consommait 400 milliards de m3 a pris la décision, en février 2022, de considérer le gaz naturel comme une énergie durable, un label vert qui est décerné à cet énergie par l’UE. D’autre part, le BP Energy Outlook 2023 prévoit un scénario d’ici 2050 pour les pays développés, où la demande de gaz naturel sera inférieure d’environ 40% par rapport à 2019 en mode Accéléré et de 55% en mode Net Zéro, sachant que l’UE prévoit la neutralité carbone en 2050. A ce propos et selon ce scénario, le statut d’énergie durable accordé au gaz naturel prendra fin en 2050. Le même document est un peu optimiste pour la demande mondiale de gaz naturel en 2050 (p48) elle sera d’environ 20% supérieure à celle de 2019 et elle sera tirée par une utilisation croissante de la flamme bleue dans les pays émergents d’Asie et d’Afrique. Certainement les pays membre du FPEG auront tous ces éléments comme matière à discussion quant à la teneur des investissements qu’il faut prévoir en fonction de la future demande globale durant les 25 prochaines années», souligne notre interlocuteur. Il ajoute qu’au vu de ce qui vient d’être dit, le forum est amené à encourager un dialogue constructif entre les pays fournisseurs et les importateurs de gaz. «Les deux parties prenantes doivent tirer les leçons du passé récent où le prix du gaz sur le marché européen ( référence TTF néerlandais) a été multiplié par dix entre le début et la fin de l’année 2021; il est passé de 17 euro à 180 euros le mégawatt (le quotidien belge l’Echo du 21 décembre 2021). le 29 août 2022, le prix du gaz sur le marché PEG a atteint son record historique avec près de 300 euros par MWh. certes, le consommateur européen a été lésé et les gouvernements européens ont mis la main à la poche afin d’amortir le choc dans le cadre d’une politique énergétique qui combine une maîtrise de la demande d’énergie et des contrats de long terme ont été signés avec certains pays exportateurs de gaz, tels que l’Algérie et le Qatar» indique le Pr Benabou.
Pour ce dernier, ceci ne doit pas faire oublier que les pays exportateurs de gaz, dont ceux membres de l’FPEG, ont souffert de la chute du prix du gaz naturel sur le marché spot qui avait atteint son plus bas niveau entre août 2009 et janvier 2021, oscillant entre cinq et dix euros le million de BTU. «A ce moment-là, le marché spot était favorable aux pays importateurs de gaz. ces derniers exerçaient des pressions sur les sociétés et pays exportateurs de gaz, ils sont allés jusqu’à demander d’abandonner la vente par contrats, notamment les clauses Tak or Pays et celle relative à l’indexation du prix du gaz sur le prix de pétrole. Il me semble que l’enseignement principal qui peut être tiré de ces expériences vécues par les uns et les autres est d’approfondir le dialogue entre pays exportateurs et pays importateurs selon le principe «Win-Win», à défaut et si on envoie des mauvais signaux au marché, ce qui ce répercutera sur les projets d’investissement et, donc, à terme basés sur le prix du gaz naturel. La coopération entre les pays exportateurs de gaz peut contribuer à la stabilité des marchés énergétiques mondiaux», estime l’expert.
Le choix stratégique d’Alger pour abriter l’Institut sur les recherches gazières affilié au FPEG
L’Algérie, qui fait partie des membres fondateurs du forum des chefs d’Etat et de gouvernement des pays exportateurs de gaz, est considérée comme l’un des piliers de cette organisation intergouvernementale et au sein de laquelle elle assume un rôle central. De plus, l'Algérie a été choisie à l'unanimité lors du 6e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du GECF, qui s'est tenu en février 2022, à Doha (Qatar) pour accueillir le siège de l'Institut de recherche sur le gaz du GECF (GRI). Pour le Pr Beanabou, «l’Algérie peut être fière que le siège de l’Institut sur les recherches gazière affilié au FPEG soit à Algérie». Selon son directeur, cet institut apporte une valeur ajoutée pour le secteur, à travers la recherche de nouveaux outils technologiques permettant le développement de l'indus.
A. S.