Flambée des prix des hydrocarbures et des matières premières : «L’Algérie dispose de capacités de résilience financière»

La crise ukrainienne a provoqué une substantielle flambée des prix des hydrocarbures, mais a aussi fortement impacté le marché mondial des céréales, dont les prix ont flambé, à la grande déception des pays qui dépendent des céréales de l’Ukraine et de la Russie. L’Algérie est l’un de ces pays qui risqueraient de subir les répercussions de cette situation générée par le conflit entre ces deux pays, qui sont parmi les principaux producteurs et exportateurs de ces matières premières stratégiques, dont le blé, le maïs, le colza et le tournesol. Dans un rapport de plus de quarante pages, rendu public vendredi 11 mars, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a alerté sur la menace d’une crise alimentaire sans précédent du fait de la guerre en Ukraine.
Éclairage de l’enseignant d’économie à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, docteur Mohamed Achir.

Entretien réalisé par Bel Adrar

El Moudjahid : Quel est l'impact de l'augmentation des prix des hydrocarbures sur l'économie nationale, surtout quand on sait qu'il y a une flambée des matières premières stratégiques sur le marché mondial ?
Mohamed Achir : Je pense que cette augmentation va contribuer à l’amélioration des positions financières extérieures du pays, notamment l’équilibre de la balance des paiements, si le prix du baril dépasse la barre des 100 dollars pour cette année 2022, soit 50 milliards de dollars de recettes. On pourrait même enregistrer un léger excédent de la balance et renforcer le niveau des réserves de change. Cela, aussi, est conditionné par la maîtrise du niveau des importations des biens et services qui ne devrait pas dépasser les 40 milliards de dollars, fin 2022. Mais, nous ne pouvons pas contourner l’inflation mondiale qui touche quasiment tous les produits et services, surtout les céréales et produits alimentaires. La tonne du blé a vu son prix doubler, de 230 euros en moyenne en 2021 à environ 460 euros maintenant. Le conflit ukrainien a aggravé les effets de la crise sanitaire qui ont déjà perturbé largement les chaînes de valeur mondiale et provoqué une inflation importante. L’énergie et les coûts logistiques et de transport ont sensiblement augmenté, ce qui a provoqué une inflation importante des coûts. Les pays dont les économies sont moins intégrées et moins industrialisées vont être également impactés.

Quelles seront les conséquences de cette flambée vertigineuse des matières premières stratégiques sur les pays en voie de développement, dont l’Algérie ?
Les pays en voie de développement et dépendants des importations sont structurellement vulnérables et font face à de graves problèmes, surtout le chômage et l’inflation galopante, mais aussi la sécurité alimentaire dans le monde qui est de plus en plus problématique, surtout à cause du changement climatique, la sécheresse, les conflits armés et l’exode des populations. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) des Nations unies a tiré déjà la sonnette d’alarme concernant la sous-alimentation de plus de 800 millions de personnes dans le monde en 2020, et 25.000 personnes qui meurent chaque jour-nutrition (première cause de mortalité dans le monde). Les révoltes sociales peuvent être des conséquences inévitables dans plusieurs pays, qui ne sont pas solvables et dépendants de l’imploration des produits alimentaires. Contrairement à d’autres pays, l'Algérie, qui est classée par le FAO comme premier pays d’Afrique en termes de sécurité alimentaire, dispose des capacités de résilience financière lui permettant de faire face à cette crise.
B. A.

 

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