Gaz naturel : Comment rationaliser la consommation

Quelles sont les mesures susceptibles d'être prises en vue de réduire l'effet de la consommation nationale de gaz naturel qui est en forte croissance, afin de préserver le niveau des exportations de cette énergie en Algérie ? En réponse à cette question, l'expert en économie, Ahmed Hidouci, a donné quelques précisions sur la politique gazière en Algérie, visant essentiellement à répondre à la demande nationale et à augmenter les exportations.

À ce titre, il a confirmé que "la consommation intérieure en gaz en Algérie augmente chaque année, et connaît une hausse de 1% à 2%", a-t-il ajouté. Selon lui, cette hausse devrait se poursuivre dans les années à venir, d'autant plus, souligne-t-il, que "la consommation nationale du gaz aura presque dépassé 50% de la production nationale".
Dans ce contexte, il indique que l'Algérie produit plus de 110 milliards de mètres cubes du gaz naturel, dont environ 50 % sont destinés à la consommation intérieure, le reste à l'exportation à l'étranger. Cependant, il estime que cette situation liée à la hausse du taux de croissance interne et de consommation intérieure du gaz d'année en année, affectera le montant des exportations de cette énergie, a-t-il analysé. Pour ce faire, l'analyste révèle les efforts importantes déployés par la compagnie pétrolière Sonatrach qui a "renforcé ces dernières années ses investissements à travers la stratégie gazière à l'horizon 2028, en vue d'augmenter les capacités de production et même d'exploration, ainsi que d'exploitation, et d'augmenter encore l'exportation", a-t-il commenté. D'autre part, il souligne que le gouvernement a tracé un ambitieux programme de développement des énergies renouvelables en Algérie, prévoyant de produire de l'électricité à partir de l'énergie solaire à travers un projet de production de 15.000 mégawatts d'énergie solaire photovoltaïque qui s'étalera jusqu'à 2035. Il a permis également, indique-t-il, la concrétisation d'un projet, qui a déjà débuté, d'environ 3.000 MWh au cours des deux dernières années.
Ainsi, il a été possible de "récupérer une grande quantité" de gaz, car la production de l'électricité, en Algérie, est tirée du gaz à 99 %", a-t-il expliqué. Donc, souligne-t-il, lorsque "l'électricité est produite avec l'énergie solaire, de grandes quantités sont récupérées et orientées directement vers l'exportation et ce, dans le cadre de la stratégie du gouvernement". A ce propos, il a mis en avant les efforts de l'Algérie pour s'adapter au contexte international et répondre en même temps à la demande nationale croissante en énergie qui repose sur une politique visant à protéger l'environnement et le développement durable. Toujours dans le cadre de cette stratégie, l'analyste aborde l'autre approche qui repose sur la réduction de la combustion du gaz pour la protection de l'environnement et l'implication dans cette politique gazière, à travers des accords internationaux qui limitent les émissions de carbone ou l'empreinte carbone, ce qui permettra également de récupérer des quantités importantes de gaz rejetées dans l'air et ainsi de les réinjecter sur les marchés, permettant d'augmenter la production du gaz dans les prochaines années.
Cet avis n'a pas été partagé par l'expert/conseiller fiscal agréé, Boubekeur Sellami. Ce dernier estime qu'"on n'a pas à réduire" la consommation interne juste pour satisfaire l'exportation. "L'exportation vient en deuxième position après la satisfaction du besoin et la demande interne, qui est l'axe principal de tout développement économique et social", a-t-il argué.
Cela ne veut pas dire aussi, poursuit-il, qu'il faut "abandonner l'exportation de cette matière qui alimente nos réserves de change nécessaires à nos importations". De ce fait, de l'avis de l'expert "On doit équilibrer entre les deux à travers la révision de notre politique de soutien des prix, afin de freiner le volume de la consommation de l'énergie, et atteindre un niveau rationnel de la demande et éviter le gaspillage. Il s'agit aussi d'imposer le surplus de consommation quand ça dépasse le seuil de tolérance (taxe d'efficacité énergétique, taxe de torchage... mais aussi de recourir à une politique de remplacement du gaz comme énergie pour certaines activités et zone où l'énergie renouvelable est moins coûteuse. Et enfin de recourir au modèle de constructions qui ne consomment pas beaucoup d'énergie en hiver et en été. Pour cela, il est nécessaire d'accorder des avantages et exonérations pour les consommateurs qui ne dépassent pas un volume déterminé et élargir et renforcer les capacités de production, a-t-il conclu.

Samia Boulahlib

Sur le même thème

Multimedia